Politique et gouvernance en RDC : faire la différence

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Le tout prochain gouvernement congolais est en gestation. L’accouchement semble compliqué et difficile du fait sans doute qu’il y a dans les chefs des faiseurs des ministres une mortelle confusion entre les concepts de politique et de gouvernance. Rien de nouveau sous le soleil, pensent sans doute beaucoup de Congolais.

Depuis 1960, le Congo évolue au rythme des crises politiciennes à répétition qui empêchent les dirigeants successifs de se positionner dans une logique de progrès durable dont l’impact pourrait être positif pour les populations congolaises. Ces crises s’expliquent sans doute par le fait que dans ce pays les acteurs politiques ont tendance à confondre les activités liées à la politique et les activités de gouvernement dans une sorte d’équivalence malsaine et négative de ces deux activités. Conséquence, les empoignades politiciennes laissent la majorité de la population congolaise confinée dans des conditions infrahumaines à la fois paradoxales, iniques et inacceptables.

Ces joutes stériles se renouvellent, se relancent, s’éternisent, une année après l’autre, avec leurs kyrielles de victimes humaines. Et lorsque nous regardons autour de nous, ou que nous nous trouvions, le spectacle qui s’offre à nos regards ne correspond nullement à l’image d’un Congo maintes fois présenté et vanté comme étant l’un des pays potentiellement les plus riches de la planète. Loin de là !

La politique ne peut se concevoir qu'en tant que relation entre égaux et ne peut exister que dans un domaine de liberté. Elle suppose la participation d’égaux à la prise de décision collective concernant le contenu et l’orientation de la vie publique dont elle constitue l’essence. Il appartiendra par la suite à un gouvernement issu d’une force politique de démontrer sa capacité à formuler et mettre en œuvre des politiques saines et efficaces, notamment susceptibles de lutter résolument contre la corruption.

Par contre, gouverner implique généralement des relations hiérarchiques de domination et de subordination ainsi que des mécanismes de responsabilisation, dans des efforts liés à la subsistance des populations grâce à la production et à la reproduction, tout cela dans une sphère régie par la nécessité de répondre aux besoins des populations. Je fais allusion à la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales du pays pour le développement. J’évoque aussi les traditions et les institutions par lesquelles l’autorité est censée s’exercer dans ce pays par le truchement d’un gouvernement qui a été choisi, qui doit être surveillé et qui peut être remplacé.

Gouverner, c’est aussi garantir et assurer la stabilité politique et l’absence de la violence et de l’insécurité sous toutes leurs formes. C’est assurer la qualité des services publics, la qualité de la fonction publique et le degré de son indépendance des pressions politiques.

Tous ces critères vont-ils être remplis par la gouvernance congolaise à venir ? A vous d’en juger.

Pour qu’une nation arrive à créer une harmonie parfaite entre la politique et la gouvernance, les citoyens doivent partager un système de valeurs commun, ils doivent être unis dans leurs perceptions du juste et de l'injuste. Ce n'est que dans de telles conditions que les citoyens peuvent échapper à la boue des volontés conflictuelles mesquines auxquelles nous assistons aujourd’hui et agir en collaboration pour atteindre leurs objectifs communs.

Les citoyens congolais doivent impérativement identifier les valeurs qui vont inspirer les règles sur base desquelles ils souhaitent consolider les fondements de leurs institutions et mettre en place une gouvernance de valeur. Sinon, l’errance douloureuse et lancinante de la nation congolaise se poursuivra encore longtemps.

Nawezi Karl J. Consultant (Communication Stratégique-Advocacy-Media Training-Monitoring des médias) +243999982131 / +243819982132 [email protected]