État de siège: "tout n'est pas que mauvais", selon Peter Kazadi, qui évoque notamment l’identification "des infiltrés" dans les services comme point positif

Photo d'illustration
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Alors qu’un bon nombre de députés nationaux contestent le maintien de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri à cause de son "inefficacité" sur le terrain, d'autres, par contre, soutiennent encore cette décision. C'est le cas du député national Peter Kazadi Kankonde, qui a évoqué les avantages engrangés depuis la mise en place de cette décision.

Intervenant lundi 7 octobre lors de l'examen du projet de loi portant prorogation de cette mesure, l'élu de la circonscription électorale de Mont Amba, qui intervenait après ses collègues du Nord-Kivu et de l'Ituri, et se basant sur son passage à la tête du ministère de l'intérieur, sécurité, décentralisation et Affaires Coutumières est revenu sur les avantages de cette mesure d'exception.

"Je dis ceci pour rappeler aux amis qui ont parlé avant moi que tout n'est pas que mauvais, je vous ai dit que j'ai géré pendant une période la sécurité de ce pays, je peux vous rassurer chers collègues que l'état de siège contient aussi des points positifs. Parmi ces points positifs, nous avons compris combien nous avons été infiltrés parce qu'avant l'état de siège, nous avions beaucoup d'ennemis qui étaient parmi nos services et l'état de siège a permis à les déceler. Nous pouvons compter ça comme l'un des points positifs de l'état de siège" a déclaré Peter Kazadi.  

Outre cela, ce cadre du parti présidentiel évoque la résistance mise en place autour de la ville de Goma contre les assauts de la coalition M23-AFC-RDF.

"J'entends des gens dire que depuis que l'état de siège existe nous avons perdu plusieurs territoires. Vous avez raison mais n'oubliez pas que nous sommes victimes de l'agression rwandaise et qu'à chaque fois que le Rwanda décidait d'attaquer notre pays, il suffisait de deux semaines pour arriver à Goma. Aujourd'hui, nous comptons plus d'une année et, ce n'est pas une situation pour laquelle nous devons nous applaudir. Mais ça montre qu'il y a une volonté de résister au Rwanda et que nous devons continuer à faire confiance à notre armée et aux institutions donc au gouvernement de la République, qui prend cette mesure je pense que nous allons arriver au bout de cette agression étrangère ", a ajouté Peter Kazadi. 

Pour lui, cette décision n'était pas aussi facile à prendre pour Félix Tshisekedi avec comme objectif de rétablir et restaurer l'autorité de l'État.

"J'ai suivi avec intérêt les interventions de nos collègues qui n'ont pas dit que des mauvaises choses et je comprends lorsqu'ils parlent, c'est dans leur chair qu'ils parlent, ils sont ressortissants de ce coin du pays, ils ont des familles qui y vivent, ils ont des intérêts sur place mais cela ne nous laisse pas indifférent nous qui ne sommes pas ressortissants de ce coin. La mesure de l'instauration de l'état de siège n'a pas été prise de bon cœur, cette mesure n'a pas été prise pour enrichir des gens quand bien même la pratique sur terrain peut révéler qu'il y en a qui en tirent profit et qui se font de l'argent ", a expliqué Peter Kazadi. 

Et de poursuivre :

"Cette mesure a été prise par le Chef de l'État pour soulager nos populations de ce coin parce que à son niveau le chef agit, prend des décisions en fonction des renseignements, je dis renseignement ce qui est différent d'information. C'est donc sur base des renseignements à sa disposition que le Président de la République a pris cette mesure malgré lui, en prenant la mesure il en connaissait les conséquences. La première conséquence c'est la restriction de la liberté de nos compatriotes alors que nous nous sommes battus depuis des années pour que la liberté de chacun soit garantie mais en prenant cette mesure c'est comme qui dit un enfant malade on lui administre une piqûre ça lui fait mal mais c'est pour sauver"

Tous les élus locaux et acteurs de la société civile sont unanimes : l'état de siège n'a pas donné les résultats attendus. Les groupes armés se sont multipliés et, pire encore, la rébellion du M23, défaite en 2013, a ressurgi en novembre 2021. Aujourd'hui, le M23 occupe de vastes zones dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et Lubero.

L'état de siège, proclamé en mai 2021 par le président Félix Tshisekedi, visait à permettre à l'armée de lutter efficacement contre les forces négatives en Ituri et au Nord-Kivu. Malgré l'annonce d'un "allègement progressif" de cette mesure en octobre 2023, aucune avancée significative n'a été enregistrée depuis.

Clément MUAMBA