L'Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) a, ce jeudi 10 septembre, à Kinshasa, organisé une matinée de sensibilisation des femmes entrepreneures sur les réformes mises en œuvre par le gouvernement en rapport avec l’indicateur "Paiement des Taxes et Impôts". Ces travaux d'un jour ont bénéficié de l'appui de la Cellule d’Exécution des Financements en faveur des Etats Fragiles (CFEF) dans le cadre du Projet de Développement des Pôles de Croissance Ouest de la Banque Mondiale.
Plusieurs orateurs dont la vice-premier ministre en charge du Plan Elysée Munembwe, la ministre d'Etat en charge du genre Béatrice Lomeya, la conseillère spéciale du Chef de l'État en matière de la jeunesse et violences faites à la femme, les directrices générales de l'institut national de préparation professionnelle (INPP), de l'ANAPI, de l'office national de l'emploi (ONEM) et les représentants du caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), de la direction générale des impôts (DGI), de la direction générale des recettes administratives, domaniales et de participants (DGRAD) ont défilé à la tribune pour exposer sur ce thème mais aussi partager leurs expériences sur cette question que l'ANAPI estime épineuse.
Les principaux objectifs de cet atelier durant lequel les dirigeantes des associations des femmes entrepreneures ont pris aussi la parole tout comme les femmes participantes qui ont posé des multiples questions à qui de droit étaient justement:
L'ANAPI a expliqué que le choix de cette thématique est entre autre dicté par les effets pervers de la Covid-19.
" Le choix de cette thématique se justifie aussi par le fait qu'il a été constaté qu'en cette période où le taux de chômage est croissant et ce, suite aux causes endogènes et exogènes liées à la pandémie de la Covid-19, l'entrepreneuriat féminin constitue un refuge pour nombre des familles, encouragé par les nombreux dispositifs publics ou privés, et apparaît comme une solution collective, dans une période d'effritement des investissements solides et directs étrangers. Il est, à ce jour, un vecteur essentiel de la croissance et relais indispensable de la grande unité de production", a expliqué l'ANAPI.
Et de poursuivre:
" En RDC, la plus grande proportion d'entrepreneurs est constituée des femmes qui, pour la plupart, évoluent encore dans l'informel et souvent aucune notion de l'entrepreneuriat, voire une formation conséquente pouvant leur permettre de faire face aux péripéties liées à l'exercice de leurs affaires. C'est particulièrement le cas de la question de la fiscalité qui constitue aussi un véritable casse-tête pour les femmes entrepreneures congolaises."
La VPM au Plan qui a lancé les travaux est revenue sur la place de la femme dans l'entrepreneuriat et surtout ce que pays peux en bénéficier.
"Il est parfaitement admis aujourd’hui que l’entrepreneuriat est un vecteur fondamental de l’économie. L’entrepreneuriat est considéré comme un catalyseur important de la croissance et du développement économique et social dans de nombreux pays. L’activité entrepreneuriale est considérée comme un outil de motivation des jeunes entrepreneurs qu’ils soient hommes ou femmes et un vecteur de création des richesses, d’emplois et de l’innovation. En effet, depuis la découverte du rôle économique des femmes, l’attention des pouvoirs publics et des organisations internationales est braquée sur les femmes. Celles-ci se trouvent au cœur des programmes d’activités génératrices des revenus et d’entrepreneuriat. Partout au monde, on observe un changement d’échelle des programmes, tenant compte de la place des femmes dans l’économie et le développement", a déclaré la VPM Elysée Munembwe.
Elle a, toutefois, reconnu les multiples difficultés que font fasses les femmes congolaise dans l'entrepreneuriat en dépit de la souscription de ce sous-secteur dans le PNSD.
"Pour notre pays, la République Démocratique du Congo, l’entrepreneuriat féminin est considéré comme l’un des leviers importants de la croissance économique, au vu du nombre des femmes qui s’y adonnent. C’est d’ailleurs l’un des piliers importants du programme quinquennal de Son Excellence Monsieur le Président de la République, tel que traduit dans le programme d’actions du Gouvernement et matérialisé dans le Plan National Stratégique de Développement (PNSD). Cependant, il y a lieu de reconnaître que malgré ce rôle dans le développement, l’entrepreneuriat féminin congolais reste encore confronté à plusieurs pesanteurs et/ou obstacles, notamment (i) l’accès difficile au marché et au financement, (ii) la faible sécurité juridique et judiciaire dans la pratique des affaires, (iii) les tracasseries de tout genre, (iv) la fiscalité et la parafiscalité lourdes, (v) la difficile conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle pour les femmes entrepreneures mariées, etc", a-t-elle poursuivi.
Et ajouter:
"A cela s’ajoutent l’impréparation à l’entrepreneuriat pour certaines femmes, l’absence de formation adéquate en management et en gestion de projets, la non-maîtrise des charges professionnelles et fiscales, etc. Conscient de cette situation, le Gouvernement a entrepris plusieurs réformes et actions visant à favoriser l’émergence de l’entrepreneuriat féminin, dont la plus importante est la suppression de l’autorisation maritale jadis obligatoire pour toute femme entrepreneure mariée voulant s’adonner à des activités économiques. S’agissant particulièrement de la fiscalité, la majorité des femmes qui évoluent dans l’entrepreneuriat ne sont pas suffisamment informées sur les réformes ayant fait l’objet de mise en œuvre sur le paiement des taxes et impôts pour assainir cet indicateur."
