12 ans après sa création, que reste-t-il de TRANSCO ?

Photo ACTUALITE.CD

La Société de Transport du Congo (TRANSCO) créée le 30 juin 2013 par le décret n° 13/001 de l’ancien premier ministre Matata Ponyo (2012-2016), a totalisé 12 ans d’existence. Cette entreprise publique de l’Etat, lancée après la dissolution de la société de Transport Urbain du Congo et de City-train, fait progressivement sa descente aux enfers.

Un cadre de cette société a expliqué à ACTUALITE.CD qu’il y a pas mal des problèmes qui rongent TRANSCO et qui expliquent son dysfonctionnement. Au nombre desquels la problématique du prix du ticket, initialement fixé à 500 FC devenu, selon lui, modique pour permettre à l’entreprise de réaliser des recettes afin de fonctionner normalement. 

« Chez TRANSCO, il y a plusieurs problèmes qui nous rongent actuellement, notamment l’inadéquation du prix fixé à 500 FC depuis 2013 jusqu'à aujourd'hui », s’est-il plaint.

En outre, notre source relate une situation calamiteuse que traverse la société censée assurer la mobilité des Congolais. TRASNCO n’est pas régulièrement subventionnée par l’Etat et l’indifférence de ce dernier face à un charroi automobile quasiment en panne fait défaut. Il appelle à un renouvellement du charroi automobile et à la régularisation des subventions, ainsi que d’autres avantages lui destinés pour un rebondissement. 

« Le manque des subventions régulières de la part des autorités gouvernementales, beaucoup de bus sont tombés en panne et l’Etat congolais n’intervient quasiment pas. Il faut le renouvellement du charroi automobile de TRANSCO, donner régulièrement les subventions et autres avantages pour qu’elle puisse fonctionner normalement », a-t-il proposé.

La raréfaction de longs bus et ses effets sur le portefeuille des Congolais   

A Kinshasa, en l’occurrence, voir passer les bus TRANSCO devient une question d’heure et de patience. Ce moyen de transport de l’Etat qui embarque plus de cent personnes sur la ligne Kingasani-Zando (grand marché de Kinshasa situé au centre-ville) notamment, n’existe plus sur plusieurs lignes des 33 tracées à sa création (30 juin 2013). C’est notamment les lignes Matete-Zando, Matete-UPN, Hopital maman Yemo-Mbudi, Bandal Tshibangu-ONATRA, Debonhomme-Kinkole. Cette raréfaction, couplée du phénomène dit demi-terrain, qui est le changement brusque des itinéraires préétablis, contraint ainsi les kinois à débourser plus d’argent que prévu  afin d’atteindre la destination. 

TRANSCO et la crise intestine  

Alors que le directeur général de TRANSCO et le président du conseil d’administration s’étaient livrés à des accusations mutuelles sur la gestion de ce portefeuille de l’Etat, à la base d’un climat malsain du travail, le ministre des Transports, Jean-Pierre Bemba, avait pris une décision, début février de l’année en cours, suspendant le DG Cyprien Mbere pour installer une direction intérimaire composée d’un directeur général et d’une directrice générale adjointe. Peu avant, le PCA de cette entreprise publique avait suspendu l’ex DG Mbere qu’il reprochait de plusieurs griefs relatifs à la gestion de TRANSCO. 

En 2020, soit six ans après sa création, l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) avait présenté les résultats d’étude d’évaluation de la gestion de TRANSCO concernant les recettes, les subventions de l’Etat en carburant ou encore la rémunération des agents et bien d’autres aspects. A cette époque-là, l’ODEP avait relevé que l’entreprise était bien loin de l’époque où elle exploitait 29 lignes sur le réseau urbain ordinaire de Kinshasa. « Aujourd’hui, moins de 100 bus sont en exploitation, sur les 500 bus acquis et les lignes ont sensiblement diminué se réduisant à une dizaine », dit l’ONG.

Elle avait également noté que la subvention mensuelle du gouvernement pour l’achat du carburant s’élevait à 22 100 USD par jour pour l’ensemble des véhicules. Toujours selon ses données, TRANSCO bénéficie de 80 000 litres de carburant et de lubrifiants chaque mois depuis sa création, soit 960 000 litres par an. Les recettes réalisées posent aussi problème. La société déclare mobiliser 89% de ses recettes à Kinshasa, soit une moyenne annuelle de 15 millions USD par an ; 1,7 millions USD pour le réseau interurbain, c’est-à-dire Kinshasa et les provinces. En se référant à ces chiffres, ODEP note une utilisation non rationnelle de carburant, « qui n’a aucun impact sur l’accroissement des recettes mensuelles de 1, 250 millions USD de 500 bus. Ce qui représente une réalisation de 2 500 USD par bus et par mois, soit 96 USD par jour ». Certains agents, cités par l’ODEP, ont déclaré verser entre 200.000 FC et 250.000 FC (123 USD), soit 3 198 USD par mois. « Ce qui représente une moyenne annuelle de 24 millions USD pour 400 bus mis en circulation. Ce qui démontre que les chiffres déclarés par TRANSCO ne sont ni crédibles, ni réalistes », ajoutait l’ODEP.

À sa création, l'État congolais avait TRANSCO d’un charroi automobile composé de 500 bus, dont 200 bus de marque égyptienne Tractafric Motors et  200 autres bus Mercedes-Benz. En 2019, la société avait commandé plusieurs dizaines de bus dont 50 bus Zhongtong pour notamment relier les provinces. Mais aujourd’hui, les bus TRANSCO sont rares, presque invisibles à Kinshasa.

Samyr LUKOMBO