La situation humanitaire à Masisi ne cesse de se détériorer, avec plus de 10 000 personnes, dont une grande majorité de femmes et d'enfants, réfugiées à l'Hôpital général de référence (HGR) et à la base de Médecins Sans Frontières (MSF).
Depuis plusieurs jours, ces structures sont submergées par l’afflux de familles fuyant les violences armées et l’instabilité dans la région. Ces déplacés ont trouvé refuge dans les couloirs de l'hôpital, dans ses espaces verts, et parfois même dans les services de soins.
Romain Briey, coordinateur du projet MSF à Masisi, a partagé le 15 janvier une analyse de la situation critique à laquelle les équipes médicales et les réfugiés font face au quotidien.
Il souligne que les infrastructures de l'hôpital, initialement conçues pour un nombre restreint de patients, ne peuvent plus faire face à cette afflux massif de réfugiés. Les espaces sont encombrés, les patients et leurs familles entassant matelas, effets personnels et même animaux (poules, chèvres, moutons) dans les couloirs et services. Chaque soir, la scène est la même : les adultes, partis chercher de la nourriture, retournent à l’hôpital pour dormir, tandis que les équipes médicales restent sur place, parfois avec leurs proches.
"L'hygiène est un défi quotidien", précise Romain Briey. "Les infrastructures sanitaires, conçues pour environ 300 personnes, sont maintenant saturées. Les toilettes sont insuffisantes et la propreté se dégrade rapidement. Nos hygiénistes font de leur mieux, souvent avec l’aide des réfugiés eux-mêmes."
Du côté médical, les équipes soignent principalement des cas liés à la fatigue, au stress, et à des pathologies légères comme des gastrites et des douleurs corporelles. "Nous n'avons pas encore observé de cas de violences sexuelles ou de malnutrition sévère, mais la situation reste fragile", indique Romain Briey. Les enfants, en particulier, sont vulnérables aux maladies infectieuses en raison de l’overcrowding et de l’insuffisance des conditions sanitaires.
Bien que la situation soit sous contrôle pour le moment, les risques d’épidémies demeurent, d’autant plus que les infrastructures sanitaires sont largement dépassées par l’afflux.
Les défis logistiques et humains de MSF
Les équipes de MSF font face à des défis logistiques et humains considérables. « Le nombre de soignants sur place est insuffisant pour répondre à la demande. Plusieurs de nos soignants sont eux-mêmes réfugiés et doivent jongler entre leur rôle médical et leur responsabilité envers leurs proches », explique Romain Briey. « L’hôpital, déjà saturé, est incapable d’offrir de nouveaux lits aux réfugiés arrivant chaque jour, les patients guéris restant sur place faute de solution de prise en charge ailleurs », explique-t-il.
Les défis logistiques sont également gigantesques. « Les infrastructures sanitaires ne sont clairement pas adaptées pour gérer un afflux de cette ampleur. Nos équipes sont constamment sous pression et ne disposent pas des ressources nécessaires pour faire face à l’ensemble des besoins », conclut le coordinateur de MSF.
Face à cette crise, MSF continue de fournir des soins médicaux d’urgence, mais les besoins sont bien supérieurs aux ressources disponibles. L’ONG appelle à un soutien international renforcé pour répondre à l’urgence humanitaire, en particulier pour soulager la souffrance des milliers de réfugiés, principalement des femmes et des enfants, qui ont vu leurs vies dévastées par le conflit.
Nancy Clémence Tshimueneka