Force de l’EAC en RDC : il est reproché également à Jeef Nagah la cohabitation pacifique avec les forces rwandaises et les M23 dans les zones sous contrôle du contingent kényan (Armée)

Les rebelles du M23 en discussion avec la force de l'EAC à Kibumba
Les rebelles du M23 en discussion avec la force de l'EAC à Kibumba

Le général kényan Jeef Nagah a quitté son poste de commandant de la force régionale de l’EAC déployée dans l’Est de la RDC. Il a tout de suite été remplacé par le Général-Major Alphaxard Muthuri Kiugu désigné par le président kényan, William Ruto. Le porte-parole des Forces armées de la République démocratique du Congo, le général Sylvain Ekenge s’est exprimé à la suite de ce changement. Il indique que Jeef Nagah n’a pas produit de résultat sur le terrain, mais surtout il lui est reproché la « cohabitation pacifique » avec les rebelles du M23 ainsi que des militaires rwandais dans les zones contrôlées par le contingent kényan de l’EAC.

« La population congolaise lui reproche le non-respect du Sofa et du concept opérationnel qui imposent la mission offensive à la Force. Il lui est reproché également la cohabitation pacifique avec les forces rwandaises et les M23 dans les zones sous contrôle du contingent kényan », a indiqué à ACTUALITE.CD le général Sylvain Ekenge.

Jeef Nagah n’a pas empêché les multiples renforts de l’armée rwandaise au M23.

« Chaque jour, les Rwandais traversent de l'est à l'ouest pour renforcer leurs positions sous la barbe et l'œil complaisant du contingent kenyan. Comme vous pouvez le constater, il doit se reprocher le manque de résultats de sa mission. Il n'a pas réussi la mise en œuvre de la feuille de route de l'UA », a ajouté le porte-parole de l’armée.

Le gouvernement a annoncé il y a une semaine que le M23 renforce ses positions le long de la RN2 grâce à l’arrivée des troupes en provenance de Chanzu, Runyonyi et Sabinyo. Ces redéploiement, disait le gouvernement, présage des futures attaques contre la population et l’armée.  

Dans sa lettre de démission transmise au secrétaire exécutif de l’EAC, Jeef Nagah dit que sa sécurité était menacée par des « mercenaires » recrutés par le gouvernement congolais. Ce que démentent les FARDC.

« D'abord, ce ne sont pas des mercenaires. Ce sont des instructeurs roumains légalement recrutés par le gouvernement Congolais pour encadrer les militaires dans les centres d'entraînement. Nous avons les Français, les Belges et d'autres blancs qui encadrent nos troupes, ce n'est pas pour autant pour qu'on puisse les qualifier de mercenaires. La sécurité de Jeef Nagah n'a jamais été menacée. Sa première résidence était mitoyenne à celle des instructeurs. Il s'est alarmé pour rien sur la présence dans la parcelle voisine des antennes de communication. C'est une fuite en avant », a réagi le général Sylvain Ekenge.

Et d’ajouter : « La vraie raison est que, dans son pays, il a été promu commandant de la région de l'ouest du Kenya. Tout le reste constitue des faux-fuyants ».

La force de l’EAC est critiquée par les Congolais pour son inefficacité. Elle n’arrive pas à combattre le M23 alors que son mandat est offensif. Ce qui fait penser à une complicité. Kinshasa entend évaluer les actions de la force régionale avant de renouveler son mandat qui a pris fin en février dernier. Une réunion des ministres de la défense des pays membres prévue dans ce sens récemment à Goma a été reportée, notamment parce que le Rwanda estimait que ses délégués ne seraient pas en sécurité sur le sol congolais. Une possibilité de délocalisation est en étude. 

La force de l’EAC est composée des troupes du Kenya, de l'Ouganda, du Burundi et du Soudan du Sud. 

Patrick Maki et Sonia Rolley