RDC-violences sexuelles : "la loi sur les réparations est une première en Afrique,"Tatiana Mukanire 

Survivantes des violences sexuelles. Copyrights:Mouvement national
Survivantes des violences sexuelles. Copyrights:Mouvement national

La République Démocratique du Congo dispose désormais d'une loi portant protection et réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité. La nouvelle disposition, adoptée au niveau des deux chambres du parlement, a été promulguée en fin 2022 par le Chef de l'Etat. Tatiana Mukanire qui dirige le Mouvement National des survivant.e.s réagit à ce sujet.

"Nous saluons la promulgation de cette loi sur les réparations. Je tiens à souligner que c’est une première en Afrique et préciser que la RDC vient de se doter d’un instrument qui permettra aux victimes non seulement d'obtenir des réparations mais aussi d’obtenir justice et finalement, de faire leur deuil et aller de l’avant. On peut aussi souligner que cela marque un pas important pour ce qui est de la lutte contre les violences sexuelles et autres crimes pour la paix. Je rends ainsi hommage à toutes les personnes qui se sont battues pour que cela devienne possible", explique-t-elle au Desk Femme d'Actualité.cd 


"L'espoir d'obtenir justice, d'accéder à la vérité et aller de l’avant"


Le texte été présenté et défendu par Albert Fabrice Puela, ministre des Droits humains devant les deux chambres du parlement. Il a expliqué que ce projet de loi permettra de combler le vide juridique lié à la réparation administrative, juridique et d'indemnisation des victimes. Pour Mme Mukanire, ce texte  représente aussi le fait que l’espoir reste permis.  


"Le fait de mettre en place un cadre juridique offre aux victimes la possibilité d’espérer qu’un jour elles pourront obtenir justice, elles pourront accéder à la vérité", ajoute-t-elle. 


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Impliquer également les victimes dans les instances qui seront créées 


Il faut noter qu'en 2021, deux tables rondes ont été organisées en faveur de la création et la mise en œuvre d’un fonds national de réparations en RDC. Celle du mois d’avril, organisée par Global Survivors Fund en collaboration avec le Mouvement National des Survivantes des Violences Sexuelles et la Fondation Panzi ainsi que celle du 20 au 21 octobre 2021, organisée par la Première Dame Denise Nyakeru en tant que Championne des Nations Unies de la Prévention de la violence sexuelle liée aux conflits. Toutes ces assises ont impliqué directement les organisations de défense des droits des victimes. 


RDC : plaidoyer autour des réparations, que réclament concrètement les survivant.es ? 


Concernant les étapes qui doivent suivre la promulgation de cette loi, Tatiana Mukanire revient sur l'importance d'une implication directe des victimes dans la mise en place des instances de réparation. 


"Nous espérons que les victimes seront placées au cœur du processus visant à donner des réparations. Je souligne le fait que la présence des victimes est importante dans toutes les instances qui seront créées dans le but d’appliquer cette loi. Aussi que toute décision devrait être prise après consultation des victimes", a-t-elle insisté. 


Le mouvement national des survivant.es des violences sexuelles en RDC a été créé en 2017 avec l'objectif d’amener les victimes à briser le silence et être des actrices principales du changement et de lutte contre ce type des violences. L'organisation mène plusieurs activités, des campagnes de sensibilisation, des plaidoyers pour que justice et réparation soient rendues aux victimes. En même temps, il essaye de trouver des structures pour la prise en charge médicale ou l’assistance en justice. Ces actions sont menées sur le plan national et international.

Prisca Lokale