Patrick Muyaya: "il y a déficit de prise en charge de certaines questions à la base de groupes armées"

Le député national Patrick Muyaya (PALU) en séjour à Goma, a, dans une interview accordée à ACTUALITE.CD ce mardi 14 février 2017, invité le gouvernement à étudier les causes profondes et à trouver des solutions durables à la problématique de résurgence des groupes armés dans l’espace Kasaï, les provinces du Nord-Kivu et du Congo Central.

<strong>Qu’est-ce qui expliquerait la résurgence ces derniers jours des groupes armés (M23, Kamuina Nsapu, BDK… ) dans le pays ?</strong>

<em>"De toute évidence il faut regarder quelles sont les causes profondes de cette affaire des groupes armés, c’est peut être là qu’on a pas encore apporté de réponse. Ici dans le Nord-Kivu il y a comme cette forme d’instrumentalisation permanente de certaines causes par les pays voisins d’après les rapports ou les différentes informations qui circulent. Mais le plus important est qu'il y a une forme de déficit de prise en charge de certaines questions à la base. Ça veut dire que les autorités administratives ne sont pas assez outillées pour répondre à certaines questions. Les jeunes ce qui les concerne c’est leur donner de l’emploi, peut être que de ce point de vue là on en a pas assez fait et qu'il faudrait qu'on voit dans quelle mesure on va commencer à donner ces réponses là puisque je crois que ceux qui retrouvent les armes sont peut être ceux qui ont été démobilisés il y a quelques mois et vous ne pouvez pas après avoir été démobilisés retourner aux armes si vous avez été proposés une forme d’alternative. Ça sera peut être l’occasion de faire le point avec nos différents programmes DDR et tout le reste pour voir comment ça impacte effectivement sur ceux qui sont concernés."</em>

<strong>Vous voulez dire que le gouvernement ne travaille pas efficacement pour répondre aux préoccupations des groupes armés ?</strong>

<em>"Non, je ne le dis pas de cette manière mais je crois qu’il y a un effort qui doit être entrepris de manière conjointe entre le gouvernement et les partenaires internationaux notamment dans la démobilisation des forces armées, ce sera peut être le lieu de faire une évaluation pour nous assurer que ce qui était prévu soit effectivement exécuté. Mais je note malheureusement que s’il y avait des gens qui avaient touché des armes,  qui avaient renoncé et qui y retournent ça veut dire qu’il n’ont pas trouvé d’alternative en terme d’emploi. C’est peut être là que nous devons multiplier des initiatives à Kinshasa mais ici aussi au Nord-Kivu que les citoyens s’attellent à donner les réponses à des problèmes de manière durable plutôt que de chercher des solutions conjoncturelles."</em>

<strong>Dans tous ces groupes armés, les jeunes sont majoritaires. Le réseau des jeunes parlementaires peut-il faire une proposition à la prochaine session à ce sujet ?</strong>

<em>"Nous parlons ici de la problématique des groupes armés mais il y a plusieurs problèmes dans l’éducation. Et la catégorie majoritaire de notre population c’est les jeunes (...) C’est dans ce cadre que je suis venu dans le Nord-Kivu pour discuter avec les jeunes de Goma autour de certains enjeux notamment l’enrôlement, le processus électoral et toutes les questions que nous sommes en train d’aborder. L’idée ici est toute simple, ça veut dire que nous les jeunes, c’est maintenant que nous devons agir. Souvent on nous dit, la jeunesse est l’avenir de demain, mais nous pensons que la jeunesse c’est aujourd'hui, c’est maintenant que nous devons agir efficacement. Pour nous qui avons eu l’occasion d’être à l’Assemblée nationale il est important que nous puissions prêcher par. Il sera de notre devoir de nous assurer que les initiatives des jeunes dans ce cadre de l'emploi puissent être prises en compte, de nous assurer que les jeunes ont accès à la santé et à la bonne éducation."</em>

<strong>Qu’avez-vous dit concrètement aux jeunes de Goma ?</strong>

<em>"Nous sommes venus ici pour voir parce que Goma est le bastion de la lutte pour le changement (LUCHA), des jeunes qui ont montré l’exemple en terme de la prise en charge des questions sociales même si il y a eu des extrapolations politiques mais le fond du combat de la lutte pour le changement c’est d’abord « Goma veut avoir de l’eau , Goma veut avoir l’électricité »,... C’était un bel exemple en terme de prise en charge. La meilleure manière de vouloir contribuer au changement du pays c’est de prêcher par l’exemple de ce changement que l’on veut, ou de concourir à ce changement. Et pour concourir à ce changement, ça veut dire dans le choix du leader politique il faut s’engager. Vous pouvez vous engager dans la société civile, dans le parti politique mais vous devez vous engager aussi dans le processus électoral (...) Je pense que nous sommes plus utiles à prendre les responsabilités à la base. Ces responsabilités c’est être bourgmestre, conseiller communal, maire de ville, député provincial… Là ce sont les fonctions qui peuvent nous permettre d’être en contact permanent avec les populations."</em>

<strong>Croyez-vous à l’organisation des élections à la fin de cette année ?</strong>

<em>"Il y a un processus du dialogue qui a conduit à un accord le 31 décembre. Nous attendons ce qu’ils appellent l’arrangement particulier. Malheureusement le Président Etienne Tshisekedi est mort, sa mort va impacter sur tout ce qui était prévu mais c’est un processus qui est irréversible. Aujourd'hui on peut suppoter, on peut tout nous dire mais moi je suis convaincu que le processus électoral va décoller. Il y a une semaine que nous étions en 13 millions d’enrôlés, quelque soit les péripéties, les turbulences qui peuvent être rencontrées dans l’air. je suis sûr que cet avion va atterrir puisqu’il y a une volonté populaire d’arriver au renouvellement de la classe politique, il y a une volonté populaire d’arriver au vote, je ne vois pas comment les politiques pourront faire pour éloigner cette volonté populaire."</em>

Patrick Maki (@PatrickMAMS7)

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