RDC : l'actualité de la semaine vue par Maguy Mbuku

Photo/ Droits tiers
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De la célébration du 08 mars en passant par l'appel de la CENCO aux groupes armés, les recommandations de la Commission Défense et Sécurité de l'assemblée nationale concernant l'état de siège, la guerre Russie-Ukraine et la communication autour de l'état de santé du chef de l'Etat, la semaine qui s’achève a été riche en événements. Maguy Mbuku Muzembe revient sur chacun d'entre eux.

Bonjour Madame Maguy Mbuku et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Maguy Mbuku : Je suis journaliste avec plus de 15 ans d’expériences. J’ai passé une bonne partie de ma carrière dans l’audiovisuel. J’ai travaillé à la RTAE et Mirador TV. Au niveau de la Rtga, j’ai été présentatrice du journal télévisé, et animatrice de l'émission "Femina". C’est à partir de là que j’ai découvert ma passion pour la promotion de la femme. Je suis Directrice Générale de PourElle.info, un média du Groupe EXKLUZIVA Communication, spécialisé dans les activités des femmes. Nous avons aussi lancé le Journal télévisé des femmes diffusé sur 3 chaînes de télévision. 
Je suis également l’initiatrice du Palmarès des 50 Femmes qui Inspirent, publié le 01 Mars de chaque année depuis 2019. 
Enfin, je travaille pour la communication de plusieurs femmes qui occupent des postes de responsabilité. 

La semaine a été marquée par la célébration de la journée internationale des droits des femmes autour du thème mondial « égalité des sexes pour un avenir durable » et du thème national « Promouvoir l’autonomisation des femmes et des filles ainsi que l’égalité des sexes dans le contexte de lutte contre le changement climatique et de réduction des risques de catastrophes ». Que pensez-vous de ces thèmes ? 

Maguy Mbuku : un lien existe entre le genre, l'équité sociale et les changements climatiques. J’estime que sans la participation active de la femme, il est peu probable que l'on puisse parvenir dans l'avenir à des solutions en matière de durabilité de la planète et d'égalité des sexes. Concernant le thème retenu en RDC, j’estime qu’en portant ce choix, l'objectif est celui de sensibiliser toutes les femmes de la République Démocratique du Congo à l'action climatique pour un meilleur environnement.

Au nombre des activités menées à Kinshasa dans le cadre de cette célébration, il y a eu la troisième édition de la Foire des femmes des médias au chapiteau du collège Boboto. Évènement auquel vous avez pris part. Concrètement, comment les femmes évoluant dans le secteur médiatique en RDC contribuent-elles au développement durable ? 

Maguy Mbuku : le développement durable se fonde généralement sur trois piliers: l'équité sociale, l’efficacité économique et la qualité environnementale. Les femmes des médias contribuent par leurs manières d'assurer la diffusion des informations et des programmes touchant aux questions de développement durable. 

Célébrer les droits des femmes ramène à faire une évaluation des progrès réalisés en faveur de cette lutte et des défis qui restent à relever. En RDC, pourriez-vous en énumérer quelques-uns ?

Maguy Mbuku : la RDC a fait du chemin. Il y a des avancées enregistrées notamment sur la participation politique des femmes, bien que cela soit encore faible. La représentativité des femmes dans le gouvernement central est passée à 27% actuellement. Ce qui donne de l'espoir que bientôt la RDC va atteindre les 50/50 tel que mentionné dans la constitution. 
Comme défis à relever, je pense qu’il faut que les femmes soient unies, créent des synergies fortes, continuent à renforcer leurs capacités. Qu’en cherchant à atteindre la sphère décisionnelle, les femmes n’aient pas uniquement pour discours, "les droits des femmes". Mais que le discours soit communautaire, axé sur l'éducation. Elles doivent se spécialiser dans les questions qui touchent la population, elles doivent aussi investir dans la communication. La révolution de l'information accroît considérablement les possibilités de partager l'information d'un bout à l'autre de la planète. En RDC, si peu de femmes s'investissent dans la communication, certaines ont des conseillers en communication qu'elles n’écoutent même pas. 

 La visite du Pape François en RDC est annoncée pour début juillet. En préparation à cette visite, la CENCO appelle les responsables des mouvements armés et leurs parrains politiques à faire taire les armes définitivement. Que pensez-vous de ce message ? 

Maguy Mbuku : je soutiens cet appel de la CENCO. Nous avons tous besoin de la paix. La guerre a trop duré dans ce pays, alors tous les acteurs doivent faire taire leurs armes et se mettre autour d’une table pour discuter et trouver une solution pour avoir une paix durable.

Toujours en sécurité, le Premier Ministre Sama Lukonde a examiné, avec les députés nationaux membres de la commission Défense et sécurité de l’Assemblée nationale, les recommandations formulées en rapport avec l'état de siège en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. Quelles sont vos attentes après cette rencontre ? 

Maguy Mbuku : En tant que congolaise, je suis simplement pour le retour de la paix dans les zones en conflits où les femmes et les enfants ne cessent d’être tués. Si ces recommandations font en sorte qu’il n’y ait plus de guerre, nous les soutenons. Nous n’attendons que le retour de la paix, la paix rien que la paix.

En santé, le gouvernement a pris acte des états de besoins élaborés par les Directions provinciales de Santé de l’Ituri et du Nord-Kivu. Quelles sont vos recommandations après ces rapports transmis au gouvernement ? 

Maguy Mbuku : je propose que ces infrastructures sanitaires détruites par les groupes armés dans les provinces sous état de siège, soient réhabilités et pourquoi pas en construire d’autres, les équiper en matériels et en médicaments pour soulager tant soit peu les malades et les victimes de ces atrocités.

Cette semaine, un média belge a annoncé que le président Tshisekedi était en Belgique pour subir une opération à cœur ouvert. Information qui a été démentie par la présidence qui précise qu’il était question d’une hernie discale. Que pensez-vous de la manière dont l’information autour de la santé du chef de l'État a été gérée par ses services de communication ?

Maguy Mbuku : nous devons tous interioriser le fait que bien que la Présidence de la République soit la première « Institution » du pays, le Chef de l'État Félix Tshisekedi est un être humain. A ce titre, il n’est pas exempté des soucis de santé et ne peut rien prédire au sujet de son avenir sanitaire. Ses services de communication ont joué leurs rôles c’est normal. Je m'interroge sur l'agitation suscitée dans certains médias et réseaux sociaux à ce sujet. Le check-up médical, connu comme un exercice ordinaire chez les hommes, les femmes et les enfants soucieux de connaître leur état sanitaire général, aurait dû rester une affaire de son cercle familial.

Que pensez-vous des récents développements de la guerre en Ukraine ?

Maguy Mbuku : j’estime que les armes parlent maintenant, mais la voie du dialogue doit toujours rester ouverte. Que les Etats pensent aux femmes et aux enfants victimes de cette guerre pour retrouver la paix.

Propos recueillis par Prisca Lokale