« Nous en avons marre, c’est assez » ! Ce slogan a été entonné vendredi 8 mars à Goma par les femmes déplacées de guerre cantonnées dans différents sites, à Goma et tout autour de la ville. Les représentantes de ces femmes l'ont dit, à l’occasion de la cérémonie du lancement, ce même vendredi, à Goma, des activités liées au mois dédié à la femme. La cérémonie a été présidée par la ministre du genre, famille et enfant, Mireille Masangu.
À ce jour, le Nord-Kivu affirme avoir recensé plus de 50 000 cas des violences basées sur le genre, suite notamment, à la guerre d’agression dont est victime la RDC, de la part de son voisin, le Rwanda. D’où le cri d'alarme des femmes du Nord-Kivu qui appellent les décideurs, tant au niveau local, national et international à activer toutes les batteries en vue de mettre fin à l’insécurité dans l'Est du pays.
« Trop c'est trop, chers dirigeants. Face à la précarité de la situation d’insécurité dans laquelle nous sommes plongées, nous vous recommandons de nous assurer de la restauration de la paix et la sécurité. Trouver des moyens d’approvisionnement de la ville en vivres et en plusieurs autres produits, car nous nous sentons déjà en insécurité alimentaire. Accroître le financement pour l’assistance des déplacés en vivres et en non vivres. Améliorer les conditions des forces de défense et de sécurité. Suivre de près les actions menées par les Wazalendo pour qu’ils exercent conformément à la loi portant création de la réserve de l’armée » ont recommandé les femmes déplacées, dans une note de plaidoyer remis à l’autorité provinciale.
Vêtues toutes en noir, les femmes, membres des mouvements associatifs, des ONG, des partis politiques et autres, ont manifesté un signe de deuil en mémoire de leurs semblables qui meurent, presque chaque jour, suite à la guerre d’agression qu'impose à la RDC, son voisin, le Rwanda, sous couvert du M23. Occasion pour elles, de compatir avec toutes les victimes de la guerre dans l'Est du pays. À ce jour, près de 410 000 personnes se sont nouvellement déplacées, en majorité des femmes et des enfants, suite aux attaques et affrontements armés.
« Voilà qui explique le choix du thème de la célébration du 8 mars en province « pour un Nord-Kivu sans violence, investir en faveur des femmes et filles dans la recherche de la paix ». Avant que cette paix ne soit rétablie, les femmes et les jeunes filles continuent à être victimes des violences sexuelles, non seulement dans des zones occupées par l’ennemi, mais aussi dans et au tour des sites de refuge. C’était une occasion, pour Ipas, de rappeler aux femmes que la RDC a déjà ratifié le Protocole de Maputo, qui prône le droit à l’avortement sécurisé, même pour les femmes victimes des violences sexuelles.
Notons que sur les 50 159 cas des violences basées sur le genre enregistrées au Nord-Kivu, en 2023, la ville de Goma vient en tête avec plus de 14 413 cas des VBG, rapporte la division provinciale du genre.
Pour Mireille Masangu, ministre du genre, famille et enfant, la célébration de la journée internationale pour le respect des droits de la femme a eu lieu dans un contexte particulier, marqué notamment, par la guerre d’agression de la RDC par le Rwanda, sous couvert du M23. Elle a rappellé que le gouvernement est en train de tout mettre en œuvre, en vue de mettre fin au calvaire que traversent les femmes de l'Est du pays.
Jonathan Kombi, à Goma