RDC : ce qui attend le gouvernement Sama Lukonde

Sama Lukonde

Le gouvernement de l’Union sacrée de la Nation est connu. Il est composé de 57 membres y compris le Premier ministre Sama Lukonde. Plusieurs défis attendent l’équipe gouvernementale au regard de la détérioration des tissus socio-économiques mais surtout la situation sécuritaire qui s’est sensiblement détériorée dans l’est du pays.

Du point de vue socio-économique : la prise en charge des enseignants dans le cadre de la gratuité de l’éducation de base pose toujours des problèmes. Dans plusieurs écoles, notamment catholiques dans certains coins du pays, les élèves sont soumis aux travaux champêtres pour produire et vendre les moissons afin de payer les enseignants. Lundi 12 avril  d’ailleurs, l’intersyndicale de l’EPST avait prévu de déclencher une grève. Les enseignants sont revenus sur leur mot d’ordre après que la BCC a promis de décaisser l’argent ce lundi.

Sur le marché à Kinshasa tout comme dans d’autres villes du pays, les prix des biens et services ne cessent de grimper. Une plaquette d’œufs qui se négociait à 4 000 FC est passé à 10 000 FC ; le prix ont augmenté au moins de 10 000 FC pour le sac de charbon de braise qui est passé de 30 000 FC à 40 000 FC ; également pour le carton de poissons chinchards de 30 kg 20+ et celui de poissons salés de 9 kilos, le sac d’haricots de 100 kg en provenance de la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu, le sac du riz de 50 kg en provenance de l’Asie précisément, de la Thaïlande et de la Chine, le sac  du sucre de 50 kg en provenance de Kwilu Ngongo dans le territoire de Mbanza-ngungu, dans la province du Kongo central ainsi que le sac de semoule de 25 kg.

Tout est prioritaire. La dégradation des infrastructures routières est également concernée. Les routes nationales ainsi que les routes de desserte agricole sont dans un état de délabrement avancé à travers le pays. Les ponts tel que celui jeté sur la rivière Kasaï, sur la RN1 s’est effondré depuis plus de trois mois et aucune intervention à ce stade pourtant il relie Kasaï-Kasaï Central- Lubumbashi- Kinshasa.

Dans le secteur de la santé, de multiples maladies endémiques dont la rougeole et le choléra. A cela s’ajoute l’épidémie d’Ebola qui resurgit fréquemment au pays. La 12e épidémie qui a fait 11 morts à Butembo attend d'être complètement finie. A cela s'ajoute la pandémie de Covid-19 qui a déjà fait 745 décès.

Le plus grand défi reste la sécurité. L'épicentre de l’insécurité au pays demeure la région de Beni où sévissent les combattants des Forces démocratiques alliées (ADF). Selon le rapport de la CENCO, 6 000 personnes ont été tuées de 2013 à Beni, alors qu’en Ituri 2000 morts ont été enregistrés pour la seule année 2020. Cette situation a entraîné des déplacements massifs des populations dans la région abandonnant des villages entiers entre les mains des assaillants. Le Parlement a d’ailleurs mis en place une commission d'enquête sur la situation sécuritaire dans 8 provinces (l’Ituri, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema, du Haut-Uele, du Bas-Uele, du Haut-Katanga et du Haut-Lomami).

Le nouveau gouvernement doit faire face à plus de 130 groupes armés présents dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, qui s’affrontent pour d’innombrables raisons, rapporte le Groupe d’Etude sur le Congo. Il faut des moyens. En 2019, le budget de l'armée était de 331 millions USD soit 5,74% du budget national.