L'afflux des Congolais expulsés d'Angola vers les provinces du Kasaï, aggrave la crise humanitaire "déjà terrible et risque d'alimenter de nouveaux conflits", a averti ce jeudi 1er novembre, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC).
Environ 360 000 Congolais ont afflué aux neuf points de passage des frontières que la RDC partage avec l'Angola, selon l'ONU et NRC.
Expulsés ou retournés volontaires, ces Congolais vivent dans des conditions désespérées.
«L’expulsion des Congolais d’Angola au cours du mois écoulé est vraiment choquante et risque de déstabiliser davantage la situation au Kasaï», a déclaré dans un communiqué Ulrika Blom, directrice du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) en RDC.
« Ces personnes exercent une pression encore plus grande sur une situation humanitaire déjà catastrophique », ajoute-t-elle.
Les personnes qui franchissent la frontière sont une population hétérogène de travailleurs migrants de longue date, ainsi que des réfugiés ayant fui les violences qui avaient éclaté dans la seconde moitié de 2016 jusqu'en 2017.
L’expulsion d’un si grand nombre de citoyens congolais non protégés sur une courte période "constitue une menace énorme dans le contexte déjà fragile et instable de la région du Grand Kasaï", selon l'organisation.
Ces refoulés s'ajoutent à plus de 2 millions d'habitants de la région, qui sont rentrés chez eux et 1,3 million d'autres toujours déplacés malgré le retour au calme depuis un an.
Avec le financement du Plan d’intervention humanitaire largement inférieur à 50% , une présence humanitaire restreinte dans la région, "le dernier afflux de personnes dans le besoin risque de nourrir les conflits et d’entraîner des centaines de milliers de personnes dans le besoin", indique le même communiqué.
"La réponse médiocre des donateurs à la crise humanitaire globale en RDC est venue nous hanter avec cette dernière urgence à la frontière entre le Congo et l'Angola", a déclaré Blom.
«Le budget humanitaire de 2018 est fondamentalement obsolète en raison du nombre de crises et de revers que nous avons connus à travers le pays au cours des trois derniers mois», selon la responsable humanitaire jugeant "choquantes" les conditions dans lesquelles se trouvent les expulsés à leur retour au Kasaï.
Le risque de maladie d'origine hydrique est élevé en raison du manque de latrines et de systèmes d'assainissement. Des milliers de personnes passent nuit à la belle étoile, dans les écoles, églises, etc.
Ces expulsions massives qui surviennent à deux mois de la tenue des élections générales en RDC sont de nature à "perturber le déroulement normal de ce grand rendez-vous tant attendu par le peuple congolais", a redouté mercredi, dans un communiqué, l'épiscopat congolais (Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO).
Les évêques catholiques, qui ont fait un décompte de 508.505 personnes expulsées, craignent que ces expulsions ne menacent la paix entre la RDC et l'Angola, deux pays qui partagent plus de 2000 kilomètres de frontière commune avec des nombreux groupes ethniques, situés à cheval sur les deux pays.
Christine Tshibuyi