Le torchon brûle au sein du parti au pouvoir. Le secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Augustin Kabuya, élevé à la tête du parti après le départ de Jean-Marc Kabund, n'est plus en odeur de sainteté avec ses collaborateurs. Il est poussé à la porte de sortie par certains cadres et militants, qui critiquent ouvertement sa gestion.
Dans une déclaration politique, jeudi 11 juillet 2024, une trentaine de secrétaires nationaux de l'UDPS ont apposé leurs signatures pour retirer leur confiance à Augustin Kabuya, député national élu du Mont-Amba, dont ils ne reconnaissent plus la qualité de secrétaire général du parti. Ils l'accusent notamment de manque de vision, de l'utilisation abusive des prérogatives dévolues à la présidence du parti, la gestion solitaire et personnalisée du parti, le clientélisme politique dans la gestion des enjeux, etc.
Au nombre de ses frondeurs, l'ex-ministre de la santé, Eteni Longondo. Il s'érige comme la tête d'affiche de ce mouvement anti-Kabuya. Cet ancien médecin d'Etienne Tshisekedi, soutenu par Gecko Beya, membre influent de l'UDPS, et par Emany Dioko, président de la ligue des jeunes du parti présidentiel avait, devant la presse lundi, demandé la suspension de toutes les activités au sein du parti, avant d'annoncer l'organisation imminente du congrès devant statuer sur les problèmes liés à la megestion du parti.
« Je propose l'organisation dans un plus bref délai d'un congrès du parti, un congrès qui nous permettra d'examiner, de délibérer et de statuer sur toutes questions et tous les problèmes liés à la mégestion du parti. Je demande la suspension des activités au sein du parti en attendant l'organisation du congrès », avait-il déclaré.
Dans sa réaction à chaud, mercredi dernier devant les jeunes de sa formation politique, Augustin Kabuya avait, de prime abord, demandé pardon au président de la République pour le désordre qui règne désormais au sein de l'UDPS. Sans les citer nommément, Kabuya voit derrière ses opposants des ennemis de la famille de Félix Tshisekedi, qui veulent faciliter l'infiltration.
« Des ennemis veulent créer du désordre dans la famille politique du chef de l’État pour faciliter l’infiltration. Ils ont pris l’argent d’autrui, ils doivent remettre. Est ce qu’on convoque le congrès pour remplacer un secrétaire général? », s'est-il interrogé, rejetant en bloc toutes les accusations qui pèsent sur lui.
En dépit de ses justificatifs, Augustin Kabuya n'est toujours pas sorti de l'ornière. Sylvain Mutombo, un autre cadre de l'UDPS en froid avec lui, tient ce vendredi un point de presse à Kinshasa. Et, Face à cet imbroglio qui éclabousse l'UDPS, Jonas Mukamba, l'un des doyens du parti au pouvoir, s'est indigné sur ce qu'il a qualifié de « spectacle désolant». C'est ainsi qu'il en a appelé à l'amabilité du chef de l'État pour sonner le glas de «la malheureuse récréation».
Samyr LUKOMBO