Juriste de formation et militant des droits humains,Guillaume Ngefa Atondoko a officiellement pris ses fonctions de Ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux au sein du gouvernement Suminwa II. La cérémonie de remise et reprise avec le ministre intérimaire Samuel Mbemba, actuellement nommé Ministre des Droits Humains a eu lieu mardi 12 août 2025 à Kinshasa sous la supervision de Jean Albert Ekumbaki Ombata, Secrétaire Général du gouvernement.
"Aujourd'hui, en prenant officiellement mes fonctions de ministre de la Justice et Garde des Sceaux, je ressens avant tout une grande humilité mais aussi une grande responsabilité. C'est un honneur de servir notre pays dans ce domaine si essentiel à notre vie collective. Je remercie le Chef de l'État Felix-Antoine Tshisekedi pour la confiance qu'il m'accorde, mes remerciements s'étendent aussi à la première ministre. Je sais que cette mission est exigeante, je l'aborde avec la volonté sincère de travailler pour que la justice soit plus proche des citoyens, des victimes, plus équitable et plus digne de la confiance de notre peuple", a déclaré le nouveau Garde des Sceaux congolais dans son mot de circonstance.
Succédant à Constant Mutamba dans un contexte marqué des grandes attentes au niveau de la justice, cet ancien fonctionnaire du système des Nations-Unies a dévoilé son plan de travail à la tête de ce portefeuille stratégique de la République Démocratique du Congo.
"La Justice ce n'est pas seulement des lois et les tribunaux encore moins les prisons, c'est d'abord un lien de confiance entre l'État et les citoyens, le lien que nous devons entretenir et réparer là où il est fragilisé. Dans les mois à venir, je mettrai l'accent sur l'amélioration des conditions de travail des acteurs du système judiciaire et la formation de nos magistrats et personnels judiciaires, une lutte déterminée contre la corruption et l'impunité en commençant par donner l'exemple, la modernisation de nos outils pour que la justice soit rapide et transparente et plus accessible, l'humanisation de nos prisons et les conditions de détention", a révélé Guillaume Ngefa Atondoko, ancien membre et fondateur de l’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), l’une des premières ONG indépendantes de défense des droits humains en RDC.
L'ancien directeur de la division des droits de l'Homme de la Mission des Nations unies au Mali, Guillaume Ngefa-Atondoko Andali a promis de mettre un accent sur les différents dossiers des contentieux au niveau international et régional en vue d'assurer la défense et les intérêts de la République Démocratique du Congo.
"Une attention particulière à la justice de proximité notamment pour les victimes, les jeunes et les communautés éloignées. Enfin, j'aurai une attention soutenue pour le suivi du contentieux international et régional en cours dans lesquels la République Démocratique du Congo est engagée. Je sais que la tâche est grande mais je sais aussi que nous ne sommes pas seuls", a fait savoir Guillaume Ngefa-Atondoko Andali.
Le nouveau ministre de la Justice fait face à de nombreux défis. Le plus grand chantier concerne l'impunité des crimes économiques, notamment les soupçons de détournement et de blanchiment de capitaux. De nombreuses personnes sont détenues depuis des années sans régularisation de leur détention, simplement parce qu'elles ou leurs familles n'ont pas satisfait aux exigences pécuniaires des magistrats. La lenteur de la justice, les délais rarement respectés et l'interférence de certaines autorités politiques sont également des problèmes majeurs qui impactent l'indépendance de la magistrature.
Le Président Félix Tshisekedi a souvent exprimé son insatisfaction concernant l'état de la justice en RDC. Il a notamment déclaré l’année dernière : « J’ai besoin d’une justice qui est correcte, qui est efficace. C’est sur cette justice que nous bâtirons l’État de droit que nous voulons. Cet État qui va transformer le Congo ». Tshisekedi a souligné que la justice pourrait être considérée comme la tache d’huile sur son premier quinquennat.
Le nouveau ministre de la Justice aura la mission de mettre en œuvre les différentes recommandations issues des états généraux de la justice organisés par son prédécesseur Constant Mutamba. Guillaume Ngefa-Atondoko Andali aura également pour défi de stabiliser les relations entre le ministère de la justice et le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), relation qui a été tendue durant tout le règne de Constant Mutamba à la tête de ce portefeuille.
Clément MUAMBA