De l’annulation du sommet tripartite entre les présidents Tshisekedi, Kagame et Lourenço au lancement officiellement de la candidature de la RDC pour un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU en passant par la reconnaissance de Lamia Boumehdi comme meilleure entraîneure féminine d'Afrique lors des CAF Awards 2024, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun des faits marquants avec Joyce ONDIRO LEMARO.
Merci de nous accorder de votre temps Madame. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous?
Joyce ONDIRO LEMARO: Je suis licenciée en administration des affaires de l’université Leadership Academia. Je travaille dans une société de la place au département Marketing et communication. Je suis également membre de la synergie des jeunes pour la consolidation de la paix et la sécurité.
Le sommet tripartite entre les présidents Tshisekedi, Kagame et Lourenço, prévu le 15 décembre dernier, a été annulé. Selon la présidence congolaise, cette annulation serait due au refus de la délégation rwandaise de participer à la rencontre. Quelles pourraient être selon vous les conséquences possibles de cette annulation pour les relations entre les trois pays, ainsi que sur les enjeux régionaux en jeu?
Joyce ONDIRO LEMARO: Cette annulation risque d'aggraver les tensions entre la RDC et le Rwanda, notamment en raison des accusations de soutien du Rwanda au M23. Ceci peut affaiblir également les efforts de médiation menés par l'Angola, compromettre la coordination régionale pour la paix et intensifier les conflits dans l'Est de la RDC. Sur le plan régional, cette situation menace la stabilité économique et sécuritaire, tout en sapant la crédibilité des mécanismes africains de résolution des conflits.
La RDC a officiellement lancé sa candidature pour un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2026-2027. Quelle importance revêt cette démarche pour le pays selon vous ?
Joyce ONDIRO LEMARO: Cette candidature confère une visibilité internationale accrue, en renforçant le prestige et la crédibilité du pays sur la scène mondiale. Ce siège permettrait à la RDC de participer aux décisions mondiales, de défendre les intérêts africains, et de promouvoir des valeurs universelles telles que la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit. De plus, cette opportunité pourrait attirer des investissements étrangers et offrir un accès élargi aux financements internationaux, soutenant ainsi son développement économique et social.
L'État congolais a déposé une plainte en France et en Belgique contre des filiales du groupe Apple, accusé d'utiliser dans ses produits des minerais « exploités illégalement » en RDC. Selon la République Démocratique du Congo, Apple achèterait des minerais passés en contrebande depuis l'Est du pays, puis blanchis au Rwanda avant d'être intégrés dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Quelle lecture faites-vous de cette situation?
Joyce ONDIRO LEMARO: cette démarche judiciaire peut être un levier pour renforcer la souveraineté économique de la RDC et encourager une plus grande responsabilité des multinationales dans la gestion de la crise dans la partie Est. Cette initiative judiciaire reflète également le désir de la RDC de revendiquer son droit à exploiter et de bénéficier de ses propres ressources. Le président Félix Tshisekedi a régulièrement affirmé la nécessité de réformer le secteur minier pour maximiser les retombées économiques au profit des Congolais. En attaquant un acteur aussi puissant qu'Apple, la RDC cherche à attirer l'attention mondiale sur les injustices systémiques liées à l'extraction des minéraux.
Les partis PPRD, ECIDé et Ensemble pour la République ont annoncé une série de manifestations à travers le pays à partir de ce mois de décembre 2024, pour sensibiliser la population contre la révision constitutionnelle. Quel est votre avis sur ces initiatives ?
Joyce ONDIRO LEMARO: Ces manifestations témoignent d'un espace démocratique actif en RDC, mais illustrent également les tensions qui entourent toute tentative de révision constitutionnelle dans un contexte fragile. Pour éviter une crise politique, il est essentiel que le débat sur cette question soit transparent, inclusif et guidé par l'intérêt général, plutôt que par des calculs politiciens.
