2 octobre 2014 - 2 octobre 2020, il y a exactement six ans depuis que la région de Beni (Nord-Kivu), dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une série des massacres attribués aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF). D’après un décompte publié ce vendredi 2 octobre 2020, par le député national Paul Muhindo Vahumahwa, en six ans, plus de 4 500 personnes ont été tuées et plus de 190 villages abandonnés par des civils fuyant les atrocités.
Les informations derrière les chiffres!
Sur plus de 4 500 civils tués, le député national Paul Muhindo affirme, dans sa déclaration parvenue à ACTUALITE.CD, avoir récolté 3 188 noms des victimes. D’après lui, parmi les civils tués, 1 048, soit près de 20 % l’ont été depuis le 30 août 2020, après les récents changements à la tête des opérations Sokola 1.
«Souvent, les commandants en tête des opérations sont changés, mais pas les commandants des unités, ni les troupes engagées. Ce qui fait que jusqu’à présent on a des commandants des soldats qui ont passé plus des 10 ans à Beni sans être changés et là ils ne peuvent apporter aucune innovation car l’ennemi maîtrise déjà mieux toutes leurs tactiques», déplore le député Paul Muhindo.
Le député Paul Muhindo révèle que sur la liste des personnes tuées, les Nande (ethnie majoritaire au Grand-Nord-Kivu) viennent en tête avec 83% des victimes, suivies des Mbuba (15%), Talinge (0.8%), Pygmées (0.5%), Bira (0.3%) et Pakombe (0.2%).
L’élu de Beni-territoire a signalé à la presse qu’entre 2009 et 2014, plus de 2 700 civils ont été enlevés dans la région de Beni par les rebelles ADF. Une fois dans le maquis, nombreux sont envoyés au combat, et servent de boucliers humains, en cas d’accrochage avec les forces régulières.
Autochtones, informateurs exposés
Il trouve anormale que la population de la région soit traitée de complice alors qu’elle fournit assez d’efforts pour collaborer et alerter les services compétents, y compris les forces de sécurité au sujet du mouvement des assaillants.
«Les populations de Beni ont toujours collaboré avec les forces armées dans la lutte contre ces égorgeurs. Et d'ailleurs toutes les attaques, si pas 90 pourcents des attaques sont souvent alertées par la population auprès des militaires et la Monusco, malheureusement après avoir alerté, elle se trouve abandonné à son triste sort (…) Savez-vous que les premières personnes tuées le 2 octobre 2014 à Mukoko ce sont des populations qui accompagnaient le feu général Bauma? Ils s’appelaient Kabagambe Amoti et Jean Pierre Kambale. Est-il normal que quelqu'un qui a perdu sa mère, ses enfants, sa femme, sa maison brûlée, chassé de son champ, et qui devient déplacé et quémandeur dans son propre territoire, d'être lui-même complice de sa destruction? Non, et non», rétorque-t-il.
L’ombre de l’Ouganda et du Rwanda plane à Beni
Le député Paul Muhindo soupçonne l’Ouganda et le Rwanda d’être pour quelque chose dans les tueries en cours dans la région de Beni.
«La base arrière des égorgeurs de Beni est au Rwanda et en Ouganda, facilitée par certaines marionnettes congolaises, choses qui a toujours été confirmée et répétée par des personnes ayant vécu en captivité. On observe des entrées régulières des personnes venant du Rwanda, Tanzanie, et l’Ouganda, pour des motifs inavoués», dénonce-t-il.
Cet élu indexe l’inefficacité des troupes onusiennes déployées sur terrain. Pour lui, il faut réadapter la tactique des Forces congolaises, en mutant hors l’Est du Congo, toutes les unités qui ont longtemps été affectées dans la région de Beni. Entre-temps, il souhaite qu’un contrôle sans passion soit mené par l’Assemblée nationale, sur la situation de Beni. Mbusa Nyamwisi, un des leaders de la région s'était réjoui il y a quelques mois de l'annonce par l'armée du recensement des militaires. Dans une interview à ACTUALITE.CD, il soutenait que cette opération permettrait de savoir le nombre exact des soldats qui combattent à Beni. Le chef de l'État, Félix Tshisekedi indiquait que 21 000 militaires étaient déployés aux fronts contre ADF.
Claude Sengenya