La ville de Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï-Central, compte seulement 300 abonnés de la Regideso, dont la facture moyenne est de 10 à 20 USD par mois. C'est ce qu'a révélé David Tshilumba Mutombo, Directeur Général de la Régie de distribution d'eau (Regideso S.A), mardi 24 décembre 2024 à Kananga, lors d'un briefing presse avec le porte-parole du gouvernement.
Au cours de cet échange avec la presse, David Tshilumba Mutombo est revenu sur les difficultés rencontrées par sa société dans sa quête de fournir de l'eau potable à la population de cette région du pays.
"La ville de Kananga a seulement 300 abonnés de la Regideso, 300 seulement, dont la facture moyenne est de 10 à 20 USD. C'est tout ce qu'il y a comme abonnés dans la ville de Kananga. En plus de cela, nous avons 34 bornes fontaines, avec des revenus journaliers qui ne dépassent pas 50 000 FC par borne fontaine. Et à cela s'ajoute que nous consommons plus de 250 litres de carburant par jour pour alimenter un groupe électrogène. Les recettes que nous avons ne suffisent même pas pour acheter du gasoil", a indiqué le Directeur Général.
Selon lui, les agents de la Regideso font également face à des impayés, et le fonctionnement de l'entreprise repose sur des fonds venus d'ailleurs, et non sur la production interne.
"Pour payer les agents de la Regideso, j'envoie de l'argent chaque mois. D'abord, quand je suis arrivé, ils avaient plus de 33 mois d'impayés. Rappelez-vous que je suis relativement nouveau à la Regideso. Donc, nous avons repris les paiements avec des ressources prises ailleurs, juste pour leur permettre de subsister. En plus de cela, nous investissons avec des ressources externes pour essayer de remonter la pente", a déclaré le Directeur Général.
Par ailleurs, il a révélé que les ravins et érosions qui frappent la province du Kasaï-Central empêchent le fonctionnement régulier de la station de captage d'eau de Tshibashi.
"Chaque mois de décembre, l'usine de captage à Tshibashi est inondée parce que l'infrastructure a été conçue pour des pluies d'une fois tous les 50 ans. Aujourd'hui, avec le changement climatique, nous avons des pluies d'une intensité équivalente à une fois tous les 200 ans. Donc, nous sommes inondés, il faut envoyer des pompes. J'ai récemment acheté un groupe électrogène de près d'un mégawatt que j'ai envoyé ici à Kananga. C'est pour cela qu'il y a un peu d'eau dans la ville, sinon il n'y en aurait jamais eu. La ville est sinistrée", a fait remarquer le DG.
Il a également réagi aux frustrations exprimées par la population envers la Regideso lors du meeting du Président Félix Tshisekedi. Toutefois, il ambitionne d'inverser la tendance dans la desserte d'eau potable sur l'ensemble du pays.
"L'expression de la population, c'est une expression de frustration que je comprends. Je suis originaire de cette ville, Kananga, c'est ma ville. Donc, je comprends. À leur place, je réagirais de la même manière. C'est une frustration qui s'est accumulée pendant trois ou quatre décennies. Moi, je suis venu à la Regideso pour changer cela, non seulement pour la ville de Kananga, mais pour transformer la Regideso de manière générale sur l'ensemble de la République", a rassuré le Directeur Général.
La Regideso est un établissement public congolais chargé de la distribution d’eau potable sur l’ensemble du territoire national, en zones urbaines et rurales. Sous la tutelle du ministère des Ressources hydrauliques et électricité et du Portefeuille, elle a pour mission l’exploitation des réseaux de distribution d’eau et des installations annexes, le captage, l’adduction et le traitement des eaux à distribuer, ainsi que l’étude et l’exécution des travaux d’aménagement de ces réseaux.
Dans la pratique, comme d'autres entreprises publiques, la Regideso S.A. éprouve d'énormes difficultés pour jouer pleinement son rôle sur l'ensemble du territoire national. En plus des créances des abonnés, l'État congolais, actionnaire majoritaire, n'a jamais honoré le paiement de ses arriérés, ce qui empêche l'entreprise de bien fonctionner.
Pour la population de l'espace Grand Kasaï, l'accès à l'eau potable reste l'une des grandes attentes.
Clément MUAMBA