RDC - Kasaï : Le glaçant plaidoyer du Haut-Commissaire Zeid pour obtenir une enquête internationale

<span style="font-weight: 400;">Le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, n’a pas réussi à convaincre le Conseil des droits l’homme réuni à Genève de diligenter une enquête internationale sur les violences dans les Kasaï, d’après le projet de résolution consulté par ACTUALITE.CD. C’est depuis mars que le chef des droits de l’homme de l’ONU réclame la constitution d’une commission d’enquête. Il a lui-même fait le déplacement de la RDC. Il a envoyé dans la région des équipes en plus de celles du BCNDH. Suite aux difficultés d’accès à certains sites et témoins, il a dépêché d’autres équipes en Angola mener des enquêtes auprès des réfugiés ayant fui les atrocités dans les Kasaï. Jugeant insuffisante la réponse de Kinshasa, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein a même usé d’un ultimatum de deux jours pour obtenir un signe de bonne volonté de la part des autorités congolaises dans la recherche de la lumière sur les violences ayant notamment emporté deux experts de l’ONU. A l’ouverture de la 35</span><span style="font-weight: 400;">e</span><span style="font-weight: 400;"> session du Conseil des droits de l’homme à Genève, il a une fois de plus dressé un tableau très sombre de la situation qui nécessiterait une enquête internationale. Dans son discours du 20 juin, il a notamment relevé ce qui suit :</span>
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<li><span style="font-weight: 400;">Des attaques visiblement </span><b>planifiées</b><span style="font-weight: 400;"> extrêmement graves et généralisées à l’encontre de la population civile des provinces du Kasaï.</span></li>
<li><span style="font-weight: 400;">    </span><span style="font-weight: 400;">La création et l’armement d’une milice, </span><b>le Bana Mura</b><span style="font-weight: 400;"> – au prétexte de soutenir les autorités dans leur combat contre la milice Kamwina Nsapu, mais qui a lancé des attaques atroces contre les civils des ethnies Luba et Lulua.</span></li>
<li><span style="font-weight: 400;">    </span><span style="font-weight: 400;">Des enfants âgés d’à peine deux ans dont les </span><b>membres avaient été coupés</b><span style="font-weight: 400;">; de nombreux bébés avec des traces de coups de machette et de graves brûlures.</span></li>
<li><span style="font-weight: 400;">    </span><span style="font-weight: 400;">Près de </span><b>100 patients tués </b><span style="font-weight: 400;">le 24 avril, dans le village de Cinq, dans un centre médical</span></li>
<li><span style="font-weight: 400;">    </span><b>Des unités locales de l’armée et de la police congolaises</b><span style="font-weight: 400;"> auraient participé à certaines attaques de Bana Mura, une milice qui serait dirigée et armée par certaines autorités.</span></li>
<li><span style="font-weight: 400;">Près de </span><b>1,3 million de personnes déplacées</b><span style="font-weight: 400;"> internes, plus de </span><b>30000 réfugiés</b><span style="font-weight: 400;"> enregistrés en Angola, </span><b>42 charniers </b><span style="font-weight: 400;">répertoriés par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme dans les provinces du Kasaï. Et il y en a peut-être davantage. Plusieurs réfugiés ont informé mon équipe qu’ils avaient été forcés à enterrer des victimes dans d’autres fosses communes.</span></li>
<li><span style="font-weight: 400;">   </span><span style="font-weight: 400;">64 % de plus de 5190 violations et atteintes aux droits de l’homme enregistrées avaient été commises par l’armée et la police congolaises. Plusieurs officiers des FARDC actifs dans les provinces du Kasaï étaient soupçonnés d’avoir participé à de précédents massacres dans l’est de la RDC, de 1998 à 2013.</span></li>
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<span style="font-weight: 400;">Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein n’a pas pu convaincre les 47 Etats composant le Conseil des droits de l’homme de la pertinence d’une enquête internationale. Ce, en dépit du soutien manifeste des Etats européens et de l’Union européenne. La délégation congolaise, qui a brandi la carte de la souveraineté, a eu notamment le soutien du bloc africain conduit par la Tunisie.  </span>Le Burundi, par exemple, avait "dénoncé", dans le cas de la République démocratique du Congo, la politisation des droits de l’homme par le Conseil.

<span style="font-weight: 400;">A Kinshasa, l’on parle déjà d’un succès diplomatique. Il reste à savoir comment va réagir le Haut-Commissaire Zeid qui espérait du Conseil une réaction similaire à celles prises vis-à-vis de la situation en Syrie. Si la résolution est votée, il se contentera d'envoyer une équipe d'experts internationaux qui seront chargés de recueillir les informations pouvant aider à déterminer les faits liés aux violences. Les résultats de ce travail devront être présentés aux autorités congolaises dont certaines sont pointées du doigt par les témoignages rapportés par… M. Zeid.</span>