L'ancien Premier ministre Bruno Tshibala avait signé, le 30 décembre 2017, un décret interdisant la production, l’importation, la commercialisation et l’utilisation des sacs, sachets et autres emballages en plastique sur toute l'étendue du territoire national. Un moratoire de six mois avait été accordé notamment pour permettre aux opérateurs économiques d’écouler leurs stocks.
À l'époque, Joseph Kapika, ministre de l’Économie au sein du gouvernement Tshibala, avait promis des sanctions contre les opérateurs économiques qui ne respectent pas la décision du gouvernement interdisant l’utilisation et la commercialisation des sachets et autres matières en plastique.
A son tour, Gentiny Ngobila, à peine investi gouverneur de la ville de Kinshasa, a déclaré qu’avait déjà entrepris des démarches au niveau du gouvernement central pour la fermeture des usines qui fabriquent des sachets plastiques à Kinshasa.
«J’ai remarqué que le sachet est utilisé comme emballage pour des arachides, pains, bref, de beaucoup de produits alimentaires. Alors qu’auparavant, ces produits étaient vendus dans du papier. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui», s’était-il remémoré. Cette décision a été approuvée à l’unanimité, et Gentiny Ngobila espérait, dans un premier temps, limiter la consommation des sachets pour la réussite de l’opération Kinshasa Bopeto.
Qu'en est-il de la réalité sur terrain, 3 ans après ?
Sur terrain à Kinshasa, ACTUALITE.CD constate que la décision du gouvernement n'est pas respectée. Les usines de fabrication de ces emballages en plastique non-biodégradable continuent de tourner sans la moindre inquiétude.
Seuls, certains supermarchés de Kinshasa ont commencé à utiliser les emballages biodégradables pour servir les clients. Certains ont produit des emballages en papier avec leurs logos, et d’autres proposent des emballages appelés localement « Market » à 150 FC ou 200 FC, en remplacement des sachets.
Entretemps, la commercialisation des sachets en plastique, l’utilisation des sachets comme emballages dans les différentes transactions, ainsi que la production d’eau en sachet, se portent bien à Kinshasa.
Bijoux Kiala, une vendeuse des poissons fumés au quartier 1, dans la commune de N'djili affirme être au courant de la mesure interdisant l'utilisation des sachets en plastique. Mais elle soutient que ce sont les clients qui exigent que la nourriture leur soit livrée dans des sachets en plastique.
« C’est impossible de ne pas utiliser le sachet. Parce que par exemple, pour nous qui vendons la nourriture, je ne vois pas quel type d'emballage utilisé. Lorsqu'un client achète, mains vides, et que je lui donne en mains il réclame le sachet. Sans les sachets, je ne saurai vendre", explique cette dame.
D'autres personnes interrogées espéraient que le gouvernement proposerait une solution alternative pendant les transactions dans les petits commerces.
Tout visiteur qui débarque à Kinshasa pour la première fois, est frappé par le paradoxe entre cette ville que les musiciens congolais ont rendu idyllique au-delà des frontières nationales et la présence des immondices caractérisés par des sachets en plastique qui rongent ça et là.
Les autorités de la capitale de la République démocratique du Congo éprouvent beaucoup de difficultés à gérer les déchets plastiques dans la ville. Ces déchets plastiques se mêlent aux immondices, obstruent les caniveaux et gênent énormément la circulation des eaux usées. Comme conséquence, la moindre petite pluie sur la ville de Kinshasa rend les rues impraticables à la circulation des véhicules, les caniveaux et les égouts étant remplis et déversant le surplus d'eau sur les voies.
Jordan Mayenikini