RDC : à Panzi, survivantes des violences sexuelles et personnel saluent le retour des casques bleus pour sécuriser Denis Mukwege

Dr Denis Mukwege/Ph ACTUALITE.CD

A l’Hôpital général de référence de Panzi (Bukavu) dans la province du Sud-Kivu, où preste le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege, des patients et membres du personnel médical se réjouissent du retour, depuis mercredi, des casques bleus pour assurer la protection du médecin gynécologue. Se confiant à ACTUALITE.CD, des survivantes et prestataires ont indiqué que cette présence des soldats de la paix les rassure en cette période où le docteur Denis Mukwege fait face à des menaces de mort.

« On se demandait pourquoi ils sont partis. Heureusement, ils reviennent en cette période où notre médecin directeur, le Prix Nobel de la Paix docteur Denis Mukwege, fait face à des menaces. Nous pensons que leur présence c'est une dissuasion parce que (les casques bleus) c'est au fait un œil de la communauté internationale », se réjouit docteur Antoine Nfundiko médecin chef de staff à l'hôpital de Panzi.

Au-delà du personnel médical, ce retour des casques bleus soulage également des survivantes de violences sexuelles qui y sont prises en charges. C’est le cas de Joséphine (un pseudonyme pour la protéger) qui pense pouvoir désormais mieux passer ses nuits sans s’inquiéter de la sécurité de son docteur Mukwege.

« Moi je ne dormais plus, chaque fois qu’on attendait que Mukwege est menacé. Je craignais qu’on le tue, puisqu’il dit la vérité. Ça me faisait mal au cœur, parce que n'eût été le docteur Mukwege, je serais déjà morte. Nous demandons au gouvernement de nous prêter oreille, en garantissant la protection de Mukwege. Surtout pour nous qui étions violées, sans Mukwege nous ne serions plus en vie », déclare cette survivante des violences sexuelles aujourd'hui internée à l’hôpital de Panzi.

La sécurité, c’est aussi la justice

C’est depuis mercredi 9 septembre dernier que les soldats de la paix des Nations Unies sont revenus à Panzi, dans la banlieue de Bukavu, pour assurer la protection du docteur Denis Mukwege, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2018. Ceci, après que le médecin gynécologue a enregistré des menaces suite, d’après lui-même et ses proches, à ses plaidoyers pour l’application des recommandations du rapport Mapping, ce document de l’ONU qui a répertorié 617 crimes graves commis en RD Congo entre 1993 et 2003.

Neema Rukungu qui gère le programme des survivantes des violences sexuelles à Panzi pense que la communauté internationale ne doit pas se limiter à redéployer les casques bleus autour du docteur Denis Mukwege, mais plutôt à soutenir la justice pour sanctionner les auteurs des crimes répertoriés dans le rapport Mapping, pour une solution durable à la situation d’insécurité que dénonce régulièrement Denis Mukwege.

« Le retour des casques bleus dans son équipe de sécurité est un pas important. Mais, ce n’est pas tout. Vous devez savoir que l’objectif (du docteur Mukwege), c’est vraiment de lutter contre l’impunité, faire en sorte que le rapport Mapping soit pris en compte. C’est là où on doit aller. La sécurité c’est une chose, mais elle ne peut être garantie que si la justice est là et elle fait son travail », exhorte Neema Rukungu. 

En attendant, avec la présence des casques bleus à Panzi, le personnel médical croit pouvoir désormais travailler dans le calme. « Depuis 20 ans, nous sommes témoins des atrocités qui se passent dans notre région. (La présence des casques bleus à Panzi) rassure les malades qui sont victimes ou témoins des tueries. Nous pensons que leur présence ici devrait permettre un travail serein et éviter qu'il y ait de l'insécurité au niveau de l'hôpital. L’hôpital de Panzi, son personnel et le docteur Mukwege méritent une protection parce qu’ils sont témoins des bavures des groupes armés », indique le docteur Antoine Nfundiko.

Justin Mwamba