La province du Kasaï-Central, comme l'ensemble de l'espace Grand Kasaï, est frappée par le manque d’électricité depuis plusieurs années. Pour pallier cette situation, le gouvernement mise sur deux solutions : d’une part, la construction du barrage sur les Chutes Mbombo, et d’autre part, l'opérationnalisation de la Centrale Hydroélectrique de Katende.
"Le projet de Katende est un projet qui a pris beaucoup d'années pour sa réalisation. C'est un projet financé par le gouvernement indien via EximBank, mais qui a malheureusement connu pratiquement huit années d'arrêt. Une résolution a été prise, et d'ailleurs adoptée en Conseil des ministres vendredi dernier, pour financer entièrement la Centrale, tant au niveau du génie civil que de la ligne d'électricité jusqu'à Mbuji-Mayi, sur fonds propres. Nous avons décidé de poursuivre les travaux de génie civil. Aujourd'hui, 45 % des travaux ont déjà été exécutés", a expliqué Teddy Lwamba, ministre des Ressources Hydrauliques et Électricité, mardi 24 décembre 2024, lors d'un briefing presse avec ses collègues du gouvernement, en marge de la visite de Félix Tshisekedi à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï-Central.
Avant la reprise des travaux, le gouvernement procèdera à un inventaire des matériels disponibles et prendra des dispositions financières pour remplacer ceux endommagés pendant cette longue période d'inactivité.
"Il y a pratiquement plus de 120 tonnes de matériels sur la ligne de Lubumbashi jusqu'au site de Katende, représentant environ 103 conteneurs laissés ainsi pendant huit ans. Ces matériels seront d'abord réévalués, et un nouvel accompagnement financier, provenant des fonds publics, sera mis en place. Dès le lancement des travaux, l'objectif sera d'abord d'achever les travaux de génie civil tout en phasant la solution. Nous avons réparti cette phase en trois étapes : d'abord, une production de 16 mégawatts prévue sur 24 mois ; ensuite, une ligne de transport en 132 kilovolts qui reliera la Centrale de Katende à Kananga sur 76 kilomètres ; enfin, un raccordement de 18 000 abonnés au réseau de distribution", a précisé le ministre de tutelle.
Une desserte améliorée pour Kananga
Selon Teddy Lwamba, la mise en service de cette centrale hydroélectrique améliorera considérablement le taux de desserte en électricité dans la province du Kasaï-Central.
"Kananga est une ville qui a besoin de 17 mégawatts, mais qui est actuellement desservie par un maximum de 1,6 mégawatt. Cela correspond à trois unités de 800 KVA utilisées par la SNEL, fonctionnant parfois seulement huit heures par jour. Avec les 16 mégawatts supplémentaires et les 1,6 mégawatt existants, à l’horizon de 24 mois, nous serons déjà en mesure de fournir de l’électricité à l'essentiel de la ville", a ajouté le ministre.
Recours au Fonds minier pour les générations futures (FOMIN)
Interrogé sur les garanties que ce projet ne sera pas abandonné en chemin, Teddy Lwamba a expliqué :
"La garantie repose sur un concept simple : le gouvernement central a décidé de recourir au FOMIN (Fonds Minier pour les Générations Futures). L'idée est de se demander quel est le futur de la population. Le futur se bâtit maintenant. On ne peut pas garder des fonds en réserve tout en ayant une centrale inutilisée qui compromet l’avenir d’une partie de la population. Nous avons convaincu qu’il fallait utiliser ces fonds pour garantir le futur de la population du Kasaï-Central. Cette vision a été acceptée, et le gouvernement s’est engagé à apporter une solution. Avant notre déplacement à Kananga, nous avions réuni toutes les parties prenantes. Je reviendrai ici dès janvier pour le lancement effectif des travaux, car toutes les conditions sont réunies pour avancer", a révélé le ministre.
Kananga, Mbuji-Mayi et Tshimbulu concernées par la première phase
La première phase du projet vise à desservir les villes de Kananga, Mbuji-Mayi et Tshimbulu, renforçant ainsi l’accès à l’électricité dans cette région longtemps délaissée.
"Dans 24 mois, nous aurons la couverture de la ville de Kananga avec 16 mégawatts. Après ces 24 mois, il y aura la continuité de la ligne : une autre ligne partira de Katende à Bukonde en 33 kilovolts, qui desservira la zone avec 2 mégawatts. Il y aura aussi une ligne allant de Katende à Tshimbulu, puis de Tshimbulu à Mbuji-Mayi, sur une distance de 170 kilomètres. Sur la base de cette nouvelle ligne, 32 mégawatts supplémentaires seront injectés. Ces 32 mégawatts couvriront pratiquement 24 000 ménages raccordés à Mbuji-Mayi. L'avantage, c'est que les équipements électromécaniques sont déjà sur place. Nous n'allons pas chercher les machines ailleurs : elles sont déjà disponibles. Il suffit d’achever les travaux de génie civil, d’aménager les caveaux et de commencer à travailler sur la ligne. Il s'agit de 170 kilomètres, plus 70 kilomètres, soit plus de 200 kilomètres de lignes qui seront exécutées", a rassuré Teddy Lwamba.
La relance de la centrale hydroélectrique de Katende est un dossier récurrent dans les discussions gouvernementales. Déjà abordée lors de la 82ᵉ réunion du Conseil des ministres en janvier 2023, l’option d’un financement supplémentaire de 188 millions USD avait été évoquée avec Exim Bank Inde. Toutefois, ces démarches n’ont pas permis de relancer les travaux. Durant ce second mandat de Félix Tshisekedi, le gouvernement s'emploie à finaliser et rendre opérationnelle cette centrale hydroélectrique.
Clément MUAMBA