Cette semaine, deux figures féminines ont retenu l’attention sur la scène internationale, dans des contextes très différents. Au Rwanda, l’opposante Victoire Ingabire a été arrêtée dans un climat politique de plus en plus restreint. En Italie, la Première ministre Giorgia Meloni poursuit la promotion de son ambitieux plan Mattei, destiné à refonder les relations euro-africaines.
Rwanda : Victoire Ingabire arrêtée, la critique politique à nouveau visée
Le Bureau d’enquête du Rwanda (RIB) a annoncé vendredi 20 juin l’arrestation de Victoire Ingabire, figure de l’opposition au président Paul Kagame. Cette interpellation intervient à la suite de sa comparution, la veille, au procès de neuf personnes accusées d’avoir diffusé le manuel de résistance non violente « Comment faire tomber un dictateur de l’activiste serbe Srdja Popovic ».
Présidente du parti Dalfa-Umurinzi, non reconnu par les autorités, madame Ingabire est visée par une enquête pour « association de malfaiteurs » et « incitation publique à s’opposer au gouvernement », selon le RIB. Elle conteste les accusations, affirmant qu’aucun lien direct ne la relie aux faits reprochés aux prévenus. Déjà condamnée à quinze ans de prison en 2012 pour des déclarations jugées subversives, elle avait bénéficié d’une grâce présidentielle après huit années d’incarcération, tout en restant exclue du processus électoral.
Italie : Giorgia Meloni relance son plan Mattei pour l’Afrique
Le même jour à Rome, Giorgia Meloni a de nouveau mis en avant son « plan Mattei » lors d’un sommet coprésidé avec Ursula von der Leyen. Portée par la Première ministre italienne, cette initiative vise à stimuler le développement économique de quatorze pays africains, notamment au Maghreb, en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est, pour freiner les flux migratoires et renforcer les partenariats énergétiques.
Doté d’un budget annoncé de 5,5 milliards d’euros, le plan peine toutefois à convaincre. Un rapport officiel publié en novembre 2024 indiquait que moins de 2 milliards d’euros avaient été effectivement affectés à des projets concrets. L’Italie espère néanmoins consolider sa position stratégique sur le continent africain, notamment face aux conséquences de la guerre en Ukraine sur ses approvisionnements énergétiques.
Regards croisés
Tandis que Victoire Ingabire fait face à une nouvelle répression judiciaire au Rwanda, Giorgia Meloni cherche à étendre l’influence italienne en Afrique à travers une coopération économique volontariste. Ces trajectoires illustrent deux logiques contrastées : l’une, marquée par un espace politique fermé ; l’autre, par une diplomatie économique offensive. Toutes deux mettent en lumière la place croissante, mais à géométrie variable, des femmes dans les dynamiques de pouvoir africaines et euro-africaines.
Nancy Clémence Tshimueneka