Opération "Ndobo" : l'Assemblée provinciale de Kinshasa exige une approche plus humaine pour les mineurs et un respect de leurs droits

Quelques kuluna
Illustration. Quelques kulunas appréhendés à Kinshasa/Ph. ACTUALITE.CD

L'Assemblée provinciale de Kinshasa (APK) a salué le lancement de l'opération "Ndobo", initiée et pilotée par le gouvernement central pour lutter contre le banditisme urbain, communément appelé "Kuluna", qui s’est accru dans la ville-province de Kinshasa, siège des institutions. Lors de son discours à la clôture de la session ordinaire de septembre, lundi 30 décembre, Lévi Mbuta, président de cet organe délibérant, a plaidé pour l'humanisation de cette opération, notamment en ce qui concerne les mineurs.

"Nous saisissons cette circonstance solennelle pour remercier et encourager les autorités du pouvoir central pour avoir instauré l'opération Ndobo, laquelle permettra à la ville de Kinshasa de connaître une accalmie concernant l'insécurité provoquée par le terrorisme urbain causé par les jeunes égarés, j'ajoute, égarés, communément appelés 'Kulunas'. Au-delà de nos remerciements et encouragements, je lance un appel à l'autorité afin d'humaniser cette opération en tenant compte des droits de ces mineurs incarcérés dans des conditions infra-humaines, cela au nom du principe de la présomption d'innocence constitutionnellement garanti", a plaidé Lévi Mbuta, président de l'Assemblée provinciale de Kinshasa (APK).

Le numéro un de l'APK a également déploré le blocage des dossiers des mineurs au niveau des juridictions militaires, alors qu’ils devraient être transférés devant leurs juges naturels.

"Il sied de relever aussi le fait que des milliers de dossiers concernant ces mineurs d’âge, qui devraient logiquement être fixés devant les tribunaux pour enfants où siègent leurs juges naturels, traînent sans raison valable devant les tribunaux militaires de garnison", a fait remarquer Lévi Mbuta.

Il y a quelques semaines, le gouvernement avait lancé l’opération "Ndobo" (Ndlr : hameçon), visant à traquer les bandits urbains ("Kulunas") à Kinshasa, les arrêter et les traduire en justice par le biais d’une commission mixte regroupant la Police nationale congolaise, des hauts magistrats et d’autres acteurs sociaux. Selon le ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Constant Mutamba, les bandits urbains qui seront condamnés à mort seront transférés dans des prisons à l'intérieur du pays pour l'exécution de leur peine.

Cette opération n’est pas la première initiative gouvernementale dans la lutte contre le banditisme urbain à Kinshasa. En 2013, l’opération "Likofi" (Coup de poing) avait été lancée pour contrer ce phénomène, suivie plus récemment par l’opération "Panthère noire", menée sous la conduite de Peter Kazadi, alors vice-premier ministre de l’Intérieur. Cependant, ces initiatives n’ont pas donné les résultats escomptés, et le banditisme urbain continue de s’aggraver dans certains quartiers de la capitale.

Au-delà des mesures répressives, plusieurs observateurs estiment que le gouvernement doit s’attaquer aux causes profondes du banditisme urbain. Ils pointent notamment le manque de prise en charge adéquate de la jeunesse congolaise, qui se traduit par un désespoir socio-économique croissant. Une réponse durable à ce problème nécessiterait des investissements significatifs dans l’éducation, l’emploi et les infrastructures sociales, afin d’offrir de meilleures perspectives aux jeunes.

Clément MUAMBA