11 ans accord-cadre d'Addis-Abeba: les signataires appelés à le revitaliser avec des mécanismes de sanctions

1
Photo d'illustration.

En marge de la Célébration du 11e anniversaire de l’Accord Cadre d'Addis-Abeba, la Dynamique Communautaire pour la Cohésion Sociale et le Développement "DYCOD-RDC" a organisé une Conférence, jeudi 22 février 2024, au Centre Interdiocesain CENCO à Kinshasa. L'objectif de cet événement était d'analyser les défis et perspectives de la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo 11 ans après la signature de cet accord.

L'Accord-cadre d'Addis-Abeba, signé il y a 11 ans, a permis des avancées, mais la situation sécuritaire reste préoccupante dans l'Est de la RDC. La DYCOD-RDC soulève des questionnements sur la portée stratégique de cet accord et l'inefficacité du Conseil de sécurité des Nations Unies face au M23. C'est dans ce cadre qu'au-delà de la revitalisation de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba, la DYCOD-RDC mobilise les acteurs pour formuler des propositions en vue d'une campagne de plaidoyer pour une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs.

"Il faut que nous en tant que communautés puissions nous engager pour le retour de la paix. C'est pourquoi nous lançons cette campagne de plaidoyer au niveau national et international pour attirer l'attention et agir en faveur des solutions qui pourront nous ramener à la paix. Nous sommes d'accord sur la nécessité de revoir cet accord. Nous n'avons pas besoin de l'enterrer, mais de le revitaliser. Le Congo a honoré ses engagements, contrairement à d'autres États. Il est essentiel que tous les Congolais se rassemblent. Notre pays traverse une période difficile », a fait savoir Me Patient Bashombe, coordonnateur de la DYCOD-RDC.

De son côté, le ministre de l'industrie Julien Paluku Kahongya, intervenant en sa qualité d'expert en décentralisation et ancien gouverneur de la Province du Nord-Kivu, affirme que la RDC a respecté ses engagements, mais il faut renforcer l'accord en introduisant des mécanismes de sanctions.

"En évaluant l'accord-cadre d'Addis-Abeba, il apparaît clairement que la RDC a largement respecté ses engagements, contrairement aux pays de la région notamment le Rwanda et l'Ouganda qui n'ont rien fait. Les engagements stipulent clairement qu'aucun pays ne peut permettre à des groupes armés d'opérer depuis son territoire pour attaquer un autre pays. Cependant, selon les rapports des experts de l'ONU, des armes et des combattants sont fournis par le Rwanda pour attaquer la RDC, violant ainsi cet accord. Bien que cet accord ait joué un rôle dans le passé pour la paix, il est impératif de le renforcer en introduisant des mécanismes de sanctions contre les transgresseurs. Sans contraintes, les États pourraient enfreindre l'accord en toute impunité. Je plaide pour une revisitation de cet accord, en éliminant les éléments relevant de la politique nationale et en se concentrant uniquement sur les aspects régionaux et les obligations de chaque partie, assortis de sanctions pour toute violation" a déclaré Julien Paluku Kahongya dans son intervention 

Abordant l'aspect lié aux perspectives d'avenir, le Coordonnateur national du PDDRC-S, Jean-Bosco Bahala estime qu'il faut renforcer le système de défense congolais en mettant en place une armée réellement dissuasive. À l'en croire, la RDC a déjà signé plusieurs accords de paix et bénéficié des résolutions de paix de l'ONU sans parvenir réellement à une paix durable.

"Une nouvelle perspective est que nous devons avoir les moyens de défendre notre territoire. La solution réside dans le renforcement des capacités de l'armée. Le chef de l'État a promulgué une loi de programmation militaire afin de garantir un budget solide pour les forces armées. L'ancien ministre de la Défense a élaboré, avec l'approbation du gouvernement, un document de politique nationale de défense. Il est également nécessaire de produire un document de politique de sécurité" a indiqué Jean Bosco Bahala, coordonnateur du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS).

Ce samedi 24 février 2024,  l’Accord-cadre d’Addis Abeba totalise 11 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales à savoir les Nations-Unies (ONU), l'Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région. 

L’Accord-cadre d’Addis Abeba avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC. Le 11e anniversaire de cet accord coïncide avec une nouvelle agression de la RDC par son voisin le Rwanda via la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu. 

Clément MUAMBA