RDC-Komanda : l’église catholique condamne un « massacre ignoble des innocents » dans une province sous état de siège et interpelle les autorités

Illustration. Le corps d'une victime d'attaque des ADF à Beni
Illustration. Le corps d'une victime d'attaque des ADF à Beni

La Conférence Episcopale Nationale Congo (CENCO) a exprimé son « indignation » face à ce qu’il qualifie de « massacre odieux et ignoble des innocents », perpétré par les rebelles ADF dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet 2025, ayant occasionné la mort 43 morts, dont des fidèles de l’église catholique de Komanda, dans le territoire de d’Irumu, en Ituri, dans l’est de la RDC.

Dans un communiqué, la CENCO présente sa compassion aux familles éplorées, interpellant la responsabilité des autorités sécuritaires sur l’identité de ces assaillants qui écument plusieurs années durant dans la province de l’Ituri, pourtant sous état de siège, et où existe l’opération militaire conjointe « Shujaa » (FARDC-UPDF) avec à l’appui la présence pluri-décennale de la MONUSCO.

« Il est surprenant qu'après tant d'années de gravissimes tueries, les autorités compétentes en matière de sécurité ne parviennent toujours pas à identifier réellement les assaillants. Aucune explication plausible, à même de rassurer la population, n'a été donnée. D'aucun parle des ADF Islamistes, des terroristes ADF/MTM ISCAP? Ces tueurs en série ont-ils un cahier de charge? A qui profitent ces crimes perpétrés depuis plusieurs années sur des paisibles citoyens ? », s’interroge-t-elle.

Et de poursuivre : 

« Notre indignation est d'autant plus grande parce que ce énième massacre survient dans l'une des Provinces placées sous l'état de siège depuis plusieurs années, appuyé par la mutualisation des forces armées de la RD Congo (FARDC) et celles de l'Ouganda (UPDF), avec la présence pluri décennale de la Mission des Nations Unies pour le Maintien de la Paix (MONUSCO). Hélas, c'est paradoxalement dans ces Provinces que nous assistons continuellement aux massacres et aux enlèvements des personnes humaines. Fort malheureusement, ce fléau de violation récurrente de la vie humaine semble être un fait banal qui alimente simplement la chronique dans la presse tant locale qu'internationale ».

Dénonçant une énième gravissime violation de la dignité humaine, les prêtres de l’église exigent que les assaillants ADF soient désormais comptés comme faisant partie à association terroriste qui tue dans l’est de la RDC, tout en insistant sur la nécessité d’inclure la problématique des ADF dans leur initiative : pacte social pour le bien-vivre ensemble en RDC et dans la région des Grands-Lacs.

« Face à cette énième gravissime violation de la dignité humaine par des assaillants, non autrement identifiés que comme ADF Islamistes, une association terroriste à compter dans la constellation du nébuleux réseaux des groupes armés qui écument la partie Est de notre pays, nous insistons sur la nécessité de mettre en œuvre l'initiative conjointe CENCO/ECC du Pacte social qui pourrait aussi se pencher sur cette situation », envisage la CENCO, qui appelle Kinshasa à ouvrir une enquête aboutissant aux résultats afin justice soit faite.

Cette tragédie, à la base d’une onde de choc au pays, a suscité la réaction du pape Léon XIV : « Sa Sainteté le pape Léon XIV a appris avec consternation et profonde affliction l'attaque perpétrée contre la paroisse Bienheureuse-Anuarite de Komanda dans la province de l'Ituri, qui a causé la mort de plusieurs fidèles, rassemblés pour le culte », indique un télégramme du Vatican.

Outre les morts déplorés après ces attaques sanglantes, plusieurs autres personnes ont été blessées et d’autres encore emportées dans la forêt par les assaillants qui, ont dans leur opération, mis feu  sur des habitations et boutiques, aggravant une situation humanitaire déjà extrêmement préoccupante dans la province.

Cette attaque intervient alors que les Forces armées de la République Démocratique du Congo et l'armée Ougandaise mettent en exécution l'opération militaire conjointe Shujaa contre ces islamistes ADF. Ces massacres viennent une nouvelle fois de relancer le débat sur l'efficacité de cette opération initiée dans l'Est de de la RDC depuis maintenant près 4 ans.

Selon le dernier rapport du groupe d'experts des Nations-Unies, malgré son succès relatif dans l'élimination des dirigeants et des combattants des ADF, l'opération conjointe FARDC-UPDF Shujaa n'a pas permis de mettre un terme aux violences des ADF contre les civils dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Selon les experts de l'ONU, le déploiement supplémentaire des UPDF dans le sud du territoire de Lubero n'a pas ciblé les cellules ADF très actives dans le nord-ouest de Lubero. Profitant de la réduction de la présence des FARDC et concentrées sur l'escalade du conflit AFC/M23, les ADF ont poursuivi leurs opérations dans l'est du territoire de Beni, le nord-ouest du Lubero et dans le territoire d'Irumu.

Samyr LUKOMBO