Alors que la tripartite CENI-CNSA-Gouvernement a clôturé le premier atelier d’évaluation du processus électoral ce 31 août à Kananga, l’Opposant Martin Fayulu dénonce ce qu’il qualifie de “fraude” dans le processus de révision du fichier électoral. Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, il relève par exemple l’écart entre le nombre d’enrôlés dans le Sankuru en 2006 et en 2017.
<b>Pourquoi dénoncez-vous déjà des fraudes dans l’opération d’enrôlement des électeurs ? </b>
Simplement parce que nous constatons que les chiffres qu’on avance dans certaines circonscriptions et provinces sont des chiffres qui nous paraissent farfelus. Est-ce que vous pouvez comprendre que dans la province du Sankuru on puisse enrôler aujourd’hui en 2017 plus de 1.700.000 personnes? C’est n’est pas normal, alors qu’en 2005 Sankuru avait enrôlé plus au moins 400.000 personnes, la CENI elle-même a dit que les électeurs attendus dans cette province étaient au nombre de 886.000 personnes. Comment les 886.000 attendus passent à un 1,7 million directement? Donc il y’a un problème parce que le nombre d’électeurs attendus a été estimé sur une cartographie qui a été mené dans toutes les provinces. Nous disons qu’il y’a un problème, surtout qu’on apprend par ailleurs qu’on n’a arrêté le secrétaire particulier d’un ministre en fonction avec des cartes d’électeurs provenant de cette même province, donc nous nous disons qu’il y’a un problème et qu’il faut qu’on s’en occupe le plus urgemment possible.
<b>Comment vous expliquez cela?</b>
Quand vous prenez les chiffres d’1,7 million, ça veut dire qu’au Sankuru vous avez une population de 4 millions d’habitants. Donc, 1,7 million, c’est presque le même nombre d'électeurs au Congo-Brazzaville qui était à peu près de 2 millions. Le Sankuru couvre une superficie de 105.000 Km2 et le Congo-Brazzaville plus de 300.000 Km2. Donc, on est en train de nous dire que le Sankuru à le même nombre d’habitants que le Congo-Brazzaville?
<b>Entretemps l’enrôlement touche déjà à sa fin et la CENI annonce 98,9% d'enrôlés.</b>
Non! la CENI n’a pas le 100% d’enrôlés, mais plutôt plus de 200%. Pour ce qui est du Sankuru, nous disons à l’OIF et aux Nations Unies de venir comme nous leur avons demandés en 2011 pour faire scrupuleusement l’audit de ce fichier. Monsieur Naanga croit qu’il va s’en sortir facilement comme ça? Nous sommes déjà vigilants et nous surveillons l’opération de prêt. Il ne peut pas nous livrer un fichier corrompu parce que vous savez que dans la fraude électorale, il y’a beaucoup d’éléments, il y’a beaucoup d’étapes. On commence déjà à frauder avec les cartes d’électeurs. Deuxièmement, avec l’enrôlement. Et là, c’est extrêmement grave au niveau des nombres des sièges par provinces et au niveau des poids par provinces, ça pose problème. Donc, nous ne pouvons pas accepter parce qu’il y’a tentative de tricherie et nous avons pensé dénoncer cela ça. Nous avons contacté Monsieur Naanga et son camps pour envoyer les chiffres de ce qu’il a fait à l’époque et aujourd’hui ces chiffres-là montrent qu’il n’est pas possible de laisser l’opération continuer sans dénoncé. Si nous ne dénonçons pas maintenant, nous serons aussi complices. Donc, nous les dénonçons pour que déjà Monsieur Naanga, Monsieur Basengezi et tous ceux qui sont là pour aider Kabila se maintenir au pouvoir et sachent que nous savons ce qu’ils sont en train de faire.
<b>Stanys Bujakera</b>