La campagne électorale en RDC bat son plein depuis une semaine. À mi-chemin, aucun candidat commun de l'opposition n'a encore été désigné. Les pourparlers en ce sens sont à l'arrêt. « Les candidats préfèrent pour l'instant démontrer leurs capacités individuellement avant de penser à une alliance », explique un analyste. Quelques candidats se distinguent, comme l'ex-gouverneur Moïse Katumbi, qui a fait forte impression.
Fort de sa flotte d'avions et de ses moyens de communication, Katumbi a lancé sa campagne de manière spectaculaire. Des images de drone ont montré des foules immenses à Kisangani, Goma, Kamituga, Oicha et Beni. Dans son message, il a critiqué le président Félix Tshisekedi, l'accusant de tergiversations dans son approche de la gestion de la guerre dans l’Est de la RDC. Katumbi réclame « le VAR », pour vérifier les promesses de Tshisekedi. De plus, il dénonce les obstacles entravant l'expansion de sa flotte et la distribution d'aides aux déplacés de Goma.
De son côté, Martin Fayulu a d'abord concentré ses efforts de campagne dans l'ex-province du Bandundu, puis a ciblé la région de la Grande Orientale. Bien que retardé pour des raisons de transport, son arrivée à Kisangani a été triomphale, affichant une popularité toujours aussi impressionnante. Choisissant la proximité, il a interagi avec la foule et a donné la parole à la population lors de ses discours. Un moment fort a été sa rencontre avec un homme muet exposant les difficultés des habitants. Le combat à Kisangani s'annonce intense, une ville qui a également accueilli chaleureusement Moïse Katumbi.
Attendu de pied ferme, Denis Mukwege a également entamé sa campagne. Il mise sur l'Est du pays, en commençant par un meeting honorable à Bukavu, en terme de foule. Son discours a dénoncé les violences et a proposé un plan axé sur trois axes : la fin de la guerre, de la faim et des vices. Pasteur habitué à la rhétorique, son message ressemblait plus à un sermon, mêlant pédagogie et passion. Il poursuit sa tournée à Butembo, une ville secouée par les attaques ADF, notamment à la prison centrale.
Delly Sesanga, considéré comme le quatrième homme de l'opposition, a débuté sa campagne dans l'ouest du pays, parcourant la région du Grand Bandundu. Toujours aussi incisif, il n'épargne pas le pouvoir en place et se présente comme l'homme de la situation. Cependant, le programme de la suite de sa campagne n’est pas très précis.
La surprise de cette campagne est Floribert Anzuluni. Ses délégués participent activement à toutes les réunions aux côtés de Martin Fayulu, Théodore Ngoy et d'autres candidats. Pendant ce temps, Anzuluni parcourt les routes du Sud-Kivu pour expliquer sa démarche.
Quant à Félix Tshisekedi, il a démarré la campagne en fanfare, se rendant déjà dans plusieurs villes de la province du Kongo-central et à Kindu, dans le Maniema. Il s'est attaqué aux régions du Nord du Congo. Trois faits marquent sa campagne jusqu'à présent. Tout d'abord, le thème récurrent de sa campagne qui est la dénonciation des « candidats de l'étranger ». Il y aussi les interpellations répétées concernant l'inflation générale et la hausse du taux de change , scandées par une partie de la population lors de ses étapes de campagne. Ensuite, son hyperactivité, bien qu'il ait montré des signes de fatigue à Boma. Ainsi, il a dû prendre une journée de repos à son retour de Kindu avant de reprendre les déplacements. Il ya aussi sa participation à la COP 28 à Dubaï qui est mis en épingle parmi ses supporteurs. Entretemps, les critiques montent sur l'efficacité du directoire de l'Union sacrée de la République. « Le président ne peut pas être partout. Ils auraient dû suivre l'exemple de Vital Kamerhe, que nous avons vu très actif dans l'espace Bandundu », confie un conseiller de Félix Tshisekedi.