RDC : une diplomatie citoyenne et féministe toujours active face à la crise humanitaire et sécuritaire

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Le consortium national des femmes congolaises

Lancée en réponse à l’aggravation de la crise sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo, l’initiative de diplomatie citoyenne et féministe portée par des organisations congolaises reste pleinement mobilisée. Depuis la prise des villes de Goma et Bukavu par des groupes armés en début d’année, cette démarche poursuit ses actions sur le terrain et multiplie ses interventions, de Kinshasa à Washington D.C., en passant par Pretoria, Nairobi, New York, Oslo, Bruxelles, Paris et Genève.

À l’origine de ce mouvement, le Consortium de solidarité humanitaire féministe (CSH-RDC), coordonné par des actrices de la société civile telles qu’Anny T. Modi, experte en genre et directrice exécutive de l’ONG Afia Mama ASBL. Le consortium s’est donné pour mission de proposer une réponse coordonnée, inclusive et durable à la crise, en mettant l’accent sur les besoins spécifiques des femmes et des filles, souvent les premières affectées par les violences liées au conflit.

Malgré les contraintes sécuritaires, les équipes du consortium poursuivent leurs activités dans les zones les plus touchées. Des interventions humanitaires ciblées sont en cours, notamment dans les domaines de la santé sexuelle et reproductive, de l’accompagnement psychosocial des survivantes de violences sexuelles, de l’éducation des filles déplacées, et de la protection contre les mariages précoces et forcés.

L’approche adoptée se veut résolument féministe : elle place les femmes et les filles non seulement au centre des priorités humanitaires, mais également comme actrices à part entière des mécanismes de résilience et de reconstruction.

Un plaidoyer qui s’amplifie

En parallèle des actions sur le terrain, le travail de plaidoyer engagé depuis plusieurs mois se poursuit avec intensité. Le consortium défend une participation pleine et entière des femmes et des jeunes dans les processus de paix, plaidant pour leur inclusion systématique dans les négociations politiques nationales et internationales.

Des démarches sont en cours auprès de l’ONU, de l’Union africaine, de l’Union européenne, ainsi que de plusieurs gouvernements partenaires. L’objectif est de faire respecter les engagements pris dans le cadre des résolutions 1325 et 2250 du Conseil de sécurité des Nations Unies, et garantir une paix réellement inclusive et durable.

Cette diplomatie citoyenne, féministe et proactive se déploie à la fois dans les provinces en crise et dans les sphères diplomatiques de Kinshasa, Nairobi, Pretoria, Washington, New York, Genève et Bruxelles. Les représentantes du consortium y plaident la reconnaissance du rôle essentiel des femmes et des jeunes dans la consolidation de la paix et la reconstruction post-conflit.

Autonomiser pour reconstruire

Un volet économique complète cette stratégie, à travers le soutien aux initiatives génératrices de revenus, la création de coopératives locales, l’accès à la formation professionnelle, et l’appui à l’entrepreneuriat féminin. L’autonomisation économique est perçue comme une condition essentielle à une paix durable.

« Les femmes et les jeunes ne sont pas seulement des victimes : ce sont des bâtisseurs de paix. Leur voix doit compter à chaque étape du processus », affirme Anny T. Modi.

Par cette initiative, les organisations féministes congolaises offrent une alternative aux approches classiques de gestion des crises. Elles appellent aujourd’hui à un soutien accru des partenaires nationaux et internationaux pour renforcer cette diplomatie de terrain, ancrée dans la réalité, inclusive et tournée vers l’avenir.

Nancy Clémence Tshimueneka