Maxime Prevot veut remettre la RDC à l’agenda européen: "On voit le M23 se comporter comme si le territoire était devenu leur État, ce n’est pas acceptable"dénonce le chef de la diplomatie Belge

Maxime Prevot
Maxime Prevot, MAE de la Belgique

Après son entretien avec le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi mardi 19 août 2025 à la Cité de l'Union Africaine, le VPM, ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et de la Coopération au développement Maxime Prévot s'engage à remettre la situation de la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC au menu de l'agenda de l'Union Européenne.

Quatre mois après sa première visite en RDC et dans le cadre d'une nouvelle visite, le Chef de la diplomatie Belge déplore le fait que depuis la prise des mesures entre février et mars dernier par l'Union Européenne contre le Rwanda et l'AFC/M23, les Européens semblent oublier la crise meurtrière dans l'Est de la République Démocratique du Congo.

"Moi, mon souhait c'est de pouvoir remettre la question de la situation humanitaire dramatique que nous connaissons à l'est du Congo à nouveau à l'agenda des futurs conseils européens des Affaires étrangères pour que ça ne soit pas finalement une situation passée sous silence au motif que l'initiative a été prise par les États-Unis d'Amérique et par le Qatar, les initiatives louables, les initiatives que nous soutenons parce-que nous voulons croire à la bonne foi de l'ensemble des parties qu'il s'agisse de la RDC et du Rwanda pour oeuvrer à une paix qui est indispensable à obtenir de manière rapide et durable à l'est du Congo et les Européens doivent rester vigilants sur cette situation", a déclaré le chef de la diplomatie Belge à une question relative au statu quo observé sur terrain en dépit des initiatives diplomatiques en cours.

Revenant sur le même sujet après échange avec Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, le Chef de la diplomatie Belge estime que les initiatives de Washington et de Doha ne doivent pas exonérer le rôle de la Belgique ou de l'Union Européenne à jouer dans le cadre de cette crise.

"Je suis chagriné que depuis les mesures édictées en février et mars derniers au niveau européen, la question du conflit dans l’Est du Congo n’anime plus guère nos débats. Je pense que c’est quelque chose que nous devons rectifier, le fait que Doha et Washington soient dans un processus qui implique le gouvernement congolais, les autorités rwandaises, le M23 ne doit pas exonérer les Européens de continuer de se mobiliser pour la crise humanitaire, indépendamment de la question politique mais à côté de celle-ci la crise humanitaire qui sévit à l'est du Congo et pour laquelle procurer les services de base essentiels l'accès à l'eau, à l'électricité, aux soins reste indispensable à procurer aux populations qui n'ont rien demandé d'être certainement pas la victime du conflit", a souligné le Chef de la diplomatie Belge.

Épinglant toujours l'absence des résultats escomptés sur le terrain en dépit des initiatives diplomatiques, Maxime Patrick Robert Albert Prévot dénonce le comportement de la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda qui se comporte désormais comme dans un État.

"Nous avons pu saluer comme il se doit les efforts réalisés par Washington et Doha pour pouvoir esquisser les pourtours d'une paix potentielle dont la population a besoin urgent mais manifestement il subsiste encore un grand décalage entre les intentions couchées sur papier et la réalité de terrain, le mois qui s'est écoulé depuis la signature est probablement l'un des mois les plus meurtriers depuis longtemps et ma crainte ce que fort de cette signature à Doha et à Washington, fort aussi du côté européen des sanctions qui avaient été prises à l'époque en février et mars on considère finalement que ce conflit n'est plus une priorité à l'agenda international, ce n'est pas acceptable", a dénoncé Maxime Patrick Robert Albert Prévot devant la presse.

Et de poursuivre :

"Il y a toujours trop des violences, trop des viols, trop de tués, il y a trop de problèmes humanitaires qui restent criants et je ne voudrais pas notamment du côté européen ou le conflit n'a plus été à l'ordre du jour depuis des nombreux mois de nos réunions du Conseil des ministres des Affaires Étrangères que ce conflit devienne oublier, il y a motif à avoir toujours d'énormes préoccupations par rapport à la situation à l'est du Congo ou on voit du reste le M23 s'installait, organiser sa propre administration, son propre appareil de justice, remplacer les chefs coutumiers, se comporter finalement comme si les territoires étaient devenus leur État, ce n'est pas acceptable, la Belgique a toujours été une grande défenderesse des principes de droit international en ce y compris évidemment de l'intégrité des territoires et la souveraineté des États, ce qui n'est actuellement pas du tout garantit ni respecté à l'est du Congo"


Au lendemain de l'occupation des villes de Goma et Bukavu par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, l'Union Européenne a joué un rôle important en vue de mettre la pression sur le Rwanda et l'AFC/M23. C'est dans ce cadre que les sanctions individuelles de l’Union Européenne contre des responsables rwandais sont tombées lundi 17 mars 2025. Elles visent des officiers de Rwanda defence force (RDF). Il s’agit de Ruki Karusisi, commandant des forces spéciales de la Force de défense du Rwanda (RDF), déployées dans l'est de la RDC.

Un autre officier, Eugène Nkubito, commandant de la 3e division de la Force de défense du Rwanda (RDF) est aussi sanctionné. Cette brigade est déployée dans l'est de la RDC et plus particulièrement dans la province du Nord-Kivu depuis août 2022. L’Union Européenne sanctionne aussi Pascal Muhizi, brigadier général de la RDF, commandant de la 2e division de la RDF, déployée dans l'est de la RDC depuis août 2023.

Dans les rangs de la rébellion du M23, l’UE sanctionne Bertrand Bisimwa, président du M23. Ce dernier est déjà sous sanctions de l’ONU. Désiré Rukomera, responsable du recrutement et de la propagande du M23 aussi sanctionné. La sanction vise aussi John Imani Nzenze, colonel au sein du mouvement. Jean-Bosco Nzabonimpa Mupenzi, chef adjoint des finances du M23. Et le chef de ce dernier, Jean Bahati Musanga est aussi sanctionné. Il a été le chargé des finances pendant plusieurs longtemps et actuellement il est gouverneur de l’administration érigé par la rébellion à Goma.

Ces personnes font l’objet des mesures restrictives prises ce jour par l’UE en raison de leurs rôles dans la déstabilisation de l’est de la RDC. Suite aux positions de la Belgique dans cette crise, le Rwanda avait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant Bruxelles de ne pas être neutre et en prenant position derrière la RDC.

Clément MUAMBA