Mort de deux militaires sud-africains de SAMIDRC : tirs indirects ou attaque ciblée ?

SAND
Des soldats de la SAND

Le 14 février 2024, deux soldats sud-africains ont été tués et trois autres blessés lors d'un incident survenu dans le cadre de la mission de la Force régionale de la SADC. Cet événement tragique a ravivé les préoccupations quant à la sécurité des troupes déployées dans la région instable de la République démocratique du Congo (RDC).

La Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) a confirmé qu'une bombe de mortier avait touché une base militaire du contingent sud-africain, causant des pertes et des blessures parmi les soldats. Cette base fait partie de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC), une initiative visant à soutenir le gouvernement congolais dans ses efforts pour restaurer la paix et la stabilité dans la région.

Cependant, les circonstances exactes de l'attaque restent floues. Alors que la SANDF évoque un tir indirect, la SADC parle plutôt d'une attaque à la bombe. De son côté, le gouvernement congolais attribue l'incident à un pilonnage du camp sud-africain par l'armée rwandaise et le M23, faisant partie d'une série d'attaques récentes dans la région.

Les tensions dans la région sont palpables. Des incidents similaires se sont multipliés au cours des derniers mois, notamment des bombardements et des attaques ciblées. Ces incidents se sont multipliés ces derniers mois, mettant en lumière la sophistication croissante des armes utilisées dans la région. En juin 2023, un obus de mortier guidé de 120 mm, non explosé, a été découvert à Murambi, près de Mushaki, dans le territoire de Masisi, alors que des combats actifs impliquant les Forces armées rwandaises (RDF) et le groupe rebelle M23 étaient signalés. Plus tard, le 24 octobre 2023, les débris d'un mortier guidé de même calibre ont été retrouvés à seulement 15 mètres du camp des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à Kanyamahoro. Ces incidents ont attiré l'attention sur la présence d'un armement de haute technologie jusqu'alors inconnu dans la région.

Le Groupe d'experts des Nations unies a souligné dans son dernier rapport que ce type d'armement, équipé de dispositifs de mesure laser et de systèmes de positionnement global, confère une précision redoutable et une létalité accrue à ses frappes. De plus, sa complexité technique rend son transport, son stockage et son utilisation difficiles, nécessitant une expertise spécialisée. Ainsi, il semble peu probable que des groupes armés locaux ou les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) disposent ou utilisent ces armes sans une assistance externe.

Le rapport mentionne également un incident survenu le 27 février 2023, au nord de Sake, dans le territoire de Masisi, où un char T-54 des FARDC a été touché par une frappe de mortier. Les analystes militaires ont conclu que la précision de cette attaque laisse supposer l'utilisation d'un obus de mortier guidé, renforçant les preuves de la présence de ce type d'armement dans la région.

Ces révélations soulèvent des questions sur l'origine et la provenance de ces armes sophistiquées, ainsi que sur les acteurs impliqués dans leur utilisation. Alors que les tensions persistent dans la région des Grands Lacs, la menace que représentent ces armes modernes accentue les défis sécuritaires auxquels sont confrontés les acteurs régionaux et internationaux engagés dans la stabilisation de la RDC.

Dans ce contexte tendu, le Rwanda a exprimé son opposition au soutien de la MONUSCO à la Force de la SADC déployée dans l'est de la RDC. Les autorités rwandaises ont officiellement saisi le Conseil de Sécurité des Nations Unies, affirmant prendre des mesures préventives et défensives contre les menaces perçues contre leur gouvernement.

La mission SAMIDRC, lancée en décembre 2023, vise à restaurer la paix dans une région en proie à une instabilité persistante. Cependant, les récents événements mettent en lumière les défis complexes auxquels sont confrontées les forces déployées dans ce contexte volatile.

Une enquête plus approfondie sera nécessaire pour élucider les circonstances exactes de l'attaque et déterminer les responsabilités, mais il est clair que la situation demeure tendue et que des mesures supplémentaires pour assurer la sécurité des troupes seront nécessaires dans les mois à venir.