Comment juger les politiques qui vont être nommés dans le prochain gouvernement ?

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Suite au lancement de l’Union sacrée de la nation décrétée par le Chef de l’Etat en octobre 2020 et plus particulièrement dans la perspective de la mise en place du prochain gouvernement qui va en découler, on constate que les politiciens congolais sont en train de croiser le fer à propos de la qualification des candidats ministrables.

La question qui se pose est celle de savoir sur base de quels critères les politiciens doivent-ils être reconnus comme étant de bons politiciens, bons à élire par les citoyens ou encore compétents et capables d’assumer des responsabilités au sein du gouvernement ? Est-ce que la détention d’un diplôme - dans quel domaine déjà ? - suffirait pour être considéré comme un bon politicien, de surcroit éligible à la tête du pays ou à celle d’un parti politique ?

Les critères d’éligibilité ne devraient pas uniquement porter sur l’appartenance à tel parti ou à telle famille politique. Les décideurs en dernier ressort devraient également examiner les qualités de l’homme politique prétendument capable d’assumer des fonctions ministérielles.

Loin de moi l’idée de prétendre apporter une conclusion aux discussions en cours, conclusion qui donnerait raison à tel ou tel camp politique. Là n'est pas mon intention. Je veux juste offrir quelques éléments de réflexion qui pourraient offrir une plateforme plus large aux débats. A mon humble avis, d’autres aspects devraient normalement être examinés pour juger de la qualité d’un homme politique susceptible de devenir ministre. On a vu à travers le monde des hommes et des femmes faire montre de qualités intrinsèques qui leur ont permis de vivre des expériences politiques fructueuses pour leurs pays respectifs.

De prime abord, il faut mettre en exergue le principe qui consiste à reconnaître à tous citoyens des droits imprescriptibles dont le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit à la poursuite du bonheur, etc. Afin de garantir et de protéger ces droits, des gouvernements sont constitués parmi les citoyens, normalement sur base du consentement des gouvernés. Les constitutions sont également élaborées et mises en place dans le but de sécuriser, de protéger et de promouvoir la bonne gouvernance ainsi que la responsabilité et le bien-être de tous les gouvernés. Les gouvernants qui sont des représentants élus parmi les citoyens sont qualifiés de politiciens. Ces politiciens sont appelés à implémenter des reformes sociales et des mesures politiques susceptibles de contribuer au bien-être de la population.

La plupart des dictionnaires définissent la politique comme étant « la science et l’art de gouverner », ou encore comme « l’ensemble des relations sociales impliquant l’autorité et le pouvoir ». Le politicien est alors « une personne qui est engagée dans la politique ou qui est intéressée par la politique », au point d’y consacrer l’essentiel de son temps. Il est donc activement impliqué dans la politique ou il exerce déjà une fonction politique. Ce faisant, il influence la politique publique et la prise des décisions par le gouvernement. Il joue ainsi un rôle éminemment important dans la vie des gouvernés que nous sommes. Ainsi, les meilleurs politiciens sont ceux qui servent le peuple et se considèrent effectivement comme les serviteurs des citoyens. Ils représentent l’espoir, les aspirations et les intérêts de chaque citoyen de la nation.

Au regard des pratiques en RD Congo, il apparaît que les citoyens se posent rarement la question de savoir quelles sont les qualifications d’un bon politicien. Les critères sont définis et connus d’avance pour devenir un bon infirmier, un bon enseignant, un bon juge ou un bon avocat, un bon chauffeur… Mais quels sont les critères pour définir un bon leader politique ? Est-ce le politicien qui est riche et distribue de l’argent aux gouvernés ? Est-ce le politicien qui est issu de ma tribu, de mon clan ou de ma province ? Est-ce le politicien qui est mon coreligionnaire ? Pour beaucoup de gens, le choix du politicien est juste une question d’affiliation au parti. Mais les citoyens ne devraient-ils pas être plus exigeants en recourant à des critères plus spécifiques et plus rassurants ?

Un bon politicien dispose sans doute de qualités intrinsèques personnelles et naturelles, même s’il est aussi le produit d’influences externes. On remarque chez les bons politiciens des capacités, de l’intelligence, de l’expérience, de l’intégrité et par-dessus tout de l’honnêteté, toutes ces qualités pouvant alors se combiner pour lui permettre d’atteindre des objectifs.

Le bon politicien prend des décisions et accepte la responsabilité de ses déclarations et de ses actes. Dans ses relations avec les citoyens qu’il est sensé bien connaître, il tient ses promesses afin d’être considéré comme une personne digne de confiance. Il aime le peuple avec son cœur et son âme et ne pense qu’à aider ses concitoyens pour affirmer son engagement de politicien responsable. Il a de la compassion pour les citoyens et le prouve en démontrant qu’il comprend la souffrance des autres, qu’il est capable de se mettre à leur place et tient à intervenir pour atténuer cette souffrance. Cela consiste à avoir de l’empathie.

Un bon politicien est quelqu’un à qui les citoyens font confiance parce qu’ils sont convaincus qu’il agira de manière correcte, appropriée et efficace. Cela exige que le politicien ait déjà confiance en lui-même et dans sa capacité à diriger. Il ne s’agit pas d’un aventurier qui débarque d’on ne sait où.

La politique est aussi un domaine du donner et du recevoir, là où la recherche permanente d’un terrain d’entente s’impose souvent. Le bon politicien doit être suffisamment flexible pour le comprendre et agir en conséquence. Il doit être capable d’écouter toutes les parties en cause afin de trouver un consensus. Il lui faut alors avoir la capacité de reconnaître les reculs et les critiques, d’en tirer des leçons pour aller de l’avant. Toutes ces dispositions exigent une bonne flexibilité de la part du bon politicien.

Personnellement j’ajouterai une autre qualité qui fait souvent défaut parmi les politiciens congolais : la vision de l’avenir, un avenir ambitieux de préférence. C’est avoir de la perspective. Un bon leader sait où il veut amener les gouvernés. Les discours programmes ne suffisent pas. Il faut des projets réalistes et concrets, budgétisés, qui doivent s’évaluer aux résultats escomptés. C’est justement à l’évaluation des résultats obtenus dans la réalisation des projets proposés par un politicien que sera apprécié son mandat politique et ses capacités réelles.

Pour conclure, je suis convaincu que les grands hommes politiques, et il y en a eu qui n’ont pas fréquenté les universités à travers le monde, disposent souvent de toutes les qualités politiques que j’ai évoquées, et même de plus. Ces qualités leur permettent de pratiquer la tolérance en respectant les points de vue des autres, d’analyser les problèmes et d’identifier les meilleures solutions sans toujours s’enfermer dans les carcans des partis politiques, n’ayant comme référence ultime que ce qui est bon et convenable, dans l’intérêt de la nation.

Nawezi Karl J.
Consultant (Communication Stratégique-Advocacy-Media Training-Monitoring des médias)
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