RDC : Plus de 100 millions USD seront injectés à Kananga pour construire une nouvelle usine qui fournira près de 100 000 m³ d'eau par jour

Une source d'eau au quartier Lumumba 1er à Kananga
Une source d'eau au quartier Lumumba 1er à Kananga

La Regideso S.A., établissement public congolais chargé de la distribution d’eau potable sur l’ensemble du territoire national, autant en zone urbaine qu’en zone rurale, peine à jouer convenablement son rôle dans la desserte d'eau potable dans la province du Kasaï-Central. Intervenant mardi 24 décembre 2024 lors d'un briefing presse en marge de la visite de Félix Tshisekedi dans cette province, Teddy Lwamba, ministre des Ressources Hydrauliques et Électricité, est revenu sur les difficultés et solutions envisagées.

"Nous sommes dans une région, comme évoqué par le ministre d'État, ministre des Infrastructures et Travaux Publics, qui est sujette à des érosions, ce qui fait que le réseau de distribution du circuit hydraulique est fortement affecté. Mais nous sommes en train de déployer des efforts considérables avec la Regideso. Le plus grand problème reste celui du captage d'eau. Nous avons un plan de captage qui se retrouve inondé chaque fois que nous entrons dans la saison des pluies, ce qui cause encore plus de problèmes. Il faut trouver des mesures palliatives, mais aussi résoudre le problème du réseau d'adduction en eau qui n'est pas très développé", a décrit le ministre de tutelle, Teddy Lwamba.

Abordant les efforts en cours, Teddy Lwamba a évoqué la finalisation d'un financement pour améliorer la desserte en eau potable dans cette province située au centre de la République Démocratique du Congo.

"L'avantage ici est que, grâce aux partenaires techniques et financiers, nous avons pu obtenir un accompagnement de l'ordre de 100 millions USD pour la construction d'une usine de traitement d'eau qui fournira près de 100 000 m³ d'eau par jour. L'avantage sera que la population aura accès à une desserte en eau potable. En outre, un réseau d'adduction de 250 kilomètres sera ajouté dans la ville, ce qui prouve que dès le début de l'année 2025, des solutions concrètes et structurantes seront mises en place dans ce secteur", a ajouté le ministre.

En complément, David Tshilumba Mutombo, DG de la Regideso S.A., a précisé qu'il s'agissait de l'un des vastes projets de cette province depuis 1960.

"Je crois que depuis l'indépendance, c'est le plus grand projet que cette province connaîtra dans le secteur de l'eau. Nous allons investir plus de 160 millions USD dans la ville de Kananga entre mai ou juin 2025. Nous allons inviter le Président de la République à venir lancer les travaux ici. Nous avons pris plus de deux ans pour finaliser les études. Aujourd'hui, nous sélectionnons le prestataire qui exécutera les travaux. Ce projet, financé en partenariat avec la Banque mondiale, sera l'un des plus grands que cette province ait jamais connus", a-t-il insisté .

Construction d'une nouvelle centrale hydroélectrique

Selon le DG, il n'y a pas d'eau sans énergie, d'où la nécessité de construire une nouvelle centrale hydroélectrique.

"Je rappelle à tout le monde qu'il n'y a pas d'eau sans énergie, et la ville de Kananga n'a pas d'eau parce qu'elle n'a pas d'énergie. Nous, à la Regideso, envoyons un peu de carburant chaque mois pour alimenter la ville en eau potable. C'est pourquoi vous avez de l'eau seulement quelques heures par jour. Le carburant coûte extrêmement cher et les recettes de la ville sont insuffisantes. Nous avons intégré dans ce projet la construction d'une centrale hydroélectrique dédiée à la Regideso. Cette centrale de 8,4 mégawatts sera financée par la Regideso en partenariat avec des acteurs congolais. Nous pensons que nous lancerons ce projet en mai ou juin 2025, en même temps que l'usine d'eau", a expliqué le DG.

Il a poursuivi :

"Ce projet de 8,4 mégawatts ne coûtera pas plus de 40 millions USD. La Banque mondiale a garanti qu'elle financera la ligne qui transportera l'énergie de la centrale hydroélectrique vers l'usine de traitement d'eau, ce qui réduira les coûts. En plus, nous construirons des réservoirs d'une capacité de 1 000 à 2 000 m³ par commune dans la ville de Kananga. La ville compte cinq communes urbaines. Chaque commune aura un réservoir. Le plus grand réservoir actuel, situé au centre-ville, contient 600 m³. Nous installerons des réservoirs d'une capacité de 2 000 m³ dans chaque commune."

Reconstruction du réseau de distribution d'eau

Par ailleurs, la Regideso S.A. envisage de reconstruire un nouveau réseau de distribution d'eau en prévision de la construction de la nouvelle centrale hydroélectrique.

"En plus de cela, nous allons refaire le réseau de distribution d'eau. Construire l'usine est une chose, mais si l'eau n'arrive pas jusqu'aux consommateurs, cela ne sert à rien. Il faut refaire le réseau, car l'ancien réseau a été détruit par les érosions. Nous allons installer un nouveau réseau de 250 à 300 kilomètres de tuyaux dans cette ville, incluant le réseau primaire, secondaire, etc. C'est le plus grand projet de développement que cette ville ait jamais connu", a conclu le DG.

La desserte en eau potable dans cette partie du pays reste un luxe au regard de l'incapacité des autorités à répondre à ce besoin. Lors du meeting de Félix Tshisekedi, la population de Kananga a rappelé au Chef de l'État la nécessité de respecter ses engagements de campagne : fournir de l'eau potable, de l'électricité et construire des routes d'intérêt général.

Clément Muamba