Procès Chebeya : Paul Milambwe témoigne qu’après le double meurtre, Joseph Kabila lui aurait dit, "Moi et le général Numbi, nous allons t’évacuer à Lubumbashi "

Le commandant de sécurité à l'Inspection générale de la Police nationale congolaise (PNC) et chargé de la sécurité à l'Inspection, Paul Mwilambwe a comparu ce mercredi devant la Haute cour militaire dans le cadre du procès sur le meurtre en juin 2010 de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana. Il a témoigné avoir parlé au téléphone avec l’ancien Président de la République Joseph Kabila après l'assassinat de Chebeya et Bazana.  À en croire ses propos, l'ancien président lui avait annoncé qu'il devrait voyager à Lubumbashi. Dans ses dépositions, il a aussi indiqué avoir eu des contacts téléphoniques avec John Numbi via l'Auditeur des FARDC de l’époque, le général Joseph Ponde. Le général John Numbi avait dit à l’Auditeur général des FARDC que Joseph Kabila devrait l’appeler pour parler avec Mwilambwe.

" Nous étions avec le général Ponde; le général John Numbi a appelé pour causer avec moi. Le général Ponde en ma présence, a décroché mais le général Ponde était malin, il a mis le téléphone sous haut parleur pour qu'il écoute la conversation entre moi et John Numbi. Le général John Numbi était prudent ou pas, je ne sais pas. Il m'a parlé en swahili disant “il ne faut pas dire tout ce que tu avais vu à l'Inspection Générale”. Quand il parle, le général Ponde écoute. Et puis le général John Numbi dit: “Mwilambwe, on va te protéger, moi et le Président [Kabila], on va te faire sortir du pays mais il ne faut pas dire tout ce que tu as vu à l'inspection générale"", a relaté Paul Mwilambwe devant la Haute cour militaire.

Et de poursuivre :

“Après il a coupé. Il a encore rappelé pour la deuxième fois le Général Ponde; il lui a demandé si le Président [Kabila] l'a appelé, il dit en swahili le Raïs. Il a appelé encore pour la troisième fois le général Ponde, ce dernier m’a donné le téléphone et le général Ponde a mis le haut parleur. Et il m’a dit “reste toujours dans la même position parce que le général Ponde vient de nous dire que tu as nié, c'est très bien pour toi, nous allons t'évacuer”. Arrivé entre 18h00, 19h30, le président [Kabila] lui-même a appelé. Le général Ponde avait deux téléphones, pendant sa conversation avec le général Numbi, son deuxième téléphone sonne. Le général Ponde a dit “honneur mon général, le Raïs a appelé.” Quand le Rais appelle il pose la question au général Ponde: “est-ce que Mwilambwe est là ? Passe-le moi au téléphone”. Le Président m'a dit: “Ne dis pas à Ponde ce que tu as vécu. Reste tel que tu es, militaire. Moi et le général Numbi, nous allons t'évacuer à Lubumbashi”.  C'est là que j'ai su que je devrais partir à Lubumbashi".

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Ce mercredi après cette audience, la structure la voix de sans voix dont Floribert Chebeya était le directeur a soutenu  le collectif des avocats des parties civiles  qui a demandé à la Haute Cour Militaire de faire comparaître toutes les personnes citées dont l’ancien Président Joseph KABILA.

L'affaire est renvoyée au vendredi prochain pour la poursuite de l'instruction avec la confrontation des prévenus et témoins après les dépositions de Mwilambwe. Ce dernier est le témoin clé dans cette affaire. Il a été condamné par contumace en première instance alors qu'il était en exil. Dix ans après, il revient au pays et apporte ses témoignages en appel. Paul Mwilambwe avait reçu Chebeya et Bazana à la réception de l’Inspection générale de la police nationale congolaise le 1 juin 2010. Ces deux activistes étaient allés répondre à l'invitation du général John Numbi, alors numéro 1 de la police.

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Ivan Kasongo