FARDC-AFC/M23: toutes les parties au conflit ont procédé à des exécutions et le gouvernement a continué de s'appuyer sur les groupes armés wazalendo et FDLR comme forces supplétives (Rapport ONU)

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La guerre entre les rebelles de l’AFC/M23 et les forces gouvernementales a fait beaucoup de victimes estimées à plus de 4 000 morts, selon des sources, rien que pour la bataille de Goma. Un rapport du groupe d'experts des Nations-Unies publié mercredi 2 juillet et remis d’ailleurs au comité des sanctions de l'ONU indique que ces les deux parties ont toutes commis des exactions en représailles suite aux soupçons de soutenir des camps adverses.

Selon le même document, le gouvernement de la RDC a continué de s'appuyer sur les groupes armés de wazalendo et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) comme forces supplétives.

« Bien que les offensives de l'AFC/M23 et des FDR (Forces de défense rwandaise) aient décimé l'alliance FARDC-Wazalendo-FDLR, les groupes de wazalendo et des FDLR se sont réorganisés et se sont livrés à des attaques de représailles contre l'AFC/M23 et les FDR. Pour remédier au manque d'effectifs, le gouvernement de la RDC a accéléré le processus de recrutement et de formation de la Réserve armée de défense. Le pillage par l’AFC/M23 de matériel abandonné des FARDC a mis en évidence les faiblesses structurelles critiques de l’armée de la RDC, notamment la gestion des stocks », indique le rapport.

L'occupation militaire par l'AFC/M23 de centres urbains clés, dont Goma et Bukavu, a déclenché une recrudescence des violations graves du droit international des droits de l'homme et du droit humanitaire par toutes les parties au conflit.

« Des éléments de l'AFC/M23 et des FDR ont mené une campagne systématique de répression dans les zones occupées, notamment des exécutions extrajudiciaires, des arrestations arbitraires, des actes de torture, des disparitions forcées et des raids nocturnes sur des hôpitaux. Pendant ce temps, les combattants des FARDC et de wazalendo en retraite ont commis des pillages, des violences sexuelles et des meurtres à grande échelle. La réintégration des soldats des FARDC accusés de graves violations a renforcé l'impunité au sein des FARDC », dit déplore le groupe d'experts des Nations-Unies.

Et de poursuivre :

« Toutes les parties au conflit ont procédé à des exécutions en représailles, soupçonnées de collaboration avec la partie adverse. Les incidents de violences, notamment à Kinshasa, se sont multipliés après la prise de Goma par l'AFC/M23, ciblant des individus perçus comme soutenant l'AFC/M23 ou le Rwanda, souvent uniquement en raison de leur apparence physique ou de leur langue parlée ».

La rébellion de l'Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) renvoie au Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé actif dans le Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), qui a mené une insurrection entre avril et novembre 2013, et qui est réapparu avec des offensives en novembre 2021 soit deux ans après l'accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême (janvier 2019). Ce groupe  armé composé généralement des Tutsis, est constitué principalement d'anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés aux Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) mais qui se sont rebellés en 2012, estimant que le gouvernement congolais ne respectait pas les termes d'un accord de paix de 2009.

Contrairement aux précédentes conquêtes, cette fois-ci le mouvement rebelle proche de Kigali a fait croître son influence dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Ce mouvement rebelle occupe une grande partie des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Des initiatives de paix en cours pour tenter de trouver un accord avec Kinshasa n'ont pas encore donné des résultats escomptés malgré la signature de l'accord de Washington entre la RDC et le Rwanda.

Clément MUAMBA