AFC/M23: Certaines nominations internes et l'annonce du retour de Kabila ont suscité des tensions, Kigali aurait prévu de nommer Laurent Nkunda à un poste important pour restaurer la cohésion (Rapport du groupe d'experts de l'ONU)

Les autorités de l'AFC/M23 lors d'une réunion avec la Monusco à Goma
Les autorités de l'AFC/M23 lors d'une réunion avec la Monusco à Goma

Malgré ses victoires militaires sur le terrain des opérations dans l'Est de la République Démocratique du Congo, la tension est perceptible au quotidien au sein du mouvement rebelle Alliance Fleuve Congo (AFC/M23), d’après un rapport du groupe d'experts de l'ONU consulté par ACTUALITE.CD ce mercredi 2 juillet 2025. Le document révèle des agitations internes suite à certaines nominations, mais aussi l'annonce de l'ancien Président de la République Joseph Kabila au pays via Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu sous contrôle de la rébellion.

"Des tensions internes sont apparues au sein de l'AFC/M23, exacerbées par des nominations internes contestées et par l'annonce controversée du retour de l'ancien président Joseph Kabila dans l'est de la RDC. Ces tensions ont ravivé les divisions entre factions historiques rwandaises et ougandaises. Afin de restaurer la cohésion et de renforcer le soutien populaire à l'AFC/M23, le gouvernement rwandais aurait prévu de nommer Laurent Nkunda sous le coup de sanctions, à un poste important au sein de l'AFC/M23", renseigne le rapport du groupe d'experts des Nations-Unies.

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D'après le rapport qui couvre les enquêtes menées jusqu'au 20 avril 2025, si certains leaders de l'opposition ou haut gradés de l'armée n'ont pas officiellement adhéré à l'AFC/M23, nombreux ont été en contact direct avec Nangaa, Kigali et Kampala.

"L'engagement de l'AFC/M23 d'unifier les groupes armés et les acteurs politiques s'est concrétisé. Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, plusieurs groupes armés dont d’anciens groupes Wazalendo ayant changé d’allégeance suite à la progression rapide de l’AFC/M23 ont décidé de rejoindre l’AFC/M23. Si des poids lourds politiques et militaires dont Joseph Kabila, Moïse Katumbi et John Numbi ne se sont pas officiellement ralliés à l’AFC/M23, ils ont été en contact régulier avec Nangaa, Kigali et Kampala", ajoute le rapport.

Selon toujours le rapport, les nouvelles alliances de l’AFC/M23 et la conquête militaire rapide de nouveaux territoires et capitales provinciales ont eu un impact significatif sur le paysage politique et militaire de la RDC, exacerbant les tensions à Kinshasa. 

"Sur le plan militaire, l'incapacité des FARDC à sécuriser les capitales provinciales, ainsi que les défections et les pertes massives, ont mis en lumière la faiblesse structurelle de l'armée, affectant sa crédibilité". 

La rébellion de l'Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) renvoie au Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé actif dans le Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), qui a mené une insurrection entre avril et novembre 2013, et qui est réapparu avec des offensives en novembre 2021 soit deux ans après l'accession de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême ( janvier 2019). Ce groupe  armé composé généralement des Tutsis, est constitué principalement d'anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés aux Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) mais qui se sont rebellés en 2012, estimant que le gouvernement congolais ne respectait pas les termes d'un accord de paix de 2009. 

Contrairement aux précédentes conquêtes, cette fois-ci le mouvement rebelle proche de Kigali a fait croître son influence dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Ce mouvement rebelle occupe une grande partie des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Des initiatives de paix en cours pour tenter de trouver un accord avec Kinshasa n'ont pas encore donné des résultats escomptés malgré la signature de l'accord de Washington entre la RDC et le Rwanda.

Clément MUAMBA