Goma : la société civile dénombre 82 incidents sécuritaires graves entre novembre et décembre et appelle à des actions immédiates

Félix Tshisekedi
Ville de Goma

La ville de Goma et ses environs font face à une situation sécuritaire très préoccupante. Entre le 1er novembre et le 18 décembre 2024, un total de 82 incidents majeurs ont été documentés, selon un rapport de la Coordination urbaine de la Société civile de Goma consulté par Actualité.cd. Ce bilan inquiétant attire l'attention sur la dégradation continue des conditions de vie dans cette région de l'Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Marrion Ngavho Kambale, président de cette structure citoyenne, souligne que les conséquences de la guerre, alimentée par des opérations militaires dans les territoires de Lubero, Masisi et Rutshuru, débordent des zones rurales pour plonger la ville de Goma dans le chaos. L'insécurité, les déplacements massifs de populations, la recrudescence des tracasseries, les assassinats ciblés et les kidnappings sont devenus le quotidien d'une population déjà fragilisée par la pauvreté, le chômage et une inflation galopante.

Le rapport publié ce mardi 24 décembre 2024 révèle que ces 82 incidents ne sont qu'une fraction des problèmes réels, certains quartiers n'étant pas couverts de manière exhaustive. Les zones les plus touchées à Goma incluent les quartiers Himbi, Ndosho, Katindo, Mabanga-Sud et Katoyi, où des incendies de maisons, des abus militaires, des tueries et des accidents de la route ont été signalés. À Karisimbi et dans d'autres quartiers, la violence, les attaques physiques, les vols nocturnes et les conflits fonciers s'ajoutent à la liste déjà sombre des problèmes.

Ces incidents témoignent d'une montée de l'instabilité sociale. Des cas de justice populaire révèlent une perte de confiance dans les institutions officielles, tandis que les crépitements incessants des armes renforcent un climat de terreur et de suspicion parmi la population. La spoliation des terres et les déguerpissements forcés aggravent davantage la situation, laissant de nombreuses familles sans abri.

Face à cette crise multiforme, la Société civile de Goma a émis des recommandations claires aux autorités nationales :

  • Remplacement des commandements militaires sur les lignes de front et renforcement des unités engagées contre les rebelles du M23.
  • Rétablissement de l'accès aux routes agricoles pour garantir l'approvisionnement des villes du Nord et du Sud-Kivu en denrées alimentaires.
  • Déclaration du Nord-Kivu comme province sinistrée afin de mobiliser des ressources supplémentaires en faveur des populations déplacées et affectées par la guerre.
  • Levée de l'état de siège, jugé inefficace, pour recentrer les efforts militaires sur les zones de combats stratégiques et rétablir une gestion civile des territoires.
  • Amélioration du contrôle des armes et renforcement des patrouilles diurnes et nocturnes.
  • Lutte contre la corruption, qualifiée d'anti-valeur dans la gestion publique.
  • Interdiction des boissons fortement alcoolisées pour limiter les comportements à risque dans un contexte déjà tendu.

Enfin, la Société civile appelle les habitants de Goma à renforcer leur solidarité et leur vigilance. 

Josué Mutanava, à Goma