Jules Alingete est le responsable n°1 de l’Inspection générale des finances (Igf) en RDC. A ce titre, l’article 10 de l’Ordonnance n°87-323 portant création de l’Inspection générale des finances, en abrégé «I.G.F.». du 5 septembre 1987 lui confie la responsabilité de superviser et de coordonner « l'ensemble des activités de l’Inspection générale des finances » et de faire « régulièrement rapport au président de la République ou à son délégué des missions d'inspection ou d'enquêtes exécutées ». Parmi ses tâches, il y a notamment celles de « superviser l'exécution des missions d'inspection ou ‘d'enquêtes ordonnées’ » et de « centraliser les conclusions, recommandations et mesures découlant des rapports de missions d'inspection ou d'enquête et en faire rapport au président de la République ou à son délégué » …
Pour avoir délivré en date du 24 juin 2022 un ordre de mission à une équipe de contrôle pour des objectifs précis dans l’ex-Katanga, il devait en toute logique recevoir de ses mandataires un rapport sur le contrôle effectué auprès de la Sicomines S.A., quitte à décider en conséquence.
Or, c’est par une lettre du 21 septembre 2022 que l’équipe de contrôle de l’Igf a signifié à la Sicomines la suspension des droits d’exonération déterminés dans la convention entre la RDC et le Groupement d’entreprises chinoises connu sous le vocable contrat sino-congolais. Cette lettre a ceci de singulier qu’elle n’a pas été signée par l’Inspecteur général des finances-chef de service Jules Alingete. Et encore, son équipe n’a même pas jugé utile de requérir son avis de son mandant. Pire, de sa propre initiative, elle a instruit la Direction provinciale des Douanes et Accises de l’ex-Katanga qui, elle, ne doit obéir qu’à sa Direction générale, elle-même, laisse-t-on croire, surprise de ne rien savoir de cette affaire.
Ainsi, une équipe de contrôle se passe de l’autorisation de Jules Angete, ignore la Direction générale des Douanes et Accises, fait peu cas du ministre des Finances ayant pourtantcompétence d’accorder, de suspendre ou d’annuler les exonérations, et agit en toute « souveraineté » !
Qui l’eut cru ? Evidemment, après publication, par Jeune Afrique, de cette décision le 13 octobre 2022, le réseau social Twitter ne s’est pas enflammé contre Sicomines comme certainement l’espéraient les commanditaires. Peter Pham – qui a fait son numéro en amenant en RDC des investissements partis pour ne plus revenir et dont l’aversion vers la Chine et la proximité avec Paul Kagame est de notoriété publique (il est pour le démembrement du pays) – s’en est réjoui le premier. Mais, les Congolais n’ont pas apprécié dans leur majorité ce qui s’apparente à un diktat de la part de l’Igf.
IMAGE TERNIE
Les observateurs avertis sont convaincus qu’il s’agit d’une opération initiée dans le but de discréditer la coopération sino-congolaise.
En effet, la célébration du 50ème anniversaire de cette coopération est intervenue le mercredi 12 octobre 2022 à Kinshasa dans un contexte innovant : à la place de manger, boire et danser, l’ambassade de Chine en RDC a préféré un séminaire d’évaluation des 50 dernières années et de prospective des 50 prochaines années.
Par quoi peut-on justifier le choix de la date du 13 octobre 2022 pour ce qu’on a voulu passer pour un « scoop », à savoir la suspension des droits d’exonération dont bénéficie la Sicomines, alors que la décision a été prise le 21 septembredernier !
Mettre 22 jours pour la rendre publique laisse supposer que des autorités du pays ont été saisies officiellement. Lesquelles ?
On peut supposer qu’en cherchant à mettre sur le compte de Jules Alingete la responsabilité de cette lettre du 21 septembre 2022, les organisateurs du coup ont cherché à l’atteindre pour le discréditer ; la Sicomines devenant ainsi un prétexte.
On devrait s’attendre à du remue-ménage au sein de l’Igfqui, hélas !, voit son image ternie.
Simon Mutombo