Un bref délai, un court séjour à deux professionnelles renommées du cinéma américain, Carolyn Hepburn et Claire Aguilar, a suffi pour organiser l’American Film Showcase 2023. Pendant un plus d’une semaine, 10 jeunes cinéastes congolais ont intensément travaillé, entre formation, réseautage dans le circuit anglo-saxon et partage d’expériences. Chacun d’eux a constitué un projet de film qu’il a présenté à la cérémonie de clôture de cette initiative.
Ce vendredi 7 décembre, au centre culturel américain de Kinshasa, il s’est s’agit d’une session de Pitch et remise des certificats à ces cinéastes congolais qui prennent un peu de ceux qui viennent de la première industrie cinématographique du monde. En 5 minutes chacun, ils ont présenté leurs projets, quitte à intéresser les producteurs et bien d’autres partenaires présents sur place.
« La partie pratique s’est vivement impliquée. On a partagé en tant que professionnel du cinéma. Il s’est agit de discuter sur le marché et l’économie du cinéma, et comment vivre cette expérience en RDC, ce qui n’est pas simple », a dit à ACTUALITÉ.CD Ruben Mayoko, un des bénéficiaires de la formation.
A côté de lui, John Van, Jimmy Mbiya, Prisca Djemba, Shekinah, Junior Moses, Neville Bonkenga, Plamedi Kalusungi, Muami Wezam et Eben Ayembe étaient également bénéficiaires.
Dans le fond
Comme de vrais cris d’alarme de toute la jeunesse congolaise, les projets de film présentés ne sont rien d’autres que des peintures d’une société en plein déchirement. Le sujet le plus présent et à raison est la situation d’insécurité harassante dans l’Est de la RDC et d’autres mots qui l’entourent, tels que les viols des femmes. D’autres films sont une sorte de chronique des drames du quotidien, à Kinshasa comme en province, où un événement tragique particulier.
Un film met en exergue le témoignage de Tatiana Mukanirie, une femme qui a connu des violences sexuelles à Bukavu dans la partie Est de la RDC mais qui en a survécu. Elle est actuellement Coordinatrice du mouvement des survivantes des violences sexuelles. Un autre suit la même lancée et exploite le témoignage d’une autre femme qui a connu le viol devant ses enfants et se retrouvent sous la sentence ancestrale.
“Goma Control” est aussi un des films de cette présentation qui pose des questions sur la paix dans cette ville volcanique et de surcroît toute la région des grands lacs. D’une tragédie à une autre, le film “Dimanche 4 avril 2010” raconte un dimanche des rameaux pas comme les autres dans la ville de Mbandaka, au Nord-ouest de la RDC. Ce jour-là, plusieurs personnes ont succombé suite à une attaque des personnes armées d’origine inconnue. Dans la réalité, aucune suite n’a été faite pour la cause.
Eben Ayembe raconte pour sa part, “La jeunesse en érection”. Il parle du tabou de la société congolaise autour du sujet de qu’est la sexualité et la conséquence est sur les jeunes garçons et filles. Il dit avoir vécu ces conséquences dans son milieu, commençant par son père, ses amis et bien des gens dans son entourage, de quoi pousser son inspiration cinématographique à chercher à briser ce tabou autour de l’éducation sexuelle des enfants, qu’il pense être le remède au “phénomène fille-mère”.
Toutes ces imaginations sont celles des cinéastes encore novices et ceux qui ont déjà fais des premiers pas. La plupart de ces films sont des documentaires. Ces projets sont en phase de développement et seront approfondi mais ils sont déjà prometteurs.
Ville verte
Le substantif “Ville verte” n’est rien d’autre que le titre du film de Ruben Mayoko, artiste cinéaste passionné de l’environnement. Il travaille souvent avec des déchets plastiques, que ce soit pour le cinéma ou la peinture, afin de créer des œuvres d’art à la fois écologiques et sensibilisatrices pour cette noble cause.
Installé à Kinshasa, une ville qui se voit baignée dans le plastique ces dernières années, Ruben ne manque pas d’inspiration mais plutôt les occasions, les lieux de travail et surtout les moyens d’exporter ces œuvres et faire entendre sa voix, auprès de ceux qui peuvent faire quelque chose de concret afin que la situation ne suit pas le cours de sa dégradation légendaire.
« Les déchets plastiques n’ont pas que des conséquences pour l’avenir, il y a en a qui les vivent déjà aujourd’hui. Il y a des familles qui ne vivent que de la pêche artisanale, elles se plaignent des difficultés énormes qu’elles éprouvent à cause de la présence des déchets dans le fleuve Congo », explique Ruben Mayoko.
Dans son projet de film présenté, cet artiste traite de la problématique de la pollution plastique dans la ville de Kinshasa, capitale de la RDC. Il travaille dessus depuis 2 ans et compte en finir en 2024, avec l’aboutissement d’un film long métrage d’une heure 30.
Ruben confie avoir déjà gagné la confiance des personnages, mais attend encore des fonds et moyens nécessaires inhérents à la production. Ce film sera aussi une vitrine pour un personnage qui transforme les déchets plastiques en pavés écologiques, il y a là une complexité des faits à expliquer sur la partie écologique et économique de son travail.
Emmanuel Kuzamba