Décès maternels en RDC : des soignants se confient sur le manque et la vétusté du matériel

Photo/Actualité.cd
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Pour améliorer la santé maternelle, il convient d’identifier les obstacles qui limitent l’accès à des services de qualité et de prendre des mesures pour y remédier à tous les niveaux du système de santé, souligne l’OMS. En RDC, au moins 4 femmes meurent des complications liées à la grossesse ou l’accouchement. Le desk femme d'Actualité.cd est allé à la rencontre de certains professionnels de la santé.

La plupart des personnes rencontrées ont requis l'anonymat.


Le centre Mère et Enfant Barumbu est opérationnel depuis janvier 1974, il dessert à présent une population évaluée à 450.999 habitants dont les communes à attractions sont Kinshasa, Barumbu, Lingwala, Limete, Kasa-Vubu et Gombe. Ce centre reçoit plus ou moins 1020 parturientes par an avec une fréquence d’environ 3.792 femmes enceintes qui consultent en prénatale. Ces chiffres sont proposés par la plateforme hospitalière, une Asbl en RDC.


Sur place, nous avons pu visiter la chambre des césarisées. Une vingtaine des femmes partagent chacune un lit avec leurs nouveau-nés. Elles ont toutes accouché dans le bloc opératoire, une salle d’environ 10m², située à l’issue d’un couloir sombre. Il n’y a pas d’électricité depuis 6 heures, confient le personnel interrogé.


« C’est aux environs  de 7 heures ce matin que le courant électrique a été coupé. Nous avons un ancien groupe électrogène mais il ne répond plus aux besoins de l’hôpital. Il a été déclassé », explique un infirmier.


Dans le bloc, un aspirateur, une armoire, de l’oxygène, un stabilisateur, deux bassins, une table d’accouchement vétuste, le tout posé sur un sol délavé.

«Notre matériel nécessite d’être réhabilité. Il nous arrive souvent de gérer plusieurs cas d’accouchement par césarienne ou d’opération au même moment. Nous avons une grande salle qui peut être réhabilitée et équipée. L'infrastructure actuelle ne nous permet pas d’offrir un service de qualité. Lorsqu’il y a urgence par exemple, nous sommes obligés d'exploiter des stratégies développées par le centre pour opérer, nous réalisons des interventions chirurgicales sur du matériel de transport d'urgence», a-t-il ajouté.


Gynéco-obstétricien depuis près de 8 ans dans ce centre, un membre du personnel renchérit, « Nous rencontrons de nombreuses difficultés dans la prise en charge des malades et des femmes enceintes. Il y a par exemple le manque du plateau technique qui constitue la plus grande difficulté.14 femmes ont accouché par césarienne le mois dernier. Par mois nous réalisons au minimum, 20 accouchements par césarienne ».


Insuffisance au niveau du matériel


A l’hôpital général de référence de Ngaba (District de Mont-Amba), un centre mère et enfant est également installé. Dans la salle d’accouchement, une table, un aspirateur, le pèse bébé, dans un espace d’environ 4/4 mètres. L’hôpital qui reçoit souvent des démunis plaide pour plus d’équipement afin d’améliorer les services.


« Il faut des trousses d’urgence toujours disponibles. Etant donné que nous sommes un centre de référence, nous accueillons des centaines de démunis. Des femmes qui n’ont pas de moyens financiers et qui sont déjà à terme. Elles nous viennent de presque tous les districts. Nous recevons aussi des filles de la rue (Shégués). Nous recevons des cas de grossesses issues de viols. Le gouvernement devrait nous doter de matériel suffisant. Nous recevons en moyenne 40 femmes qui accouchent par semaine », confie une sage-femme.


Dans le bloc opératoire, l’équipe nettoie du matériel après un accouchement par césarienne. « Pour offrir des services de qualité aux femmes, il faut aussi du matériel de qualité. Nous venons de réaliser un exploit. Un cas de souffrance fœtale vient d’être résolu », a précisé une autre sage-femme. 

  
L’Hôpital Général de Référence de N’djili est situé au quartier 7 dans la commune de N’djili (District de la Tshangu). Il a vu le jour en 1952 sous forme d’un dispensaire qui n'administrait que des soins externes, il dépendait à cette époque de l’hôpital de Léopoldville et il était sous tutelle administrative du centre extra-coutumier de Kasangulu.

Ses bâtiments ont été construits en 1958. C’est en mai 1997, qu’il devient hôpital général de référence de N’djili (zone de santé de N’djili). Il a une capacité de 150 lits. Au service gynéco-obstétrique, un membre du personnel a également décrit les besoins en matériels.


« Nous ne pouvons pas dire que nous manquons de matériels (pinces, ciseaux, gants…). Mais ils sont insuffisants. Ici, nous recevons en grande partie, des césarisées. Le site a une capacité de 20 lits, répartis en deux. Mais nous recevons plus de 30 femmes qui accouchent par césarienne. Ce qui nous pousse à les délocaliser. Au niveau du matériel, nous ne pouvons pas faire des pansements en une fois pour toutes les femmes. Il faut faire à chaque fois des pauses pour stériliser le matériel », explique la sage femme rencontrée sur place.


Il faut noter que selon les « Normes et directives de santé de la reproduction » publiées en 2012 par le ministère de la santé, le CS/Maternité de base et l’HGR avec service de gynéco-Obstétrique doivent être dotés des médicaments, intrants et consommables conformément à la liste nationale des médicaments essentiels, spécifiquement pour l’assistance qualifiée à l'accouchement. Ladite liste comprend environ 15 médicaments, notamment des Anticonvulsivants, des antihypertenseurs, utérotoniques, anesthésiques, des solutés ainsi que des ARV. Cependant, tous les centres parcourus ont confié ne pas disposer de la totalité de ces produits.

Prisca Lokale