CAF Awards 2024: « J’espère que mon cheminement encouragera les jeunes joueuses et entraîneuses d'Afrique à aller au bout de leurs rêves ». (Lamia Boumehdi)

Photo/ droits tiers
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Lamia Boumehdi, l'entraîneuse marocaine du TP Mazembe, a été sacrée meilleure entraîneure féminine d'Afrique lors des CAF Awards 2024, qui se sont tenus à Marrakech. Cette récompense vient couronner une année exceptionnelle pour la technicienne, qui a mené son équipe à la victoire en Ligue des champions féminine de la CAF en novembre dernier, en battant l'AS FAR Rabat en finale, mais également en remportant le championnat féminin de la République Démocratique du Congo avec le TP Mazembe.
Lors d’une interview accordée au DeskFemme d’Actualité.cd, elle a exprimé sa joie et sa fierté de représenter toutes les femmes entraîneurs africaines. Elle a également souligné l'importance de cette double victoire pour le développement du football féminin en RDC.

Madame Lamia Boumehdi, vous avez été récompensée en tant que Coach Sportive Féminine de l'Année 2024 par la Confédération Africaine de Football. Que représente pour vous ce geste ?

Lamia Boumehdi : Je suis très fière et très contente de remporter le trophée de meilleure coach de football féminin en Afrique. C’est une grande reconnaissance, et je le vois aussi comme un honneur pour toutes les femmes entraîneurs africaines. Cette victoire est aussi le fruit du travail collectif au sein du TP Mazembe, qui a gagné deux trophées : meilleure équipe et meilleure coach. J’espère que ces deux trophées seront un point de départ pour bien développer le football féminin en République Démocratique du Congo.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours dans le coaching sportif et ce qui vous a inspirée à vous spécialiser dans le coaching sportif féminin ?

Lamia Boumehdi : Avant d’être coach, j’étais une joueuse professionnelle dans l’équipe nationale du Maroc. J’ai joué pendant 10 ans et j’étais capitaine de l’équipe. À l’âge de 26 ans, une grave blessure m’a contrainte à arrêter le football. Cependant, cette expérience m’a poussée à me reconvertir en entraîneur. J’ai fait mes études en Allemagne et obtenu ma licence A de la CAF. J’ai commencé ma carrière d'entraîneur avec l’équipe du Wydad AC de Casablanca, avant de travailler pendant 6 ans avec les équipes nationales du Maroc. J’étais responsable de la formation des jeunes joueuses au Centre national des équipes nationales du Maroc. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de rejoindre le TP Mazembe.

Quel a été, selon vous, l’élément clé de votre réussite en tant qu’entraîneur de sport féminin sur le continent africain ?

Lamia Boumehdi : La clé de la réussite, c’est le travail collectif. C’est la confiance de tous ceux et celles qui ont cru en moi, m’ont soutenue et m’ont donné tous les moyens nécessaires pour atteindre notre objectif, qui était de remporter la Ligue des champions. Le soutien de mon équipe, des dirigeants, et de toute l’organisation a été déterminant pour cette victoire.

Quels sont les défis spécifiques auxquels vous avez été confrontée en tant que coach féminine, et comment les avez-vous surmontés ?

Lamia Boumehdi : En tant que femme, trouver une place dans un univers qui a longtemps été dominé par les hommes n’a pas été facile. Quand un homme travaille une fois, une femme doit travailler dix fois plus pour prouver qu’elle est capable. C’est un défi constant, mais la persévérance et la passion m’ont permis de surmonter ces obstacles. Il faut être plus forte, plus déterminée pour obtenir la reconnaissance.

L’accessibilité au sport pour les femmes est encore un enjeu dans plusieurs pays africains. Comment avez-vous contribué à changer cette dynamique et à encourager plus de jeunes filles à se lancer dans le sport ?

Lamia Boumehdi : En Afrique, il n’est pas toujours facile de voir une femme jouer au football, surtout dans certains pays musulmans. Moi, je n’ai jamais baissé les bras. J’ai franchi toutes les barrières et maintenant, en tant que coach, je suis un modèle pour toutes les jeunes joueuses et les femmes coach. À elles, je dis : ne baissez jamais les bras. Rêvez, travaillez dur et allez jusqu’au bout de vos ambitions.

Le football féminin, comme beaucoup d'autres sports, connaît une croissance rapide en Afrique. Quelles sont, selon vous, les étapes nécessaires pour pérenniser et renforcer cette dynamique, notamment à travers la formation de nouvelles générations d’entraîneurs femmes ?

Lamia Boumehdi : La CAF est déjà en train de développer le football féminin, mais il est nécessaire d’ajouter davantage de formations spécifiques pour les entraîneuses. La formation continue est essentielle, non seulement pour les joueuses, mais aussi pour les entraîneurs, afin de garantir un développement durable et de qualité. Il est crucial de préparer les générations futures de coachs femmes afin qu'elles puissent prendre la relève et contribuer au rayonnement du football féminin africain.

Vous êtes désormais un modèle pour de nombreuses jeunes filles africaines rêvant de faire carrière dans le sport. Quel message souhaitez-vous transmettre à celles qui veulent suivre vos pas ?

Lamia Boumehdi : À toutes les jeunes filles africaines qui rêvent de faire carrière dans le sport, je dis : "N’abandonnez jamais." Peu importe d’où vous venez ou les obstacles que vous rencontrez, avec de la détermination et du travail, tout est possible. Vous devez croire en vous, ne jamais avoir peur de poursuivre vos rêves et d'oser franchir les limites. Soyez audacieuses, et sachez que vous pouvez changer le monde à votre manière.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka