Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, le 20 décembre, une nouvelle résolution prolongeant d’un an le mandat de la MONUSCO, la mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo. Si Kinshasa espérait des mesures plus fermes et explicites pour contrer les crises sécuritaires dans l’Est du pays, notamment face à la rébellion du M23, le texte final reste en deçà de ses attentes.
Le gouvernement congolais avait plaidé pour une posture robuste de la MONUSCO, insistant sur la nécessité de renforcer la collaboration avec les initiatives régionales comme la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC). Cette coopération devait, selon Kinshasa, inclure un partage accru d’informations, des appuis logistiques et techniques, voire du matériel militaire, conformément à la résolution 2746.
Kinshasa souhaitait également que le soutien de la MONUSCO aux processus de paix de Luanda et de Nairobi soit conditionné à des avancées mesurables et concrètes, notamment grâce à la mise en œuvre du Mécanisme de Vérification Ad Hoc renforcé et au respect strict du cessez-le-feu. En outre, la RDC demandait l’intégration de mécanismes solides pour surveiller et documenter les soutiens transfrontaliers aux groupes armés, ainsi qu’une condamnation explicite des violations commises par des acteurs régionaux, particulièrement le Rwanda.
Enfin, Kinshasa espérait que la résolution reconnaisse explicitement la présence de 4 000 soldats rwandais sur son territoire et condamne cette occupation qualifiée d’illégale par les autorités congolaises.
Adoptée à l’unanimité, la résolution proroge jusqu’au 20 décembre 2025 le mandat de la MONUSCO, avec un effectif maximum autorisé de 11 500 militaires, 600 observateurs, 443 policiers et 1 270 membres d’unités de police constituées. Toutefois, le texte reste prudent.
S’il se déclare "profondément préoccupé" par l’offensive du M23 dans le Nord-Kivu et par le soutien opérationnel apporté à ce groupe armé par des "forces extérieures d’un État voisin", il ne cite pas explicitement le Rwanda. Cette omission a suscité des critiques, notamment de la part des États-Unis, qui se sont dits "très déçus". Leur représentante a dénoncé un usage d’euphémismes qui, selon elle, affaiblit l’action de la MONUSCO et compromet les efforts humanitaires.
Le texte exige néanmoins que le M23 respecte le cessez-le-feu signé dans le cadre du processus de Luanda et se retire immédiatement des zones occupées. Il rappelle également la nécessité de mettre fin au soutien transfrontalier aux groupes armés et demande à toutes les parties de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC.
Le Conseil de sécurité a reconnu implicitement la présence de forces étrangères en RDC, qualifiant leur intervention de "non autorisée" et demandant leur retrait immédiat. Il s’est également inquiété de l’utilisation d’armements sophistiqués, comme des missiles sol-air, et des brouillages GPS dans les zones sous contrôle du M23, des pratiques qui, selon le Groupe d’experts de l’ONU, compliquent les opérations de la MONUSCO et menacent la sécurité des civils et des forces de maintien de la paix.
Si la résolution réaffirme son soutien aux processus de médiation régionale et condamne le soutien apporté au M23 et aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), elle reste en retrait sur les attentes congolaises. Pour Kinshasa, cette prudence diplomatique représente un demi-échec dans sa quête de reconnaissance claire de l’agression extérieure dont elle s’estime victime.
En dépit de ces frustrations, la prorogation du mandat de la MONUSCO ouvre la voie à de nouvelles discussions sur la collaboration entre la mission onusienne, les autorités congolaises et les initiatives régionales. Reste à savoir si les conditions de terrain permettront d’avancer vers une stabilisation durable de l’Est de la RDC, où plus de 252 groupes armés continuent d’opérer.