RDC: où en sommes-nous avec le retrait progressif de la MONUSCO ?

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Deux casques bleus de la MONUSCO. Ph. Droits tiers.

La MONUSCO n’a pas connu une année facile. Entre les combats qui s’intensifient dans l’Est de la RDC, les manifestations exigeant son départ et la position de plus en plus ferme (du moins publiquement) du gouvernement d’accélérer le processus de désengagement de la mission onusienne, Bintou Keita a eu tu pain sur la planche.

En septembre dernier, Félix Tshisekedi n’avait pas hésité à la tribune des Nations Unies de rappeler’ la décision du Gouvernement congolais de réévaluer prochainement le plan de retrait de la MONUSCO convenu en application de la Résolution 2556 du Conseil de Sécurité de l’ONU.

« C’est pour mettre fin à cette suspicion et dissiper l’ambiguïté de certaines positions du Conseil de sécurité sur la crise sécuritaire à l’Est de la RDC, ambiguïté qui excède la population congolaise et exacerbe la tension entre elle et la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo, MONUSCO, que le Gouvernement de mon pays a demandé la réévaluation du plan de retrait progressif et responsable de cette Mission », avait-il expliqué.

Jusqu-là, aucune avancée majeure n'a été enregistrée à la suite de ces déclarations des autorités congolaises. Cependant, le 15 novembre, le Premier Ministre Sama Lukonde a présidé une réunion, tenue avec la MONUSCO et des membres du Gouvernement, visant à donner suite à la demande de réévaluation du plan de transition formulée par le Président et annoncée en août 2022. Lors de cette réunion, il a été décidé de poursuivre les consultations dans le cadre d’un groupe de travail conjoint.

Sama Lukonde a déclaré, d’après le compte rendu du conseil des ministres, que le gouvernement a réitéré sa position quant à la réduction du délai pour le départ de la Monusco. Nuance. Le gouvernement dit demeurer toutefois disposé à travailler avec la mission Onusienne jusqu'au jour de son retrait effectif et cela conformément à la feuille de route mise en place de commun accord.

De son côté, la MONUSCO a poursuivi ses échanges avec les parties prenantes nationales, notamment la société civile et les associations de femmes et de jeunes, afin de les sensibiliser au plan de transition conjoint et aux jalons qui y sont définis.

Sur le terrain, l’antenne de la Mission au Tanganyika a été fermée en juin 2022. A la suite de cette décision, les autorités locales, les organismes, fonds et programmes des Nations Unies et d’autres parties prenantes dans la province ont élaboré un plan de travail conjoint des Nations Unies pour la province du Tanganyika en vue de préserver les acquis. Ce plan, dit l’ONU, s’appuie sur les recommandations et les mesures de suivi convenues dans cinq groupes thématiques sur la protection et les droits humains, la stabilisation, l’appui aux institutions de l’État, les opérations et la communication stratégique. La MONUSCO a poursuivi la réinstallation de l’équipe restante, composée de 29 membres du personnel au Tanganiyka, dans les locaux des organismes, fonds et programmes des Nations Unies à Kalemie, un processus qui avait débuté en juillet.

La MONUSCO a par ailleurs réalisé une étude d’impact pour la période allant d’avril à octobre. Les résultats de cette étude seront utilisés pour faciliter le dialogue politique et l’exécution du mandat de la Mission, explique Antonio Guterres. Pour rappel, ladite étude a fait ressortir des tendances concernant l’impact de la Mission sur la menace posée par les groupes armés, la capacité nationale de protéger les civils, de régler les conflits, de rendre la justice et de respecter les obligations internationales en matière de droits humains, ainsi que la participation inclusive aux processus politiques.

Pour la suite du désengagement de la MONUSCO, la résolution renouvelant le mandat d’un an le mandat de la mission sera à scruter avec intérêt.