A l’Unikin, ce qui explique la faible demande de relogement dans les homes rénovés

Photo/ Droits tiers
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Déguerpis début 2020, les étudiants de l’Université de Kinshasa logent dans les homes. Ces derniers, complètement rénovés, ont été officiellement remis à la disposition des étudiants en janvier dernier. Mais près de huit mois après, un constat saute aux yeux : la faible présence des étudiants dans ces installations. La raison ? Les conditions d’accès ont été durcies. Décryptage

Le 19 janvier 2024 a eu lieu la cérémonie de réouverture des homes à l’Unikin. Impatients d’y retourner durant ces quatre dernières années, les étudiants sont curieusement aujourd’hui contraints de rester loin de ces installations. Ce qui est sûr, l’effectif actuel dans l’ensemble de bâtiments est loin de refléter l’affluence d’antan. La réhabilitation terminée, des nouvelles mesures ont aussi été mises en place. Il faut satisfaire aux nouvelles conditions afin de bénéficier de ces dortoirs, qui ont revêtu leur plus belle robe. 

Parmi les conditions - dont la majorité n’était pas d’application avant - : il faut avoir payé les frais académiques. Les frais de logement ont surtout été majorés. Ils reviennent désormais à 240 dollars américain soit 20 usd le mois contre 30 Usd annuel avant. Bien plus, ces frais se payaient d’un seul coup et, ce n’est qu’il y a trois mois que la possibilité de payer 120 usd pour six mois a été accordée aux étudiants. 

« Avant, les étudiants payaient maximum 50$ [annuel, ndlr] pour loger dans les homes. Mais c’était quel type de home ? Avec combien d’étudiants par chambre et quelles installations ? Actuellement, l’étudiant n’a besoin d’apporter que sa valise. Tout a été modernisé, et la sécurité renforcée », confie un des responsables d’un bâtiment. Toutefois, celui-ci explique que “les frais académiques ont été fixés en retard” pour l’année en cours, ce qui n’a pas permis à plusieurs étudiants de payer à temps. 

Village Maluku, l’alternative 

Pour quelques raisons “évidentes”, certains étudiants ont accepté de se plier à ces conditions. Ils résident dans les homes et disent être contents. « Les conditions actuelles au home sont passables qu'avant,  bien que nous soyons logés dans une chambre avec 4 étudiantes et de promotions et facultés confondues. Ce qui pose problème. J'ai choisi le home puisque je n'avais pas de choix vu la distance de notre maison, et aussi parce que c'est ma dernière année. Nous ne sommes pas assez nombreux dans les blocs de logement. Certaines chambres et d'autres rangs du couloir des chambres sont vides à cause des conditions », explique une étudiante finaliste en médecine. 

Les étudiants qui ne peuvent pas résider dans les homes ont trouvé eux-mêmes l’alternative : Village Maluku. C’est des habitations situées dans le quartier Kindele en face de la porte principale de l’Unikin (Trafic). Ici, les étudiants déboursent entre 20 et 30 dollars américains le mois pour louer une maison. La garantie locative est généralement de 3 mois. Il y a même des étudiants qui se mettent à 2 voire 3 pour louer ensemble, se partageant ainsi équitablement le loyer. 

« Nous avons toujours voulu les homes. Mais les conditions pour y résider n’ont pas motivé nos parents. 240$ plus les frais académiques, ce n’est pas facile à sortir, surtout quand on est enfant d’un fonctionnaire.  Nous demandons aux autorités de revoir ces conditions pour nous donner la possibilité d’y loger. Dans le souci d'être tout près de l’Université, nous avons choisi de résider ici au village Maluku bien que les conditions de vie soient aussi difficiles », nous confient deux étudiants qui louent ensemble dont l’un est en L1 et l’autre en L2 Economie (LMD). 

Deux autres étudiants inscrits en L2 faculté des sciences et qui se partagent un même local au village Maluku évoquent également leurs conditions de vie sur place. Ils disent notamment être libres de leur mouvement. « Nous sommes libres bien qu' on ferme souvent la porte à 23 heures. Les amis peuvent nous rendre visite, alors que ce n’est pas le cas dans les homes actuellement », font-ils constater, soulignant qu’ils ne préfèrent pas payer 240$ l’an et continuer à résider jusqu’à 4 personnes dans les chambres. 

« Nous voulons que les prix soient revus à la baisse pour nous permettre d’y retourner. Tant que ce ne sera pas fait, nous sera impossible de revenir dans les homes. Nous avons l’impression que ces homes appartenaient à un privé et non à l’Etat, au regard de toutes ces conditions », ajoutent deux autres étudiants habitants le même village. 

Notons qu’il existe aussi une autre catégorie d’étudiants, bien que minoritaires, qui sont ni dans les homes ni au village Maluku moins encore dans leurs familles. Ils ont choisi de louer dans les parages de l’Unikin dans des maisons qui présentent des conditions mieux que celles du village Maluku. Mais sont obligés de débourser 5 ou 10 dollars de plus pour payer le loyer. La principale demande des étudiants reste la révision du prix à payer pour loger dans les homes afin de profiter de ces dortoirs qui offrent de bonnes conditions d’études. 

Abischag Ngolomba