Gouvernement Suminwa II: face à la gronde des militants du parti présidentiel, Augustin Kabuya joue à l'apaisement et rassure que Félix Tshisekedi n'a pas bradé le quota de l'UDPS

Alors qu'il était annoncé comme "resserré" et ouvert aux autres forces socio-politiques congolaises, le gouvernement Suminwa II a subi moins de changement qu’attendu par rapport à la précédente équipe gouvernementale. La nouvelle équipe compte 15 nouvelles figures, 21 membres reconduits et 17 membres reconduits mais permutés.

Cette situation a suscité des réactions dans l'environnement sociopolitique y compris au sein du parti présidentiel UDPS/Tshisekedi qui reproche au Chef de l'État Félix Tshisekedi de ne pas récompenser suffisamment sa formation politique au regard de son poids. Une version des faits rejetée par Augustin Kabuya, Secrétaire Général de l'UDPS/Tshisekedi pointant du doigt une campagne de diabolisation contre Félix Tshisekedi venant des adversaires politiques.

"J'ai vu l'armée numérique de Moïse Katumbi, celle de Joseph Kabila et celle des gens du M23 qui sont en train de relayer des fausses informations disant qu'à l'UDPS ça ne va pas, l'UDPS est désormais contre Félix Tshisekedi. Non non là ce n'est pas l'UDPS, c'est leur propre UDPS made in M23, l'UDPS de Félix Tshisekedi est toujours derrière Félix Tshisekedi, le Chef de l'État. Ils ne peuvent pas vous conduire dans leurs mensonges, moi je fus informateur et s'il y a quelqu'un qui est mieux placé pour parler du quota de l'UDPS en termes de postes ministériels c'est bel et bien moi, personne ne peut vous tromper que l'UDPS n'a pas été servi, le premier témoin c'est moi, en ce qui concerne le quota de l'UDPS", a indiqué Augustin Kabuya lors d'une matinée politique lundi 11 août 2025 à Kinshasa.

Tout en défendant Tshisekedi, Augustin Kabuya reconnaît la frustration liée à la reconduction de certains membres mais rassure que le Chef de l’Etat n'a pas privé l'UDPS de ses droits au sein du gouvernement Suminwa II.

"Si vous me dites que dans la répartition, telle ou telle autre personne ne méritait pas d'être reconduite là, c'est un autre débat mais dire que nous l'UDPS, nous sommes devenus des brouettes, tous les postes de l'UDPS ont été donnés à d'autres personnes non ça, c'est la malhonnêteté politique. L’objectif poursuivi est de vous manipuler et vous monter contre le Chef de l'État, j'insiste moi j'étais informateur, si vous vous souvenez dans la restitution de ma mission faite ici, je vous avais annoncé que si on reçoit beaucoup de ministères ça ne sera pas au-delà de 8. Je demande à ceux qui se sont inscrits sur la voie d'intoxiquer les combattants, de faire marche arrière, ce n'est pas vrai. Prenons la liste des élus UDPS au niveau de l'Assemblée nationale sans les mosaïques, nous avons 76 députés, un calcul simple on a droit à 7 à 8 postes ministériels. Le Chef de l'État Félix Tshisekedi n'a pas privé l'UDPS de ses droits comme cela est en train d'être dit, des messages selon lesquels le Chef de l'État a déjà oublié l'UDPS, ceux qui pensent ainsi c'est de la malhonnêteté et de la méchanceté politique", a martelé le député national Augustin Kabuya, Secrétaire Général du parti présidentiel.

À titre indicatif, l'élu de la circonscription électorale de Mont Amba revient sur les différents membres du parti présidentiel au sein du gouvernement Suminwa II sans toucher au quota des mosaïques.

"Le VPM, Ministre de l'Intérieur Shabani, le VPM, Ministre de la Défense nationale Guy Kabombo, le VPM, Ministre de la Fonction publique Lihau Jean-Pierre, Alexis Gisaro Ministre d'État, Ministre de l'Urbanisme et Habitat, Doudou Fwamba Ministre des Finances, Ministre de la Santé Publique Samuel Roger Kamba, Ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire, recherche scientifique et innovations Marie-Thérèse Sombo, Maman Eugénie Tshela Kamba Vice-Ministre de l'intérieur, maintenant dites moi de quel quota de l'UDPS dont vous accusez le Chef de l'État de vous avoir arraché pour donner à ses amis ?  Moi, comme gardien du temple je ne peux pas permettre ou tolérer pareille campagne de mensonge qui sape l'image et l'honneur du Chef de l'État", a-t-il martelé.

Annoncée depuis plusieurs mois, le gouvernement Suminwa 2 a été dévoilé dans la nuit du jeudi au vendredi 8 août 2025. Il comprend 53 membres, dont 6 vice-Premiers ministres, 12 ministres d'Etat, 24 ministres, 5 ministres délégués et 6 vice-ministres. Selon la cellule de communication de la Primature, c'est une équipe remaniée, qui mixe expérience, expertise et sang nouveau. Plus de 60% des membres du Gouvernement précédent sont reconduits ; certains au même portefeuille, alors que d'autres sont permutés. 

‎La nouvelle équipe gouvernementale s'ouvre un peu plus à l'opposition et à la société civile. Des figures connues de l'opposition y font leur entrée, avec, entre autres, l'ancien Premier Ministre Adolphe Muzito Fumutshi qui est nommé Vice-premier ministre chargé du Budget, un portefeuille qu'il avait déjà occupé au sein du Gouvernement Gizenga, entre 2007 et 2008. Il y remplace Aimé Boji, qui va à l'Industrie comme Ministre d'Etat, après avoir passé plus de quatre ans au ministère du Budget. 

‎Floribert Anzuluni Mavatiku, ex-candidat à la présidentielle et ancien coordonnateur du Mouvement Filimbi, très critique envers le pouvoir en place, fait lui aussi son entrée comme Ministre de l'Intégration régionale, en remplacement de Didier Mazenga, nouveau Ministre du Tourisme. Guillaume Ngefa, c'est le nom du tout nouveau Garde des Sceaux du pays. Fondateur de l'Association zaïroise des droits de l'homme (Asadho, actuellement Asadho), il est connu comme un fervent militant des droits humains de renommée internationale, qui a été forcé à l'exil par le régime précédent. 

Pour des raisons d’efficacité, il a été procédé à la fusion de certains portefeuilles. C'est le cas au ministère de l'Enseignement supérieur et universitaire, qui hérite de la Recherche scientifique et Innovation. Le ministère des Affaires Etrangères où Thérèse Kayikwamba Wagner a été reconduite, se chargera aussi désormais de la diaspora congolaise. ‎Et pour se conformer aux impératifs du marché moderne, il a été créé un ministère de l'Economie numérique.

Clément MUAMBA