Kinshasa : les vendeurs de l’eau en sachet réagissent à la décision des autorités interdisant encore l’usage des emballages plastiques 

Photo ACTUALITE.CD.

Le gouvernement provincial de Kinshasa a interdit depuis la semaine dernière l’usage des emballages plastiques et rassure que la Brigade d’Hygiène va dorénavant veiller à l’application de cette mesure dans la capitale. 

La mesure est consécutive à l’opération Kin-Bopeto déclenchée par le gouverneur Gentiny Ngobila le 19 octobre de l’année dernière pour assainir la capitale.

Plus question de vendre l’eau en sachet qu’on appelle vulgairement ” eau pure” et également d’autres produits. Nous allons privilégier l’utilisation des emballages biodégradables, avait déclaré Charles Mbuta Muntu, porte-parole du Gouvernement provincial.

Interrogés mardi dernier par ACTUALITE.CD, les vendeurs de l’eau en sachet « eau pure » qui opèrent au centre-ville, disent être déçus par cette mesure. Pour nombreux, cette mesure s’est déjà avérée un échec car ayant été prise par le gouvernement précédent.

« Ils font des choses qui n'aboutissent jamais. Ils doivent commencer par interdire les usines de production au lieu de nous interdire de vendre. Ces mesures ont été déjà prises par l'ancien gouverneur Kimbuta. Mais elles n'ont pas été bénéfiques pour les Kinois », déclare un vendeur de l’eau en sachet.

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« Nous sommes déçus par cette mesure. La vente de l'eau pure et jus en plastique est le seul travail que nous avons. Alors si on nous interdit ce travail, c’est pour nous pousser à rejoindre les Kuluna ou comment? Comme moi, par exemple, je ne suis pas habitué à voler et je ne suis pas spécialisé dans l'usage des machettes pour couper les gens. Ils n'ont pas créé l’emploi pour les jeunes, comment devrons-nous vivre avec nos familles ? », s’interroge un autre  vendeur de l'eau. 

Même son de cloche du côté de Charles Kadima, qui exerce le même métier.

« Est-ce que cela est une bonne décision? Je pense que la réponse à cette question doit être non. Qu’en-est-il alors des sachets qui servent d'emballage pour les vêtements neufs comme des chemises, singlets qui arrivent au Congo déjà emballés dans les sachets? Il faut donc mettre en place d'autres stratégies pour mettre fin aux immondices et pas cette mesure », confie-t-il.

« Nous ne vivons que de la vente de l'eau, jus et d'autres boissons en plastique. Si le Gouverneur et son équipe trouvent bon de suspendre ce travail que nous avons, qu’ils nous trouvent d'autres travaux à faire, même là à l'hôtel de ville. Moi je suis prêt à faire tout ce qu’on peut me demander de faire. Même pour ramasser les bouteilles en question dans toute la ville de Kinshasa, je suis d'accord moyennant un salaire », dit Yves Esole.

« Le gouverneur ne ressent pas ce que nous ressentons. Voilà pourquoi il prend des mesures comme il veut. Lui, il a un travail et nous, c'est le seul que nous avons pour le moment. Qu’il nous donne l'emploi avant de nous interdire la vente de l'eau. Et en ce moment-là quand il n'y aura plus la vente des boissons en plastique, nous saurons si Kinshasa sera propre, et si ce sont les vendeurs de l'eau qui le rendaient sale », explique cet autre vendeur des boissons en plastique.

L’interdiction de l’usage des emballages plastiques ne date pas d’aujourd’hui. En 2018, l’ancien premier ministre Bruno Tshibala avait même pris un arrêté pour la même cause, mais sans succès. Le ministre de l’économie et son collègue de l’industrie à l’époque n’avaient pas réussi à stopper la production des sachets, bouteilles et autres matières en plastiques, en dépit des multiples réunions tenues avec les entreprises et opérateurs économiques de Kinshasa. 

Shiken’s Tshibola