Le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l'Homme (BCNUDH) a constaté une hausse significative de 47 % des violations des droits de l'Homme en RDC. Selon le rapport, cette augmentation s'explique notamment par le recours au travail forcé par les miliciens de la CODECO pour la construction de leurs habitations à Mahagi, en Ituri, ainsi que par une hausse des détentions illégales et des arrestations arbitraires à Kinshasa. Comment interprétez-vous cette situation ?
Joyce ONDIRO LEMARO: La hausse des violations des droits de l'Homme en RDC est une situation préoccupante qui exige une action concertée de la communauté internationale, des autorités congolaises et de la société civile. Il est impératif de mettre fin à l'impunité, de renforcer l'État de droit et de promouvoir un développement durable et inclusif pour garantir le respect des droits de tous les Congolais.
Lamia Boumehdi, l'entraîneuse marocaine du TP Mazembe, a été sacrée meilleure entraîneure féminine d'Afrique lors des CAF Awards 2024, qui se sont tenus à Marrakech. Cette distinction couronne une année exceptionnelle pour la technicienne, qui a mené son équipe à la victoire en Ligue des champions féminine de la CAF en novembre, ainsi qu'à la conquête du championnat féminin de la RDC. Cette victoire est elle susceptible d'entraîner une évolution durable du football féminin en Afrique selon vous?
Joyce ONDIRO LEMARO: La victoire de Lamia Boumehdi et du TP Mazembe est un pas en avant important pour le football féminin en Afrique. Cependant, pour que cette évolution soit durable, il est nécessaire de poursuivre les efforts pour réduire les inégalités, promouvoir l'égalité des sexes et développer les infrastructures.
Quels principaux obstacles restent à surmonter pour développer le football féminin en Afrique?
Joyce ONDIRO LEMARO: Le développement du football féminin en Afrique nécessite de surmonter de nombreux obstacles notamment : les inégalités de financement et le manque de visibilité.
La Cour de cassation en France, a rejeté le pourvoi de l'ancien président Nicolas Sarkozy dans l'affaire des écoutes, rendant définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence. Comment évaluez-vous cette décision judiciaire ?
Joyce ONDIRO LEMARO: Cette décision est une victoire pour l'État de droit et un rappel du principe fondamental de l'égalité devant la loi. Cependant, elle souligne également les défis liés à la perception de la justice dans les affaires touchant les personnalités politiques de haut rang. Pour la France, cette affaire pourrait renforcer la vigilance citoyenne sur les questions éthiques et la responsabilité des élus.
Plus d'une semaine après avoir été renversé, l'ex-président syrien Bachar el-Assad est sorti de son silence via un communiqué publié lundi 16 décembre. Il affirme qu'il n'a pas fui la Syrie de manière préméditée, mais seulement après la chute de Damas, aux mains d'une coalition rebelle. Pour lui, le pays est désormais « aux mains des terroristes ». Quelle est votre lecture de cette déclaration ?
Joyce ONDIRO LEMARO: Cette déclaration de Bachar el-Assad semble s'inscrire dans une stratégie de communication visant à sauvegarder son héritage politique et son rôle dans le récit de la guerre syrienne. Elle témoigne également de la complexité de la situation sur le terrain, où la chute d'un régime ne signifie pas préalablement la fin des conflits ou l'établissement d'une stabilité.
Dominique Pelicot, l'accusé principal du procès des viols de Mazan, a été déclaré coupable, le jeudi 19 décembre, d'avoir drogué son ex-épouse aux anxiolytiques pendant une décennie, avant de la violer et de la livrer à des dizaines d'inconnus recrutés sur Internet. Il a été condamné à 20 ans de réclusion. Quel commentaire faites-vous de cette condamnation?
Joyce ONDIRO LEMARO: La condamnation de Dominique Pelicot est une victoire importante pour la justice et pour la lutte contre les violences sexuelles. Elle montre que, même dans des cas complexes où la victime a été manipulée et où les faits se sont déroulés sur une longue période, la vérité peut être établie et les coupables sanctionnés. Toutefois, cette affaire met en lumière l'urgence de poursuivre les efforts sociétaux pour prévenir ces genres d'atrocités.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka