RDC-élections : « si le but du dialogue est de se partager le butin, nous n’allons pas le soutenir », Nene Bintu

Photo/ Droits tiers
Photo/ Droits tiers

La Commission électorale nationale indépendante tient à son calendrier. Entre-temps, face au contexte politique actuel et aux violations des droits de l’Homme, le Comité laïc de coordination (CLC) et le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, proposent un dialogue avant les échéances. Qu’en pensent les cadres femmes de la société civile du Sud-Kivu ? Nene Bintu a répondu aux questions du desk femme d'Actualité.cd

« Nous tenons à ce que les élections aient lieu dans le délai prévu par la CENI, le 20 Décembre 2023. Nous ne connaissons pas encore l'agenda de ce dialogue, mais si son objectif est notamment de permettre l'inclusion dans le processus électoral, nous pouvons le soutenir. Mais si le but principal est le partage du butin, en tout cas, nous n'allons pas soutenir cette démarche », prévient Mme Bintu.  

Lire : RDC: dialoguons d’abord, les élections après!

RDC: face au contexte sociopolitique et sécuritaire actuel, le CLC recommande le dialogue

Dans la sphère politique, actuellement, et surtout pour les acteurs de l’opposition, la crainte réside au niveau du traitement réservé ces derniers mois. Il y a eu notamment l’arrestation du député provincial Mike Mukebayi, l’interpellation de Salomon Kalonda sur le tarmac de l’aéroport de N’djili, la perquisition des résidences de Moïse Katumbi à Kinshasa, de Salomon Kalonda et de sa mère à Lubumbashi ou l’arrestation de Franck Diongo. On citera aussi l’enlèvement suivi du décès du député et ancien ministre des transports, Chérubin Okende. Le CLC considère donc que dans cette optique, il n’y pas d’autre voie de sortie de crise que le dialogue.

Le dialogue consisterait, selon le CLC, à  identifier les réponses les plus adéquates et les plus urgentes aux multiples équations du moment. 

De son côté, le Dr. Denis Mukwege appelle les forces vives de la nation à une concertation en toute urgence pour « donner une réponse commune forte, appropriée et durable à ces graves violations des droits humains et défendre la démocratie et la paix » dans le pays.

Pour Nene Bintu, les termes de référence dudit dialogue doivent être dévoilés au public. Car, « On ne peut pas juste réclamer un dialogue et vouloir obtenir l'adhésion de tous les protagonistes sans en dévoiler le contenu ».

  Par ailleurs, au sein de l’opposition, le Front Commun pour le Congo (FCC) ne reconnaît pas les animateurs de la centrale électorale et ceux de la Cour Constitutionnelle. Le parti EciDé de Martin Fayulu s’est retiré du processus électoral en exigeant un nouvel audit du fichier électoral. 

Même au niveau de la société civile, souligne Nene Bintu, « nous estimons que certaines préoccupations de l'opposition sont fondées. Notamment, en ce qui concerne la liste définitive des électeurs, après la révision du fichier électoral. Nous voulons tous voir la liste définitive des électeurs et qu'elle puisse être affichée au niveau des centres d'inscription afin que les électeurs puissent en prendre connaissance. Deuxièmement, il se pose un problème d'inclusion au sein même de la CENI. Il y a des gens qui représentent l'opposition au niveau de la CENI mais que l'opposition politique elle-même ne reconnaît pas. Pour cela, nous pensons qu'il est encore possible de consulter ces délégués et selon le quota fixé par la loi, désigner les animateurs de la CENI, représentant de l'opposition politique qui feront l'unanimité. On parle aussi de plus en plus de la Cour Constitutionnelle, de la Loi électorale, surtout que les femmes déplorent le fait que les modifications faites dans la loi électorale n'ont pas été prises en compte ».  

Et de renchérir, « à voir les candidatures déposées, il n'y a environ que 13% de femmes. À quoi aura servi l'innovation selon laquelle, il fallait prendre compte de la dimension genre dans la composition des listes ? C'est notamment parce qu'il a manqué à la loi électorale une contrainte pour l'article 13. Maintenant, s'il faut tenir compte de toutes ces revendications, cela aura pour conséquence la reprise des opérations. Nous souhaitons donc qu'il y ait des options qui favorisent toutes les parties mais n'entravent pas la tenue des élections dans le délai prévu par le calendrier électoral ». 

(Re)Lire : RDC-Elections : ce que pensent les femmes cadres du FCC de la proposition d’aller au dialogue

Prisca Lokale