“Est-ce que 100 mille dollars valent Papa Wemba ? », s'est interrogé Joël Munanga, secrétaire général de l'ASBL Bana Kin, à la veille de la commémoration ce mercredi 24 avril de la huitième année de la disparition de l'artiste congolais Jules Shungu Wembadio, connu sous le nom de Papa Wemba.
En effet, cette association sans but lucratif avait, en date du 15 avril dernier, sollicité les services du ministère de la culture pour l'obtention du décaissement de 109 mille dollars pour l'organisation des activités en mémoire de la disparition de l'artiste mort sur scène à Abidjan, en Côte d'Ivoire, le 24 avril 2016.
Kathungu Catherine, Ministre de la culture a pour sa part, dans une correspondance du 17 avril, demandé à Nicolas Kazadi, son collègue chargé des finances publiques, de débourser cette somme en procédure d'urgence. Cette lettre a suscité un tollé sur la toile, dans un contexte où le pays fait face aux nombreux défis dont la guerre du M23 qui a provoqué le déplacement des milliers d'habitants qui ont besoin de l'assistance de l'Etat.
Dépenses en procédure d'urgence
Si demander de l'argent pour commémorer le décès d'un artiste qui a valorisé la culture congolaise n'est pas mauvais en soi, beaucoup de critiques sont allées dans le sens de savoir si cette dépense est éligible à la procédure d'urgence. La question ne fait pas l'unanimité d'autant plus que nous sommes dans un contexte où toutes les dépenses du genre doivent requérir l'aval de la présidence de la république, à travers le visa de l'Inspection générale des finances (IGF).
En outre, toutes les dépenses ne sont pas éligibles à la procédure d'urgence, rappelle pour sa part Valéry Madianga, chercheur et coordonnateur national du Centre de Recherches en finances publiques et développement local (CREFDL).
Selon lui, « seules les dépenses liées aux opérations militaires, aux calamités comme les épidémies ou les accidents peuvent passer en mode d'urgence ».
« Comme l'organisation des festivités était déjà connue d'avance, leur organisation devrait passer par le circuit normal, pour ne pas violer la loi et ternir l'image du pays en ce qui concerne l'exécution des dépenses publiques », a-t-il dit à ACTUALITE.CD.
Fin février, l'IGF rappelait la lettre n°0279/02/2024 du 21 février 2024 où le cabinet du président Félix Tshisekedi avait décidé de suspendre toutes les dépenses. Selon l’IGF, ne devraient être exécutées que « les dépenses liées aux charges du personnel ainsi que celles dont les dossiers auront obtenu l'autorisation de la présidence de la république », toutes les autres dépenses étant « suspendues ».
Avec ou sans l'aide financière de l'État, les manifestations commémoratives de la mort de Papa Wemba auront bel et bien lieu ce mercredi à Kinshasa, a rassuré Joël Munanga, de l'ASBL Bana Kin.
Bruno Nsaka