RDC: Jean-Michel Kambaza, le génial entrepreneur qui réussit autant dans l’événementiel que dans le numérique 

Jean Michel K. sur ACTUALITE.CD

C’est un touche à tout. Efficace tant en T-shirt qu’en cravate, dans un bureau ou sur ses différents terrains, l’homme a plusieurs vies. Aussi brillant dans l'événementiel que dans le numérique, Jean-Michel Kambaza est invité de la rédaction ce vendredi. 

Comment tu te définis toi-même?

Je suis quelqu’un de passionné, ambitieux, serviable et plutôt créatif. En Anglais on m’appellerait “A Jack of all trades”, et ce serait un compliment à cause des multiples casquettes que je peux porter, mais chez les francophones, ça n’a pas la même connotation donc je crois que je vais m’arrêter là.

Le monde te découvre aujourd’hui dans la production, un peu comme acteur aussi, mais peu de gens sont au courant de ce que tu réalises dans le secteur de la tech. Peux-tu nous en parler?

J’ai toujours été un amateur de nouvelles technologies, mais c’est un peu par hasard que je me suis retrouvé actif dans ce secteur. J’ai un background de Management et développement d’affaires. C’est lors de mon passage chez Airtel RDC ou j’étais responsable de portefeuille entreprises, que j’ai développé de l’intérêt pour les solutions de télécommunications, puis pour le numérique en général. Ce passage m’a fait réaliser qu’il n’existait presque pas de services de télécommunications adaptés aux besoins et aux bourses des PMEs locales. En 2016, j’ai donc créé Wikonnect, une société qui fournit des solutions intégrées de télécommunications aux entreprises, avec un focus particulier sur les PMEs. C’est grâce à nos services que j’ai rencontré l’actuel Ministre de la Coopération internationale, qui dès son arrivée en fonction, a décidé de me nommer Conseiller Numérique au ministère, détaché à la Délégation générale de la Francophonie. J’y suis en charge de l’élaboration, la compilation, l’appui et l’exécution de différents projets numériques que le gouvernement développe avec nos partenaires et organismes étrangers, principalement l’OIF.

k

Quelles sont tes réalisations dans la tech. pour lesquelles tu es le plus fier?

En tant qu’entrepreneur, revenir au Congo après près de 15 ans d’absence, dans un contexte où tout m’était nouveau, avec les réalités locales que nous connaissons ; réussir après 1 an à lancer une entreprise qui a pu gagner la confiance de certaines entreprises réputées “importantes” et “exigeantes”, est quelque chose dont mes collaborateurs et moi sommes fiers. 

En tant que Congolais, parvenir à contribuer tant soit peu, à l’avancement de mon pays, en payant salaires, taxes et impôts, a un côté gratifiant. Dans ce même ordre d’idées, mon travail au ministère de la coopération, a permis à la RDC d’être retenue comme pays contributeur à la stratégie numérique de l’OIF pour l’horizon 2022-2027, et ça aussi ça me rend personnellement fier.

Si tu dois présenter aujourd’hui le business de la tech en RDC, quels en sont les principaux traits?

Il est erroné de considérer “la tech” ou “le numérique” comme un secteur d’activité unilatérale et homogène, mais je vais essayer de répondre de manière générale en disant que le secteur est à la fois prometteur en termes de ce que les acteurs ont la capacité de développer, produire ou fournir, en termes du marché potentiel existant ; mais le business y est aussi à la fois très difficile et complexe à cause des challenges tels que la régulation, l’énorme travail de pédagogie à faire auprès du marché pour qui la majorité des solutions et usages technologiques restent nouveaux et quasi hors de portée.

Ce qui est encourageant, c’est de voir que des chiffres tels que le taux de pénétration de la téléphonie mobile et de l’accès à l’Internet, connaissent des bonds très importants, et ces éléments étant des vecteurs de développement et indicateurs de croissance dans le secteur, on ne peut qu’y rattacher un présage positif.

En tant qu’entrepreneur dans la tech, quels sont tes principaux défis aujourd’hui ?

La régulation du secteur n’est pas propice au développement du secteur en général. Nous avons des lois en RDC qui rendent très difficile l’accès aux ressources de bases du secteur, tant du côté des porteurs de solutions (en termes de licences, autorisations et autres taxes relatives au lancement ou l’exploitation d’offres et services), que du côté des utilisateurs des éventuels solutions (en termes de coûts, liés directement à la pression du régulateur sur les intermédiaires de services : (les sociétés de télécommunications par exemple). Le manque d’infrastructures-ressources adéquates (électricité, infrastructures de télécommunications…).

- Le manque d’une politique nationale d’encadrement et d’accompagnement du secteur ; la non-appropriation des objectifs concrets de développement du secteur, par l’administration publique et l’Etat.

- Le coût élevé et la difficulté d’accès aux ressources nécessaires (financement, information, communication, accès internet, formations de qualité, etc). 

- Le caractère « nouveau » de la majorité des services et solutions qu’offrent le secteur, imposent aux acteurs (entreprises comme professionnels) une obligation d’éducation des différentes parties prenantes au développement d’un écosystème, tâche que le plus souvent paraît accessoire ou secondaire et négligée par les acteurs, créant un cercle vicieux qui bloque le développement/épanouissement de tous.

Si tu dois t’adresser au Chef de l’Etat et lui demander une seule chose pour booster le secteur, ce serait quoi?

Au stade où nous en sommes dans notre pays, la majorité des problèmes ont été recensés, et la majorité des solutions proposées ; qu’il s’entoure de collaborateurs consciencieux et professionnels et qu’ils se mettent concrètement au travail, et que leurs décisions aillent dans le sens d’encourager ceux d’entre nous qui voulons travailler.