Offensive du M23 sur Masisi-centre : MSF alerte sur l’afflux de blessés et de populations vers des structures de santé pour garantir leur sécurité

Depuis jeudi 2 janvier, le M23 a pris le contrôle de l'agglomération de Masisi Centre après une offensive, provoquant un déplacement massif des populations civiles. Selon l'ONU, en moins d’une semaine, plus de 102 000 personnes ont quitté leurs domiciles pour trouver refuge, pour la majorité, dans les structures de santé et dans les bureaux d'organisations humanitaires présentes dans la région. 

“Ces affrontements ont eu deux conséquences directes sur les structures médicales soutenues par Médecins Sans Frontières. La première, nous avons dû faire face à un afflux de blessés, qui ont été pris en charge, que ce soit à l'hôpital général de Masisi ou au centre de santé de référence de Nyabiondo. Ce, pour un nombre total de plus ou moins 75 blessés issus de combats”, explique Stephan Goetghebuer, chef de mission MSF en RDC. 

D’un autre côté, MSF souligne l'engouement des familles vers les structures de santé et annonce une évaluation de la situation humanitaire, y compris des besoins des populations en déplacement. 

“Comme nous l’avons observé régulièrement dans le passé, on peut dire que face à des fortes tensions, la population civile a tendance à trouver refuge dans l’enceinte même des formations de santé. Donc, pendant plusieurs jours à Masisi et un peu moins à Nyabiondo, les structures médicales ont hébergé plusieurs centaines de civils parfois avec leurs biens, qui viennent trouver refuge parce qu’ils savent qu’ils bénéficient d’une protection maximale dans ces endroits. (...) Bien sûr, nous allons pouvoir évaluer quelles sont les conséquences de ces combats sur le contexte humanitaire plus global, quel est le nombre des populations qui s’est déplacé suite au changement de contrôle de certains territoires, évaluer les besoins des populations, ce sont des questions possibles d'être évaluées avec la situation qui se calme”, a-t-il fait savoir. 

Il faut noter que la MONUSCO qualifie cette reprise des violences de « tournant tragique » pour la région, tout en appelant à un respect immédiat du cessez-le-feu et à la fin des hostilités.

Le M23, accusé par plusieurs rapports onusiens de bénéficier du soutien de forces extérieures, a récemment intensifié ses offensives dans le Nord-Kivu. Cette situation a entraîné une aggravation de la crise humanitaire, avec des milliers de déplacés confrontés à des conditions de vie précaires.

Les États-Unis et l’Union européenne ont également dénoncé les violations du cessez-le-feu et appelé le M23 à cesser immédiatement les hostilités. Ils ont exhorté le Rwanda à retirer ses forces militaires de la RDC, rappelant la nécessité de respecter les engagements pris dans le cadre du processus de Luanda.

Malgré la mise en place du Mécanisme de vérification ad hoc renforcé (MVA-R) en novembre 2024, sous la médiation de l’Angola, le processus de paix peine à produire des résultats concrets.

Prisca Lokale