La VPM Elysée Munembwe a tenu a sensibilisé ces femmes à la culture fiscale pour échapper aux agents véreux.
"Par exemple la télé-déclaration d’impôts. Cette situation non confortable fait des femmes entrepreneures des cibles faciles à la merci de diverses tracasseries de la part de certains agents publics véreux. Elles espèrent y échapper en restant dans l’informel sans toutefois réaliser qu’en persistant dans cette voie, elles deviennent plutôt des proies faciles. La non-maîtrise de la fiscalité et de la parafiscalité constitue une pesanteur de taille à l’éclosion de l’entrepreneuriat féminin. Si de nature, la fiscalité effraie l’opérateur économique, moins maîtrisée elle devient terrorisante", a-t-elle lâché aux femmes entrepreneures.
Et de conclure:
"L’entrepreneuriat n’est pas un fait du hasard, ni un sous-emploi, moins encore une circonstance hasardeuse de la vie. Il se prépare, il se forge, se consolide, et obéit à certaines règles financières, éthiques, déontologiques voire managériales. Il suppose une vision claire et une planification à long terme, un business planning bien élaboré, une confiance en soi, un esprit d’innovation, une détermination et un goût du risque. Il est donc important, chères femmes entrepreneures, que nous ayons une vision et des objectifs clairs pour arriver à conquérir notre place en tant qu’actrices majeures dans le processus de développement de notre pays. Je vous encourage donc à profiter de cette tribune de partage d’expériences pour réfléchir, poser vos problèmes et proposer des solutions durables, afin de faire de l’entrepreneuriat féminin un vecteur incontournable de la croissance économique et du développement de notre pays".
La ministre d'État, ministre du genre, famille et enfants, Béatrice Lomeya a, quant à elle, dit constaté une nette amélioration de la contribuation de la femme entrepreneure à l'économie nationale malgré toutes les barrières.
"L'entrepreneuriat féminin joue un rôle très important en RDC. En effet, ces dernières années il y a eu un accroissement considérable de la participation de la femme dans l'économie nationale par la création des micro-entreprises même si la plus part demeure dans l'informel (...) Cependant, il y a lieu de noter qu'en dépit de l'existence des reformes fiscales susceptibles de booster l'entrepreneuriat féminin en général, il y a manque cruel d'une inclinaison en la matière vers l'entrepreneuriat féminin. En dépit des désirs d'accompagnement de l'entrepreneuriat féminin, les femmes sont toujours encore face aux difficultés de financement. À ces faibles s'ajoutent les pesanteurs des préjudices sociaux à l'égard de l'entrepreneuriat féminin", a dit Béatrice Lomeya.
La patronne du genre était également porteuse d'un message d'encouragement aux femmes entrepreneures.
"Je ne voudrais faire entrevoir dans mes propos une fatalité par rapport aux faiblesses évoquées bien au contraire, j'invite les femmes de s'informer davantage sur les tenants et aboutissants des différentes réformes mis en oeuvre pour assainir les climats des affaires. Le développement durable de notre pays passe entre autre par le sort de l'entrepreneuriat féminin. Le pouvoir public, le secteur privé, les partenaires au développement tous nous devrions contribuer pour enlever tous les obstacles qui se dresse devant la femme entrepreneurs. A ce jour, il y a suffisamment des études desquelles nous apportent des données chiffrées et nous orientent par rapport aux actions concrètes à mener. Agissons maintenant et surtout après tant de chocs créés par la pandémie de covid-19 qui a fragilisé l'entrepreneuriat féminin. La prise en compte des activités des femmes doit être une priorité dans les actes. Plus les femmes sont économiquement fortes, plus les familles sont stables et plus les caisses de l'Etat sont renflouées par ce qu'elles sont les bonnes contributrices et moins ancrées dans l'évasion fiscale", a-t-elle affirmé.
La conseillère du Chef de l'État en matière de la jeunesse et violences faites à la femme, Chantal Yelu Mulop a réitéré le voeu du président de la République qui tient à l'autonomisation de la femme. Elle a aussi dit aux femmes entrepreneurs qu'il a été nommé notamment pour porter leurs voix auprès du Chef de l'Etat. Il a également rappelé que le président Félix Tshisekedi reçoit chaque 3 mois les femmes entrepreneurs pour écouter leurs doléances.
La déclaration gratuite du statut de l'entrepreneuriat au guichet unique de création d'emploi est également une nouveauté de la réforme. Selon le DG de l'ANAPI Anthony Kinzo, en ce qui concerne le climat des affaires, la RDC est classée 183ème sur 190 pays soit 7ème à partir du bas dans le dernier rapport doing business. 180ème sur 190 pays en matière d'indicateur Paiement Taxes et Impôts.
Ce dernier a, dans son mot d'ouverture, noté une faible autonomisation de la femme à cause de plusieurs facteurs entre autre sociologique, culturel et personnel. Il se dit convaincu que la femme peut être autonome et avancer en croyant en elle-même.
Fonseca MANSIANGA