L’affaire Vidiye Tshimanga donne un sacré coup à la bonne gouvernance:  comment sortir de la kleptocratie et servir le peuple d’abord ?

Vidiye Tshimanga. Ph. Droits tiers.
Vidiye Tshimanga. Ph. Droits tiers.

Jean-Marc Kabund croupit en prison. L’ancien président a.i de l’UDPS est inculpé notamment pour outrage au Parlement, outrage au gouvernement, offenses envers le chef de l’État et propagation de faux bruits pour entre autres avoir dénoncé « le clientélisme et la corruption à grande échelle dans les institutions ». Rideau! Un conseiller stratégique du chef de l’Etat à la une d’une partie de la presse francophone. Cela n’arrive pas tous les jours. Cette visibilité hélas ne sert pas l’image que prône l’actuel pouvoir.

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En arrivant au pouvoir, Félix Tshisekedi avait placé la lutte contre la corruption au centre de sa politique dite de bonne gouvernance. Insistant sur l’instauration d’un véritable état de droit, le chef de l’Etat congolais avait décidé de créer l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC). C’est un Service spécialisé au sein du Cabinet du Président de la République, et est placée sous son autorité directe, qui se donne pour mission de faire reculer la corruption d’au moins 60% à l’horizon 2026.

Félix Tshisekedi a également réactivé la Cour des comptes avec la prestation de serment de nouveaux en aout 2022 de quelques dizaines de magistrats de la Cour des comptes.

Toujours sur le plan structurel, l’actuel chef de l’Etat a aussi donné plus de vie à l’Inspection Générale des Finances (IGF).

Cependant, des scandales de corruption se multiplient. Par exemple, en février, le gouvernement avait conclu un accord à l'amiable avec Dan Gertler qui détenait des droits sur les blocs 1 et 2 dans le Graben Albertine pour une valeur de deux milliards de dollars. Plusieurs personnalités arrêtées pour des faits de corruption ont recouvré la liberté sans que la vérité ne soit éclatée.

Ces maigres résultats dans la lutte contre la corruption sont également remarqués par la population. Au moins quatre personnes interrogées sur dix estiment que les principales institutions du pays ou leurs animateurs sont « très corrompus » : gouvernement national (41 %), députés provinciaux (42, 2 %), parlementaires nationaux (45,6 %), tribunaux 45, 7%). Chargée d’assurer la sécurité de la population et de leurs biens, la Police nationale congolaise (PNC) trône en tête des institutions les plus corrompues pour 48 % des répondants. Il s’agit de l’une des conclusions du rapport de sondage intitulé « Congolais cherchent démocrates : entre soif de redevabilité et insatisfaction sociale » est très éloquent à ce sujet. Publié le 31 août, il a été réalisé par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC, avec le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci).

Entretemps, la population croupit dans la misère la plus noire et sa condition ne s’améliore guère.

En séjour en RDC cette semaine, Amos Hochstein, envoyé spécial de l'administration Biden et coordinateur des affaires énergétiques internationales, disait attendre plus d’action de la part de Félix Tshisekedi sur la lutte contre la corruption.

« Nous avons été très encouragés par le président Félix Tshisekedi au sujet de l’intérêt qu’il manifeste par rapport à la lutte contre la corruption. Nous voulons le voir en action. Nous souhaitons que ces paroles se traduisent en actions. Dans le secteur des mines, nous voulons voir une réduction significative de la corruption. Si ces progrès se réalisent, vous verrez les genres d’investissements que nous souhaitons voir en RDC », disait-il dans une interview accordée à ACTUALITE.CD évoquant les préalables pour une arrivée massive des investissements dits propres.